Les ultras du FC Sion ont déployé une banderole hostile aux play-off samedi dernier lors du match contre Young Boys au Wankdorf.Image: KEYSTONE
Les play-off en Super League, ce nouveau format qui enflamme le débat
Trois clubs de Super League ont demandé à la ligue de faire marche arrière et de renoncer au play-off. Les tribunes grognent aussi et les internautes s'écharpent sur les réseaux sociaux. Tour d'horizon.
Les play-off verront-ils vraiment le jour en Super League? C'est le débat chaud ces jours dans le foot suisse. Largement adopté en mai dernier par les 20 clubs de la Swiss Football League (16 votes pour et 4 contre), le nouveau format – qui doit rentrer en vigueur dès la saison prochaine – est fortement contesté par officiellement trois clubs et les ultras de plusieurs équipes.
Le FC Zurich, Young Boys et le FC Lucerne ont demandé à la ligue de faire marche arrière. Des banderoles «Non aux play-off» ont été déployées dans plusieurs stades ce week-end. Et le débat fait rage sur les réseaux sociaux et dans les médias du pays. Plusieurs pétitions en ligne contre ce nouveau mode avaient même recueilli plus de 30 000 signatures lundi en fin d'après-midi.
Les fans de Young Boys ont placé sur les sièges des flyers avec QR codes renvoyant à la pétition en ligne contre les play-off, samedi avant le match face à Sion. Image: KEYSTONE
La First Stage voit s'affronter toutes les 12 équipes en matchs aller-retour. Elle comporte donc 22 matchs.
Au terme de cette phase, le championnat est divisé en deux. Les équipes classées 1 à 6 vont dans le «Championship Group», où se jouera le titre. Les équipes 7 à 12 vont dans le «Qualification Group». Dans chacun de ces groupes, les équipes s'affrontent également deux fois, en matchs aller-retour (donc dix matchs chacun au total). C'est la Second Stage.
Après ces 32 rondes, place à la Final Stage. C'est là qu'interviennent les play-off.
Les deux premiers du «Championship Group» (le groupe des six meilleurs) s'affrontent pour le titre dans une série au meilleur des trois matchs. Il faut donc en gagner deux pour être champion. Si nécessaire, chaque partie se termine par des prolongations ou des tirs au but.
8 autres clubs classés 3-6 dans le «Championship Group» et 1-4 dans le «Qualification Group» disputent les «Europe Play-offs», soit la qualif pour les Coupes d'Europe.
Comme au hockey, le classement détermine les affiches (le mieux classé contre le moins bien classé; le deuxième contre l'avant-dernier; etc.) Les quarts de finale et les demi-finales se jouent au meilleur des trois matchs (mode aller-retour) et la finale se joue sur un seul match.
Le dernier du «Qualification Group» est directement relégué en Challenge League. L'avant-dernier dispute un barrage aller-retour contre le deuxième de Challenge League.
Les principaux arguments contre les play-off
Un format injuste et inéquitable: certains s'offusquent par exemple que le titre puisse ne pas récompenser la meilleure équipe sur l'ensemble de la saison ou que le dixième puisse contester une place européenne au troisième. Selon le FC Zurich, il n'est pas juste qu'un titre dépende, sur deux matchs, autant du «hasard, la situation des blessures, les joueurs suspendus, les maladies (Covid), les décisions des arbitres et de la VAR, etc. (qui) peuvent jouer un rôle influent».
Il faut prendre en compte l'avis des fans mécontents: «Ignorer l'avis de nos fans va à l'encontre de notre conception de la manière de traiter avec nos principales personnes de référence», argue le FC Zurich dans son communiqué. De son côté, le président du FC Saint-Gall, Matthias Hüppi, a concédé au micro de la RTS:
«En tant que président d’un club populaire, qui vit une relation très spéciale avec le public, je ne peux pas ignorer ça»
Matthias Hüppi, président du FC Saint-Gall, club qui a pourtant voté oui aux play-off
Il n'y a pas besoin de play-off pour avoir du suspense dans le championnat: les défenseurs de cet argument prennent exemple sur certains championnats étrangers, où le titre et la relégation se jouent parfois lors de la dernière journée. Ça a déjà aussi été le cas en Suisse, notamment pour la relégation et les places européennes.
Les play-offs viennent concurrencer la Coupe de Suisse: les opposants au nouveau format arguent qu'il y a déjà des matchs à élimination directe en coupe, et qu'adopter le même format pour le championnat dévaloriserait celle-ci en la rendant davantage banale.
Les play-offs constituent une rupture avec la tradition: «Pour de nombreux fans, le fait qu'il existe une certaine continuité entre le passé et le présent et que les performances de leurs clubs puissent être comparées au fil des années, du moins dans une certaine mesure, fait partie du charme», argue le texte de l'une des pétitions online.
Les principaux arguments pour les play-off
Ils permettent de redonner de l'intérêt à la Super League: beaucoup de suiveurs estiment que le spectacle du championnat n'est souvent pas au rendez-vous. Amener davantage d'enjeu lors de matchs à élimination directe corrigerait ce problème, selon eux. Ils rappellent que plus il y a de spectacle, plus les sponsors sont attirés.
Ils amènent de la fraîcheur au championnat: un tel format permet davantage de surprises grâce aux matchs à élimination directe. Ses défenseurs se réjouissent de voir une autre équipe que Bâle, YB ou Zurich (les seules titrées depuis 2003 et le début de la Super League) être sacrée. Et des outsiders qualifiés pour l'Europe.
La décision a déjà été votée et validée en mai: c'est fait, c'est trop tard pour revenir en arrière, défendent les pro play-off. Ils ne voient pas pourquoi on reviendrait en arrière après le vote clair de mai dernier.
Revenir en arrière nuirait à la crédibilité du foot suisse et de ses instances: c'est notamment l'avis du directeur sportif du FC Sion, Barthélémy Constantin. «Ce serait un manque de sérieux», tranchait-il au micro de la RTS.
Une formule est faite pour changer: contrairement aux tenants de la tradition, ceux qui défendent les play-off estiment que le conservatisme par nostalgie est inutile, surtout quand il est contre-productif. Christian Constantin fait partie des progressistes. Le président du FC Sion est d'avis que les play-off «ne sont pas contraires à l’esprit du sport. Chacun aura les mêmes chances d’y participer».
Les ultras de Young Boys ne sont pas du tout emballés par les play-off.Image: KEYSTONE
Les alternatives proposées par les opposants aux play-off
Le modèle écossais
C'est celui qui est plébiscité par les opposants. Il se dispute en deux phases et, comme la Suisse, comprend douze équipes. Nombre total de matchs pour chaque équipe: 38, dont 19 matchs à domicile, dans certains cas 18 ou 20.
Les 12 équipes s'affrontent chacune 3 fois, pour un total de 33 tours. La moitié des équipes joue un match à domicile de plus que les autres.
Le championnat est ensuite divisé en un groupe de champions (places 1-6) et un groupe de qualification (places 7-12). Les points sont repris.
Dans chacun des groupes, les équipes jouent une fois contre chacune (total de cinq tours). Si possible, le déséquilibre de matchs à domicile de la première phase est compensé. Le premier du meilleur groupe est champion. Le dernier du second groupe est relégué.
En résumé: 38 matchs par équipe, dont 19 matchs à domicile, dans certains cas 18 ou 20.
Le message est également clair à Saint-Gall. image: tagblatt.ch
Le modèle autrichien:
Il comprend des play-off, «mais dans une version beaucoup plus douce. Seule une des trois places de la Coupe d'Europe est en jeu», précise la pétition en ligne contre les play-off. Lui aussi compte douze équipes. Le championnat se joue en deux phases principales:
Les 12 équipes s'affrontent 2 fois (total de 22 tours) dans cette première phase qualificative.
Le championnat est ensuite divisé en un groupe de champions (places 1-6) et un groupe de qualification (places 7-12). Les points sont divisés par deux.
Dans chacun des groupes, les équipes jouent deux fois contre chacune (total de dix tours). Le premier du premier groupe est champion. Le dernier du second est relégué.
Phase 3 (concerne uniquement trois équipes): le premier et le deuxième du second groupe jouent un match de barrage. Le vainqueur affronte le cinquième du premier groupe dans une série au meilleur des trois matchs pour la dernière place qualificative en Conference League (Coupe d'Europe).
En résumé: 32 matchs pour 9 équipes, 33 pour deux équipes, 34 pour une équipe, dont 16 à 18 matchs à domicile.
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