Il y a dans ce projet la même volonté de confiscation des richesses que dans le football et les mêmes oppositions farouches.
Sport de tradition, pratiqué partout où l'on tond les pelouses, le golf souhaite lui aussi créer une «Super Ligue» richement dotée, regroupant les meilleurs joueurs de la planète lors de tournois disputés aux quatre coins du monde dès septembre 2022. L'idée avait déjà été évoquée la saison dernière, mais elle n'avait pas atteint le drapeau. C'est différent cette fois, puisque des stars de la discipline ont été approchées. La presse canadienne est formelle: «Un représentant terré dans la région de Jupiter, en Floride, contacte les plus gros canons du golf en les courtisant avec des offres, dont certaines sont chiffrées à plus de 30 millions de dollars chacun».
Le Journal de Montréal résume: «Dustin Johnson, Justin Rose, Brooks Koepka, Bryson DeChambeau et plusieurs autres vedettes auront à choisir entre le magot d’argent ou la poursuite de leur carrière sur le circuit de la Professional Golfers' Association (PGA)».
Rory McIlroy a déjà choisi.
Tous ne sont pas de cet avis. Phil Mickelson, qui est âgé de 50 ans et qui pointe au 115e échelon du classement mondial, serait le leader des golfeurs dissidents, selon la presse anglaise.
Le très influent circuit professionnel (PGA Tour) prend la menace au sérieux.
Son dirigeant Jay Monahan envisage déjà de suspendre, voire d'exclure du PGA Tour les athlètes souhaitant s'engager dans une voie parallèle. Ceux-ci pourraient être privés de Grand Chelem, de Ryder Cup et se voir impactés au classement mondial.
Trois questions à Yves Mittaz, directeur de l'Omega European Masters de golf à Crans-Montana.
Yves Mittaz, ce projet de Super Ligue est-il crédible?
Je n'y crois pas trop. Économiquement, cette Ligue n'aurait aucun sens. Les dirigeants du football espéraient des bénéfices venant des sponsors et des droits télés. Mais en golf, les tournois actuels sont déjà richement dotés. Une Super Ligue ne serait que du mécénat pur et dur. Les initiateurs du projet investiraient pendant quelques années, mais il n'y aurait personne pour assurer la pérennité du projet par la suite.
Quels golfeurs pourraient être tentés de rejoindre ce mega championnat?
Ceux qui sont en bout de carrière, qui ont beaucoup moins de chances de remporter un Grand Chelem et perçoivent moins d'argent. Les meilleurs, eux, gagnent suffisamment bien leur vie pour se concentrer exclusivement sur la quête de titres prestigieux. Je rappelle que Rory McIlroy a signé dix ans chez Nike pour 250 millions de dollars.
La création d'une Super Ligue pourrait-elle avoir des conséquences sur le tournoi de Crans-Montana?
Je ne le crois pas. Car notre public ne vient pas pour observer un golfeur en particulier. Il y a très peu de vedettes dans notre sport, de gens connus au point de déplacer les foules. La star, en Valais, c'est l'ambiance dans un cadre magnifique.