Chaque année au départ de Paris-Roubaix (257,2 km), les mécaniciens des équipes se triturent le cerveau pour trouver le bon équilibre dans la pression des pneus. Leurs coureurs doivent en effet avoir des boyaux «sous gonflés» pour franchir plus aisément les 30 secteurs pavés (54,8 km), éviter les crevaisons et les chutes. Mais ils ont aussi besoin d'une pression suffisante pour parcourir les longues portions goudronnées.
Un juste équilibre à trouver qui ne devait plus vraiment être un problème pour l'équipe DSM. Celle-ci souhaitait équiper ses athlètes d'un nouveau système qui leur aurait permis de changer et gérer la pression des pneus en temps réel, tout en roulant et sans s’arrêter. «Après des années de recherches, la société néerlandaise Scope a mis au point cette technologie baptisée ATMOZ», expliquait la chaîne de télévision belge RTBF cette semaine. «Scope est l’un des partenaires du Team DSM, voilà pourquoi ils auront l’exclusivité et seront donc les seuls à tester le procédé sur Paris-Roubaix.»
On a appris dimanche matin que la Team DSM avait renoncé au dernier moment. Les coureurs n'étaient pas certains de pouvoir tirer avantage d'un matériel jugé encore peu sûr.
Tout était prêt pourtant. Scope avait dû demander l'autorisation à l'Union cycliste internationale (UCI) avant d'équiper les vélos. L'instance faîtière n'y avait rien trouvé à redire puisque le système est disponible à la vente (3 998 euros). Elle avait donc homologué le procédé, qui existe déjà sur des véhicules de rallye-raid, permettant aux pilotes de mieux passer les dunes.
On devrait le retrouver dans le peloton dans les semaines, voire les mois à venir, quand les coureurs en auront adopté toutes les subtilités.
En plein effort, avant de s'aventurer sur les pavés ou sur le bitume, le cycliste pourra actionner deux boutons situés sur son guidon. Un signal sans fil (Bluetooth) sera ensuite envoyé au système permettant d'actionner des valves mécaniques et de faire circuler l’air.
Gonfler ou dégonfler les pneus n'aura jamais été aussi simple, ni aussi instantané. Pour connaître la pression, le coureur n'aura qu'à observer son compteur: elle y sera affichée en temps réel.
La société Scope annonce une révolution dans le cyclisme. Selon elle, augmenter la pression des pneus sur les parties roulantes de Parix-Roubaix permettra aux coureurs d'économiser des watts. «Jusqu’à 30 watts de réduction de la résistance au roulement», promet fièrement la marque.
Sur Paris-Roubaix, les coureurs choisissent d'ordinaire leur pression en fonction des pavés. Ils optent donc pour un réglage allant vers les 3.0 de pression ou moins, et tant pis si ces pneus plus mous que d'ordinaire leur font perdre du temps sur les portions asphaltées. Franchir les pavés avec 5.0 ou 5.5 de pression serait de toute façon trop risqué pour les corps et les machines.
La technologie de Scope permettra aux coureurs qui l'utiliseront à l'avenir d'être hyper efficaces sur tous les terrains...à condition que tout fonctionne comme prévu.
Le système est-il fiable? Peut-il être utilisé sur l'intégralité du parcours? Ne va-t-il pas alourdir le vélo? Comment changer la roue arrière en cas de crevaison? Autant de questions qui interrogent encore le peloton.