Dans les années 80, les joueurs de l'équipe de Suisse ne connaissaient ni l'Euro, ni la Coupe du monde. Nous étions au milieu d'une période noire. En fait, la Nati a manqué tous les tournois majeurs entre le Mondial 66 et celui organisé aux Etats-Unis en 1994. Mais une phase en particulier illustre encore mieux ce grand désert: du mois d'avril 1985 à mai 1986, l'équipe nationale, composée notamment de Geiger, Herrmann et Egli, n'a pas gagné le moindre match en neuf rencontres. Cette série a sonné le glas de l'entraîneur culte Paul Wolfisberg.
La sélection actuelle n'en est pas encore là. Depuis le match nul 1-1 en Irlande du Nord vendredi, il n'y a «que» huit parties consécutives sans succès. Cela a commencé par la défaite aux tirs au but en quart de finale de l'Euro contre l'Angleterre, et s'est poursuivi par l'échec total en Ligue des nations à l'automne. Avant donc ce terne résultat en Irlande du Nord, pour ouvrir l'année 2025 comme nous avions terminé la précédente.
Il ne faut bien sûr pas appliquer le même regard sur les huit rencontres. Perdre in extremis contre l'Angleterre, future finaliste de l'Euro, est tout sauf une honte. Il en va de même pour les défaites en Ligue des Nations contre l'Espagne, championne d'Europe en titre. En revanche, les succès manqués contre le Danemark, la Serbie et désormais l'Irlande du Nord en amical peuvent être comptabilisés dans la catégorie «objectif non atteint».
Il est clair qu'aucun membre de la Nati, qu'il soit du staff ou joueur, ne souhaite participer à une série aussi médiocre. Surtout quand celle-ci menace de devenir historique. Si la Suisse ne gagne pas mardi à Saint-Gall contre le Luxembourg, Murat Yakin et ses joueurs seront comparés, du moins par les statistiques, à leurs homologues des sombres années 80. Personne ne peut souhaiter cela.
Il est tout aussi clair que huit matchs consécutifs sans victoire reflète des carences. En Irlande du Nord, elles se sont manifestées dans tous les secteurs, ce qui a souligné une fois de plus la dépendance totale de l'équipe à son capitaine Granit Xhaka, absent. Le fait que Murat Yakin ait parlé d'une «entrée réussie» en 2025 après ce nul 1-1 à Belfast a irrité tous ceux qui ont suivi le match.
Ces paroles sont typiques du sélectionneur, qui n'accorde que peu ou pas d'importance aux résultats des matchs amicaux. Il ne se concentre que sur ce qui compte véritablement. La preuve, l'attitude de la Nati avant le Championnat d'Europe des nations laissait présager le pire. Finalement, l'équipe de Suisse a validé une qualification historique pour les quarts de finale. Il en va de même en 2025. Pour le technicien, seuls les six matchs des éliminatoires pour la Coupe du monde, prévus à l'automne, sont primordiaux. C'est lors de ces rencontres qu'il y aura quelque chose à jouer, et que l'on saura si la Suisse va au Mondial, et si elle y va avec Murat Yakin.
D'ici là, les résultats ont une importance moindre pour lui. Même si, en cas de défaite contre le Luxembourg, ce qui serait une immense contre-performance, il sera critiqué et comparé à Wolfisberg. De toute évidence, Murat Yakin va poursuivre sur sa lancée et continuer imperturbablement son casting. Probablement avec Yvon Mvogo dans les buts et le nouveau venu Lucas Blondel sur le côté droit. Albian Hajdari devrait également faire sa première apparition en équipe nationale. Tant pis si l'équipe de Suisse perd.