Fabio Celestini était présent lorsque le Servette FC célébrait, le 2 juin 1999, son 17e titre de champion de Suisse, le dernier remporté par un club romand. Ce jour-là, il avait ouvert le score pour Lausanne. Mais Servette s’était finalement imposé 5-2 lors de cette dernière journée de championnat, dépassant ainsi Lausanne, alors leader, et coiffant GC, à égalité de points. Le LS de Celestini, lui, avait dû se contenter de la troisième place.
26 ans et deux faillites plus tard, le titre est de nouveau à portée de main pour les Genevois. Deuxièmes derrière le FC Bâle, ils peuvent complètement relancer la course au titre en Suisse, en cas de victoire dimanche dans un Parc Saint-Jacques à guichets fermés. «Ce match à Bâle est décisif», a affirmé l’entraîneur du Servette FC Thomas Häberli dans le podcast Anderi Liga.
A 51 ans, le technicien ne ressent aucune pression. «L’avantage de ce format, c'est que beaucoup peuvent jouer de manière libérée. Certains visent l’Europe, d’autres s'attaquent au leader», poursuit-il. Mais il ne s'autorisera à rêver qu'après une éventuelle victoire contre son ancien employeur. Thomas Häberli a en effet défendu les couleurs du FCB comme joueur (six mois en 2000, huit apparitions), avant d'entraîner les juniors de 2013 à 2019.
A Genève, le technicien a repris les rênes de l’équipe il y a un an, succédant à l’actuel directeur sportif René Weiler. Selon la Tribune de Genève, son contrat sera prolongé si Servette termine au moins à la 4e place, synonyme de qualification européenne.
Le club genevois, dont le budget salarial avoisine les 25 millions de francs, a effectivement besoin des revenus issus de la Coupe d'Europe. Car malgré le soutien de la Fondation Hans Wilsdorf, il ne peut se permettre d'importantes folies sur le marché des transferts. «Nous devons augmenter nos recettes l’an prochain et réduire nos dépenses», a expliqué le président Hervé Broch en présentant ses résultats financiers. Le budget ne sera revu à la hausse que si une qualification permet de générer des revenus supplémentaires.
Si Servette est bien parti pour accrocher le Top 4, le titre est-il réellement envisageable? Pas sûr! Les Genevois doivent se passer de leur capitaine Steve Rouiller dans ce sprint final. Victime d’une blessure au genou, il sera encore absent au moins trois semaines. En outre, Julian von Moos et Théo Magnin figurent également sur la liste des blessés du deuxième de Super League et pourraient ne pas rejouer d’ici la fin de la saison.
L’issue de cet exercice pourrait aussi dépendre du cas Dereck Kutesa. Or le meilleur buteur du club n’a plus marqué depuis sa réalisation inscrite contre le FC Bâle le 9 février, un match qu’il avait fait basculer après son entrée à la mi-temps. Depuis, il s’est fait dépasser au classement des buteurs par Xherdan Shaqiri, que toute la Suisse encense ces dernières semaines. La crise est telle que lors du dernier match du Servette FC, gagné 2-1 contre Lucerne, Kutesa a débuté la partie sur le banc. C’est le jeune Keyan Varela, 19 ans et formé au club, qui a été titularisé.
Kutesa, qui avait rejoint le FC Bâle en 2015 (sept apparitions, aucun but), avant d’être prêté à Saint-Gall puis à Lucerne, quittera Servette à la fin de la saison, libre de tout contrat. Des discussions sont en cours avec plusieurs clubs étrangers. S’il parvient à retrouver son efficacité lors de ses cinq derniers matchs, Servette disposerait d’un bel atout. Mais on est en droit d'en douter.
En fait, le seul réel avantage des Genevois dans la course au titre se trouve dans le calendrier. Le Servette FC disputera encore trois matchs à domicile, contre deux pour Bâle: merci les limites du format écossais. Problème, la rencontre la plus importante, celle face à Bâle dimanche dès 16h30, se jouera à l'extérieur. Plus tard chez eux, les Grenat recevront YB une troisième fois cette saison, puis Lugano, avant de conclure leur saison par la réception du Lausanne-Sport, comme en 1999.
Pour espérer revivre le même scénario, Servette devra toutefois enchaîner une série de victoires comparable à celle de février, quand le club avait signé cinq succès consécutifs. Depuis, les Genevois n’ont engrangé que sept points en six matchs, alors que Bâle a justement remporté ses six dernières rencontres. La marche paraît tout simplement beaucoup trop haute.