Steven Zuber est arrivé cet hiver au FC Zurich depuis l'AEK Athènes, mais la Zürcher Südkurve lui a poliment fait comprendre d'aller se faire voir chez les Grecs.
Les ultras du FCZ persistent et signent: ils ne veulent pas de l'international suisse (56 sélections) dans leur club. Ils l'ont encore fait savoir ce dimanche contre Yverdon (victoire 1-0), quand ils ont déroulé cette banderole en plein match:
Si le milieu n'a pas marqué lors de cette première apparition avec le FC Zurich, ce n'est pas parce qu'il a été découragé par ce message hostile. Sans être transcendant, le numéro 17 a livré une prestation solide en mouillant le maillot et créant plusieurs fois le danger dans la défense adverse.
«Je l'aimais mieux sur le côté gauche», a toutefois avoué son coach, Ricardo Moniz, en comparant la prestation de Zuber face aux Nord-Vaudois avec les matchs de préparation. Dimanche, le technicien néerlandais avait choisi d'aligner le natif de Winterthour – qui a disputé toute la rencontre – en milieu axial.
Si les ultras zurichois préféreraient, eux, ne voir nulle part sur la pelouse la nouvelle recrue, c'est à cause de son passé. Car Steven Zuber est un gamin de Grasshopper, le grand rival, qui partage la même ville (et le même stade depuis 2007, au grand dam d'ailleurs des fans de GC).
Le buteur du fameux Suisse-Brésil (1-1) au Mondial 2018 a été formé à GC et y a fait ses débuts pros en 2008. Au total, il a disputé 146 matchs avec les Sauterelles, avant de faire le grand bond pour l'étranger et le CSKA Moscou en 2013. Depuis, il n'était plus revenu dans le championnat suisse.
Le mois dernier, quand l'international helvétique avait annoncé son arrivée au FC Zurich sur ses réseaux sociaux, il avait été la cible de propos haineux de la part de fans de Grasshopper qui ont vécu ce transfert comme une trahison.
Ils se sont étranglés une deuxième fois en constatant que Zuber avait supprimé, dans la foulée, une publication pro-GC qu'il avait publiée en 2019 sur Instragram. Alors joueur d'Hoffenheim en Allemagne, il avait compati avec son club formateur, relégué en Challenge League, en publiant une photo de lui avec le maillot de GC et en écrivant notamment:
Si elle visait sans doute à ménager la susceptibilité des supporters de son nouveau club et, ainsi, à se faire bien accueillir par eux, la démarche de Steven Zuber a été vaine. Pire: elle s'est retournée contre lui.
Le 15 décembre, lors du match suivant l'annonce de son arrivée, la Südkurve, jamais à court de répartie, répondait avec quelques noms d'oiseaux pour son futur joueur et deux banderoles. Sur la première, on pouvait lire ce qu'avait écrit l'international sur Instagram («"Eimal Hopper, immer Hopper" - S. Zuber (mai 2019)») et sur la seconde, une référence au fait que le passé pouvait être supprimé uniquement sur Instagram.
Après sa maladresse de com', l'ex-Athénien prend désormais la situation avec philosophie. Et, en habile diplomate, il veille à ce que plus aucun fan zurichois (de GC ou du FC Zurich) n'avale son émincé de veau de travers en pensant à lui. Un exemple? Ses paroles lors de sa présentation officielle au FC Zurich début janvier:
Interpellé par blue Sport après le match de dimanche sur cette nouvelle banderole hostile, le footballeur aux nombreux tatouages s'est refusé à toute réaction épidermique. Il a réitéré son discours pacificateur.
Au FCZ, il bénéficie au moins d'un soutien. Et c'est le plus important: celui de son président, Ancillo Canepa. L'homme à la pipe en a ras-le-bol de ces querelles de clocher, comme il l'a fait savoir plusieurs fois. «Nous ne vivons plus au siècle dernier. Un bon joueur est un bon joueur, qu'il ait joué à GC, à Bâle ou YB», a-t-il notamment pesté.
Le boss en a remis une couche après la victoire contre Yverdon:
Reste à savoir si son message passera auprès de la Südkurve. On espère en tout cas pour les ultras du FCZ qu'ils ont suffisamment de tissu en stock au cas où ils se rappelleraient tout à coup qu'outre Zuber, leur club de cœur emploie actuellement plusieurs ex-Hoppers. A commencer par le coach, Ricardo Moniz, ancien directeur du centre de formation de GC (2001 à 2005). Ou encore le directeur sportif, Milos Malenovic, ex-attaquant des Sauterelles dans les années 2000.
On imagine aussi volontiers que si le FC Zurich – actuel 6e de Super League, à seulement deux points du leader, Lugano – est champion de Suisse à la fin de la saison, les vieilles rancunes de ses ultras contre Steven Zuber se dissiperont dans le ciel du Letzigrund aussi vite que la fumée de la pipe de Canepa.