Ceux qui ont l'habitude de faire leur footing dans les vastes espaces arborés de Vidy, au sud de Lausanne, passent tout près du stade Juan Antonio Samaranch. Ils sont nombreux pourtant à ne pas savoir qui était vraiment le personnage ayant donné son nom à l'enceinte en 2001, et plus encore à ignorer que deux jeunes se sont mis en tête de débaptiser l'endroit.
C'est Lausanne Cités qui a révélé l'affaire dans son édition de mercredi dernier. Le quotidien 24 Heures en a parlé lui aussi samedi en donnant la parole à Karl Voggensperger (27 ans) et à son frère, à l'origine d'une très sérieuse requête qu'ils s'apprêtent à adresser au Conseil communal.
C'est vrai: président du Comité international olympique pendant 21 ans, soit de 1980 à 2001, le dirigeant barcelonais était aussi «un franquiste pur sucre», comme l'a décrit un jour Le Monde. De fait, Samaranch a servi le dictateur Franco du mieux qu'il a pu pendant 25 ans, grâce notamment à ses nombreux mandats politiques. Il a aussi adhéré à la Phalange, la fraction fasciste du Movimiento, en 1955, et a été immortalisé agenouillé devant Franco, prêtant serment en uniforme du Mouvement.
Lausanne connaissait-il ce passé peu glorieux lorsqu'il a baptisé le stade de Vidy en 2001? Absolument. «Sa proximité avec le régime franquiste était tout à fait connue, assume Jean-Jacques Schilt (syndic de l'époque) dans 24 Heures. C’était une partie du personnage, et il y a eu des discussions, mais il y avait aussi tout ce qu’il a fait pour la ville de Lausanne (...) Juan Antonio Samaranch a été le premier président du CIO à s’installer à Lausanne, à un moment où l’organisation menaçait de partir. Il a investi massivement et il en a fait la capitale olympique.»
L'Executif de Lausanne ne s'est pas encore prononcé sur la requête de Karl Voggensperger et de son frère, qui sont bien décidés à donner un autre nom aux souvenirs de leurs parties de football dans le stade de Vidy lorsqu'ils étaient enfants.