La première mi-temps de France-Espagne venait de se terminer dimanche, le score était encore de 0-0, mais le scénario disait autre chose. La Roja avait le pied sur le ballon et la main sur le jeu. Surtout, elle avait Gavi.
Le milieu de terrain espagnol avait régalé pour sa 2e sélection seulement avec la Roja. La suite allait être moins réjouissante pour la pépite (défaite 2-1), mais rien n'est venu gâcher la formidable impression laissée par ce pur produit de la Masia, le célèbre centre de formation catalan.
Gavi a 17 ans et il fait des choses (orientation du corps pour recevoir le ballon, déplacement dans les espaces pour être une solution, lecture des actions) que certains mecs avec 15 ans d’expérience ne savent même pas qu’elles existent.
— Football Tactique (@FTactique) October 10, 2021
Intelligent, technique, élégant et autoritaire, Pablo Martin Paez Gavira, dit «Gavi», avait déjà été éblouissant face aux Italiens mercredi, dans un stade (San Siro) qui impressionne et face à des adversaires non moins spectaculaires (il évoluait dans la même zone que le trio sur lequel Mancini a bâti le sacre de la Squadra Azzurra cet été: Barella, Jorginho et Verratti). L'adolescent avait quitté le terrain avec des statistiques folles: 89% de passes réussies, dont 94% dans le camp adverse.
Gavi a laissé une trace sur la pelouse milanaise (en demi-finale comme en finale) autant que dans l'esprit des observateurs. Mais ils sont encore peu nombreux à connaître le prodige. Présentation. ⤵️
Le natif de Los Palacios y Villafranca, en Andalousie, est passé par le Betis avant de rejoindre le centre de formation du FC Barcelone à l'âge de 11 ans. Il a très vite grandi jusqu'à sa première titularisation avec l'Elite cet été. Mais son chemin aurait pu être bien différent. La radio espagnole Cadena SER a révélé qu'une équipe britannique, dont le nom n'est pas cité, aurait offert un salaire de 5 millions d'euros au joueur alors qu'il n'avait que 16 ans. Un contrat que Gavi a poliment décliné, préférant poursuivre son apprentissage chez les blaugranas.
Gavi se distingue par une aisance du pied droit comme du pied gauche.
The kid is good
— FC Barcelona (@FCBarcelona) September 8, 2021
😍 Gavi pic.twitter.com/1vzNMms1Hf
Une caractéristique rare au plus haut niveau, aperçue chez des joueurs comme Santi Cazorla, Camel Meriem, David Villa, Diego Forlan, Ousmane Dembélé, Pavel Nedved ou encore Cristiano Ronaldo.
À 17 ans et 62 jours, Gavi est devenu, mercredi dernier face à l'Italie (2-1), le plus jeune joueur à porter le maillot de l'équipe d'Espagne. «C'est totalement anormal d'avoir un footballeur avec sa personnalité et ce jeu à 17 ans. Il joue comme s'il était dans son salon», lui a rendu hommage Luis Enrique.
Le record de précocité était détenu par Angel Zubieta depuis 1936: il avait disputé un match amical à 17 ans et 284 jours contre la Tchécoslovaquie à Prague.
C'est une anecdote que raconte L'Equipe dans son édition du 6 octobre et qui permet de comprendre pourquoi Gavi, qui joue au milieu de terrain, porte le numéro 9.
«En équipe nationale, les numéros de maillots sont octroyés selon le nombre de sélections, rapporte le quotidien français. Le joueur le plus capé, qui est toujours le capitaine, choisit le sien, puis c'est au tour du 2e, et ainsi de suite, jusqu'au petit nouveau, qui prend le maillot qu'il reste. Luis Enrique n'ayant pas convoqué de pur avant-centre dans sa liste, personne n'a choisi le 9, et c'est ainsi que Gavi a endossé ce maillot.»
Gavi admire les qualités de Marco Verratti, et ce sera bientôt réciproque.
C'est pourtant à un ancien barcelonais que le jeune andalou est le plus souvent comparé. Sa vision du jeu et sa capacité de percussion rappellent furieusement Andres Iniesta, le vrai Ballon d'or 2010, que Luis Enrique avait un jour érigé au rang de «patrimoine de l'humanité».
Selon le quotidien catalan Sport, les dirigeants du FC Barcelone auraient décidé de blinder l'avenir de leur numéro 30, dont le contrat (assorti d'une clause libératoire de 50 millions d'euros) expire en 2023. «L'objectif serait de le prolonger autant que la loi concernant les joueurs mineurs le permet, soit jusqu'en 2026, et dissuader les potentiels prétendants avec une clause estimée à 500 millions d'euros», annonce le journal, cité par Footmercato. Des contacts informels auraient déjà été établis avec son agent Iván de la Peña.