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Darwin Núñez, la nouvelle star de Liverpool

L'Uruguayen Darwin Núñez est le nouvel attaquant de Liverpool.
L'Uruguayen Darwin Núñez est le nouvel attaquant de Liverpool.IMAGE: KEYSTONE

Darwin Núñez, de la misère en Uruguay à nouvelle star de Liverpool

Le nouvel attaquant uruguayen des Reds a claqué un quadruplé en amical face à Leipzig jeudi. Mais avant de briller en Europe, le Sud-Américain recruté pour 100 millions d'euros a connu de nombreuses galères.
22.07.2022, 13:56
jONATHAN AMORIM
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Neuf jours après avoir été moqué sur les réseaux sociaux pour sa prestation décevante en amical contre Manchester United (4-0), Darwin Gabriel Núñez Ribeiro a rappelé quel grand attaquant il était: entré en jeu à la mi-temps contre Leipzig, il a inscrit un quadruplé qui a permis à son équipe de l'emporter 5-0 en Allemagne.

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Le joueur de la Celeste s'était déjà fait un nom la saison dernière au Benfica Lisbonne, grâce à ses performances en championnat (26 goals) et le joli parcours de son équipe en Ligue des champions (six buts pour Darwin). En signant à Liverpool contre 100 millions d'euros, il a pris une nouvelle dimension. Et c'est peu dire que le Sud-Américain a galéré dans la vie avant de devenir une star du ballon rond.

Une enfance dans la pauvreté

Darwin Núñez voit le jour le 24 juin 1999 à Artigas, une petite ville de 40 000 habitants du nord de l'Uruguay, à la frontière avec le Brésil. Il grandit dans une famille pauvre, avec ses parents et son frère. Récemment, dans une interview pour Uefa Eleven Sports, le nouvel attaquant de Liverpool se remémorait la ville de son enfance:

«C'est une ville que je porterai toujours dans mon cœur, c'est là que je suis né et que j'ai grandi. Lorsque la cloche de l'école sonnait, j'avais toujours le ballon à côté de ma chaise et je courais jouer avec mes camarades de classe»
Darwin Núñez
A quelques kilomètres près, Darwin Núñez aurait peut-être joué pour la Seleçao.
A quelques kilomètres près, Darwin Núñez aurait peut-être joué pour la Seleçao. image: keystone

Son quotidien n'est pas toujours aussi simple. Le père, maçon, et la mère, qui ramasse des bouteilles dans la rue, peinent à joindre les deux bouts. La faim guette mais le jeune Darwin ne se couche pas le ventre vide, contrairement à sa maman, Silvia:

«Quand il y avait un manque de nourriture, ma mère nous donnait la sienne. J'ai toujours dit que si je devenais footballeur professionnel, avec assez d'argent pour acheter une propriété, je lui offrirais une nouvelle maison»
Darwin Núñez sur son enfance, pour Uefa Eleven Sports

Une promesse qu'il tiendra dès son transfert à Almeria, en Espagne. Mais avant l'Andalousie, le nouvel attaquant des Reds enfile ses premiers buts dans un club local, San Miguel de Artigas, où il est rapidement repéré par un recruteur (l'ancien joueur international José Perdomo) qui l'emmène à Montevideo, direction le tout grand CA Peñarol. L'adaptation à la ville est compliquée et le jeune Darwin revient à la maison rapidement.

Un an plus tard, il retente l'aventure, avec son frère qui évolue désormais dans la troisième équipe du club de la capitale. Le grand frère finit par sacrifier sa carrière au profit de celle de Darwin, en aidant ce dernier et en ramenant de l'argent à la famille. Un sacrifice que n'oubliera jamais le nouveau joueur de Liverpool.

Le football et la vie n'épargnent rien à Darwin Núñez. Alors qu'il a intégré l'équipe première de Peñarol à seize ans, il se déchire les ligaments croisés lors d'un match juniors qui l'éloigne pendant un an et demi des terrains. Mais sa force mentale et sa volonté de réussir, nourries toutes ces années par les difficultés traversées par sa famille, vont lui permettre de rebondir.

Il fait ses grands débuts en équipe première en 2017, marque quelques goals et remporte le titre de champion d'Uruguay. Dans la foulée, il est convoqué en équipe nationale M20 et attise l'intérêt des nombreux recruteurs européens présents en Uruguay. En 2019, il prend donc la direction d'Almeria en Espagne, effectuant le chemin inverse de celui de ses grands-parents qui avaient quitté l'Espagne pour l'Uruguay.

En 2019, sans chignon mais avec un appareil dentaire.
En 2019, sans chignon mais avec un appareil dentaire. image: keystone

Almeria, le tremplin parfait

En rejoignant l'UD Almeria et la deuxième division espagnole, Darwin Núñez a surpris. Avec le recul, ce choix était le bon pour le gamin de 20 ans qui rejoignait alors un pays où il parlait la langue, une ville paisible et un club où la pression était facilement gérable.

L'Uruguayen s'adapte vite, malgré un contexte sportif sensiblement différent en Espagne. David Badia, alors directeur sportif du club andalou, racontait récemment:

«Quand il est arrivé d’Uruguay, tout était différent. Les stades, même les terrains sont différents. Le ballon va plus vite parce que nous arrosons le terrain. Cela donne un style plus rapide qu’en Amérique du Sud. Pour cette raison, il a dû s’adapter à ce rythme»
David Badia, directeur sportif d'Almeria

Une adaptation qui se traduit par 16 buts en 32 matchs lors de sa première saison.

A Almeria, ce sont ses capacités athlétiques qui marquent rapidement les esprits. Comme celui du préparateur physique de l'équipe, Javier Agenjo:

«On pouvait voir que physiquement, c’était l’un des joueurs les plus rapides de la ligue grâce à son accélération, c'était vraiment un monstre»
Le préparateur physique d'Almeria

Un physique que Darwin travaille avec l'une de ses autres qualités, bien uruguyenne, la «garra charrúa», cet état d'esprit qui transcende les joueurs de football de ce pays. Cette volonté de réussir, de mettre à l'abri les siens lui ouvre les portes d'une nouvelle aventure, dans un club d'une tout autre envergure: le Benfica Lisbonne.

L'envol chez les Aigles

C'est une autre constante de la jeune carrière de Darwin Núñez: avoir fait les bons choix. Courtisé après sa première saison réussie en Espagne, il prend donc la direction de Benfica. Un club qui lui permet de découvrir l'Europe et un championnat plus compétitif que la D2 espagnole, mais qui ne représente pas encore le top niveau continental. L'Uruguayen peut donc y continuer son apprentissage. Une nouvelle fois, le «move» est le bon.

Sur les bords du Tage, Darwin Núñez s'impose à nouveau rapidement: quatorze buts dès sa première saison, malgré une progression freinée tout d'abord pour le coronavirus puis par une blessure.

A Lisbonne, Darwin Núñez découvre l'Europe, la pression et le Covid.
A Lisbonne, Darwin Núñez découvre l'Europe, la pression et le Covid. keystone

Des nouvelles épreuves qu'il balaie pour signer un deuxième exercice fantastique avec l'aigle lisboète sur la poitrine: 34 points entre le championnat portugais, la Ligue des champions et les coupes nationales. En Coupe d'Europe, sa vitesse et sa puissance physique se montrent aux yeux du continent entier. Il plante d'ailleurs contre le Barça, le Bayern, l'Ajax et... Liverpool.

Un petit match entre futurs collègues de bureau.
Un petit match entre futurs collègues de bureau. keystone

Pourtant, tout n'a pas toujours été facile au Portugal pour l'Uruguayen. A Lisbonne, il rencontre pour la première fois la pression d'un club aussi populaire que le Benfica, qui se doit, aux yeux des fans, de remporter tous ses matchs. Darwin Núñez est critiqué pour son manque de réalisme mais également pour une certaine nonchalance. Si physiquement le Sud-Américain impressionne, techniquement il agace les supporters des Aigles surtout lors de sa première saison.

Son entraîneur de l'époque, Jorge Jesus, est lui moins critique. Il déclare en fin de saison dernière:

«Darwin a des caractéristiques peu communes pour un attaquant. Ce sera un joueur du top mondial. Je vais le perdre rapidement»
Jorge Jesus, ex-entraîneur du Benfica, sur son ancien attaquant

Jesus n'aura pas le temps de perdre son attaquant puisqu'il sera remercié avant. Darwin Núñez, lui, finira par mettre tout le monde d'accord à Lisbonne.

Place maintenant à un nouveau challenge à Liverpool, à Anfield Road et toute la mystique qui entoure les Reds. Avec la mama définitivement à l'abri et son frère à ses côtés, Darwin «will never walk alone».

Adaptation d'un article paru le 13 juin 2022 sur watson.

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