Un penalty sur trois a été manqué lors de la Coupe du monde au Qatar. Une faiblesse passagère? Pas du tout. Plutôt une tendance marquée, révélée cette semaine par La Gazzetta dello Sport, chiffres à l'appui.
Après 23 matchs cette saison dans le championnat italien, seuls 77,27% des penaltys accordés ont été convertis, soit 51 sur 66. «Le quota n'a jamais été aussi bas au cours des cinq dernières années», écrit le quotidien rose, qui prend soin de ses lecteurs. Ceux-ci ne doivent pas se sentir seuls: la baisse de réussite est aussi valable dans les quatre autres grands championnats.
Plusieurs paramètres permettent d'expliquer pourquoi les tireurs sont de plus en plus souvent en situation d'échec dans les grandes divisions. Le premier, bien sûr, c'est l'importance croissante accordée par les staffs à l'exercice. C'est d'ailleurs parce que Yann Sommer avait travaillé les pénaltys avant le Suisse-Italie de septembre 2021 qu'il a repoussé la tentative de Jorginho.
Le portier suisse avait remarqué à la vidéo que l'Italien avait pour habitude de faire un petit saut juste avant de frapper. «Cette pause permet au tireur de ralentir sa course d’élan et de lire ce que le gardien va faire, a par la suite expliqué Patrick Foletti, entraîneur des portiers de la Nati, à nos confrères de Blick. Nous avions évidemment repéré cela durant notre préparation du match. Yann est parvenu à ne pas bouger jusqu’au dernier moment pour le perturber.» Le Suisse a fait semblant de partir sur sa droite avant de stopper le ballon à gauche.
Sommer trouvé la technique pour contrer Jorginho sur penalty
— Arnaud - SLZ (@Le_Neversois) September 5, 2021
Jorginho utilise son saut de cabri pour regarder où part le gardien et ainsi tirer de l'autre côté. Donc, Sommer a fait mine de partir d'un côté pour finalement aller de l'autre côté. pic.twitter.com/XAKgtLTa0E
Les gardiens qui préparent l'exercice avec sérieux augmentent leurs chances de stopper les envois aux 11 mètres, et entrent ainsi dans la tête des attaquants avant même que ceux-ci ne prennent leur élan pour frapper. Ils partent ainsi avec un avantage dans cet exercice hautement psychologique. Celui que n'a pas eu Hugo Lloris en finale de la Coupe du monde.
Le gardien français, encouragé par son sélectionneur Didier Deschamps, a estimé qu'il n'était pas nécessaire de préparer la séance des tirs au but à l'entraînement. Il l'a payé cher puisque la France a été battue par les Argentins après que Lloris n'a pas repoussé une seule frappe adverse aux 11 mètres.
La plupart de ses collègues se préparent assidûment, ce qui explique leur pourcentage d'arrêts toujours plus grand. Surtout qu'il n'existe plus beaucoup de spécialistes du coup de pied au point blanc. Les Van Basten, Maradona, Matthäus, Ronaldinho, Ibrahimovic ou Balotelli ne brillent plus dans les surfaces. Même ceux qui en tirent beaucoup ont l'habitude d'en manquer. Lionel Messi s'est par exemple présenté 140 fois face au gardien; il a raté 31 de ses tentatives (77,86% de réussite) ce qui en fait un tireur moyen du championnat de France —où, rappelons-le, le pourcentage atteint les 77,3%.
La dernière fois que l'Argentin a manqué un penalty, c'était le 30 novembre dernier face à Wojciech Szczesny en Coupe du monde.
Si le gardien polonais est aussi doué dans l'exercice (ses adversaires n'ont converti que 70% de leurs opportunités face à lui), c'est grâce au travail d'analyse effectué avec Claudio Filippi, l'entraîneur des portiers de la Juventus. «Un penalty, ce n'est pas une question d'émotions mais de préparation», soutenait récemment l'international qui, par sa philosophie et son talent, est un des témoins de son époque.