Ils se sont donné rendez-vous comme de vieux potes, le week-end de l'Ascension sur la Côte d'Azur, où Platini possède une maison de vacances. Darius et Michel. L'ancienne vedette de la RTS et celle de l'UEFA, deux réputations froissées par des affaires (Rochebin a été blanchi, au contraire de Platini) qui ont ralenti leur carrière sans pour autant les tuer médiatiquement: le premier fait toujours de la télévision, le second cause toujours ballon rond. C'est justement pour ça que Darius Rochebin a invité «Platoche» hier soir (coup d'envoi de l'émission à 20h10) sur LCI.
L'émission s'ouvre sur un éloge du présentateur envers son invité, une «figure nationale», une «légende vivante du football», pas venue sur la chaîne pour parler de la pluie et du beau temps (LCI a son propre service météo). Darius assène sa punchline: éloignez les enfants, «Michel s'exprimera sur tous les sujets du moment».
Bon, il n'est pas question non plus de la Biélorussie ou du vaccin AstraZeneca. Mais plutôt de Kylian Mbappé, la star du PSG et de l'équipe de France. «Il a tout: il va vite, il a les deux pieds, il est costaud. Il a un démarrage foudroyant. Il en a là-dedans», résume le Français, qui sait que l'Euro approche et que c'est le dernier moment pour changer d'avis. Il y a deux ans, Michel était moins tendre avec le tout frais champion du monde.
L'attaquant, c'est vrai, a progressé. Son association avec Karim Benzema en équipe de France réjouit évidemment Michel, mais Darius l'emmène sur un autre terrain, plus instable: la polémique née du silence du joueur français lors de la Marseillaise.
Michel est-il choqué que Benzema ne chante pas l'hymne français? Le Français de 65 ans maîtrise le sujet. Il répond sans ambigüité:
Michel ne s'est jamais vraiment reconnu dans cet «hymne guerrier qui n'a rien à voir avec le jeu». Il le disait déjà dans une vidéo diffusée sur YouTube en 2018.
Pour aller au bout de l'idée, Darius l'interroge: «Si vous jouiez maintenant, vous ne la chanteriez pas?» Son invité botte en touche. «C'est différeeeeent. On est 30 ans après. Si je ne la chantais pas, je me ferais peut-être critiquer alors que dans le passé, tout le monde s'en foutait.»
L'interview dure presque une mi-temps. Les deux hommes jouent la plupart du temps dans le même camp, ce qui est souvent ennuyeux, parfois amusant. Comme lorsque le présentateur ressort un article signé par Florent Barraco dans Le Point: «Platini, c'est une gueule d'ange d'abord (...), un regard doux, chambreur et rageur, un visage enfantin marqué par un sourire carnassier et une allure mi-passive, mi-féline». Michel en est tout retourné. Et balbutie: «Il n'a pas tout à fait tort.» (silence gênant).
Quand la plume de @FlorentBarraco1 fait (presque) rougir le monument Michel Platini 👏 pic.twitter.com/FxVRLSR8oi
— Olivier Pérou (@OlivierPerou) May 24, 2021
C'est qu'il faut être sympa avec Michel, qui a certes eu «une vie exceptionnelle» mais qui a aussi souffert des poursuites judiciaires contre lui ces dernières années.
Le natif de Joeuf, dans l'est de la France, estime n'avoir pourtant rien à se reprocher.
Il en a bavé, «mais pas plus de deux semaines.» A-t-il pleuré? Même pas. «Je suis un dur. Un vrai.» Bim. Prends-ça Luis Suarez.
Les larmes de Luis Suarez après le titre de l'Atlético Madrid :"Le Barça m'a sous-estimé et l'Atlético m'a ouvert ses portes. Je serai reconnaissant à vie envers ce club de m'avoir fait confiance" 👏👏 pic.twitter.com/0t8i1Az8FD
— Total Foot (@TotalFoot_) May 23, 2021
Des questions qui fâchent, il y en a tout de même au cours de l'interview diffusée sur LCI, mais elles sont toujours habilement enrobées de compliments.
Pas de doute: Darius sait poser les questions. Mais Michel sait aussi très bien répondre, c'est-à-dire choisir les sujets sur lesquels il prendra position. En voici quelques-uns:
Darius acquiesce, prend congé et conclut par un vibrant: «Merci Michel!»
Y'a pas à dire: la réouverture des terrasses, c'est vachement bien pour retrouver les copains.