Quatre nouveaux éléments ont intégré il y a quelques jours les rangs de la Nati: Alvyn Sanches, Lucas Blondel, Isaac Schmidt et, le plus inattendu de tous, Stefan Gartenmann.
Né et élevé au Danemark (son grand-père thurgovien a émigré en Scandinavie au siècle précédent pour y faire du fromage), le défenseur a récupéré la semaine dernière son passeport suisse. Il évolue actuellement dans le club de Ferencvaros, après avoir bourlingué en Ecosse et aux Pays-Bas, ainsi que dans son pays de formation.
Sur le papier, l'histoire semblait belle. Or sur le terrain, à Belfast ce vendredi, Gartenmann a eu toutes les peines du monde à convaincre. Mis sous pression d'entrée sur ses premières touches de balle, il a été fautif sur l'action précédant l'ouverture du score (16e), puisqu'il a provoqué un coup-franc à l'entrée de la surface de réparation, après avoir mal jugé un long ballon et été battu à la course. Isaac Price n'a pas manqué de transformer le coup de pied arrêté obtenu par son équipe.
Stefan Gartenmann était encore aux abonnés absents dix minutes plus tard, quand Lee Bonis a filé seul dans l'axe, uniquement repris par Cédric Zesiger, plus en jambes aux côtés de l'ancien international espoirs du Danemark. Le défenseur central de Ferencvaros a aussi manqué un contrôle (31e), ses premières relances en profondeur et une intervention juste avant la mi-temps, dribblé par son vis-à-vis. Ses appuis ont également surpris, tout comme son alignement.
En fait, Gartenmann a fait du Gartenmann, et a joué comme il s'était décrit plus tôt dans la semaine. «Je ne suis pas un beau footballeur. Je ne suis ni particulièrement rapide ni particulièrement fort techniquement. Je suis un défenseur "old school", on peut le dire. Je sais être dur et tenir les duels. Mon agent dit de moi que je ressemble à Jaap Stam. Ça n'a pas l'air beau comme ça, mais c'est efficace», a-t-il déclaré en conférence de presse. En outre, Murat Yakin a dit de lui qu'il était un leader et oui, Stefan Gartenmann a régulièrement parlé et gesticulé durant la partie, comme pour motiver les troupes.
Le joueur n'est certainement pas un mauvais défenseur et peut plaider les circonstances atténuantes pour justifier ses errances. Après tout, cette première en équipe de Suisse reste spéciale, surtout pour un homme qui n'imaginait pas défendre les couleurs helvétiques il y a encore quelques mois. Il connaît aussi encore mal ses coéquipiers et leurs caractéristiques. Autrement dit, il manque les automatismes. D'ailleurs, malgré deux nouvelles interventions peu académiques, Gartenmann a montré un meilleur visage en deuxième période. Le natif de Roskilde a non seulement été trouvé sur corner, mais en plus, il a ajusté ses balles en profondeur. Il est finalement le Suisse qui a le plus touché le cuir (160).
Stefan Gartenmann n'a toutefois pas rassuré et c'est en toute logique qu'il a reçu la note de quatre ce samedi matin dans les éditions de CH Media, groupe auquel watson appartient. Si le joueur ne peut pas être réellement incriminé, compte-tenu du contexte et de ses limites, sa convocation par Murat Yakin, elle, interroge.
Il est vrai que les matchs amicaux servent à tenter des choses et faire des essais. Mais la Nati a-t-elle réellement besoin de sélectionner un défenseur évoluant dans le championnat hongrois, et que le Danemark n'a jamais appelé chez les A? Rappelons que malgré la défaite contre la bande à Dolberg et Eriksen à l'automne dernier en Ligue des Nations, la Suisse devance toujours d'une place les Dynamites danoises au classement FIFA. Convoquer Gartenmann alors qu'il n'y a pas réellement de pénurie à son poste ne fait aucun sens.
Surtout que le défenseur est âgé de 28 ans et ne représente déjà plus l'avenir. Cette rencontre amicale est en fait une occasion manquée. Celle qui pouvait permettre de lancer dans le grand bain un espoir ou de redonner confiance en sélection à Nico Elvedi, titulaire à Gladbach et resté à la maison pour ce premier rassemblement de l'année.