Martin Baumann, depuis la création du tournoi en 2014, seules des équipes suédoises (6) et finlandaises (2) ont triomphé. Aucun club suisse n'a atteint la finale. Que manque-t-il aux Hélvètes pour triompher??
En toute objectivité, il faut constater que la ligue suédoise est actuellement meilleure que le championnat suisse. Il ne faut pas se leurrer, même si l'année dernière, il n'a manqué que très peu de choses à Zoug en demi-finale contre le futur vainqueur Tappara Tampere. Cette saison, j'ai confiance en Genève, en raison de la profondeur de son effectif et de la stabilité de son équipe.
Quel a été, jusqu'ici, le moment fort de la saison?
L'enthousiasme des fans. Nous avons enregistré des records de spectateurs en Allemagne, en République tchèque et aussi en Suisse. Le produit reçoit enfin ce qu'il mérite depuis longtemps. J'étais par exemple à Belfast, où la patinoire était pleine à craquer. Mais je pense aussi aux 400 à 500 supporters des Rapperswil-Jona Lakers qui ont accompagné leur équipe lors des deux matches à l'extérieur en République tchèque et qui ont enchanté les arènes avec leur ambiance. Ou à Ingolstadt, qui a accueilli un nombre énorme de supporters à travers l'Europe. C'est cool.
Cette saison, plusieurs nouveautés ont vu le jour. Entre autres, le nombre d'équipes participantes a été réduit de 32 à 24. Cette mesure a-t-elle porté ses fruits?
Oui, clairement. Nous étions d'ailleurs convaincus depuis longtemps que c'était exactement ce qu'il fallait faire. N'offrir que trois places par ligue aux six membres fondateurs (Finlande, Suède, Suisse, République tchèque, Allemagne et Autriche) a montré aux clubs que la qualification se méritait. Et les fans reçoivent ainsi le meilleur de ce qui se fait parmi douze championnats nationaux.
La réduction à 24 équipes s'est aussi accompagnée d'un nouveau mode de fonctionnement, sans groupes fixes, mais avec six matchs contre six adversaires différents et un tableau unique de 1 à 24. Quel est le bilan?
Je pense que c'était l'une des meilleures choses que nous puissions faire, car pour presque toutes les équipes, il y avait encore un enjeu lors de la dernière journée. Avec le format sans matchs retour, les chances de surprises augmentent également. Il est ainsi plus facile pour un petit de faire un pied de nez à un grand sans se prendre une raclée lors de la deuxième rencontre. Même l'UEFA s'est renseignée auprès de nous, elle voulait savoir exactement quelles étaient nos expériences avec le nouveau mode de fonctionnement. Nous en sommes fiers.
Une autre nouveauté concerne les adaptations des règles en cas de pénalités de deux minutes. Celles-ci ont fait beaucoup parler d'elles au préalable, car il est inhabituel, par exemple, que la pénalité continue de courir en cas de but marqué en supériorité numérique ou que la pénalité contre l'équipe en box play se termine prématurément en cas de but marqué en infériorité numérique. Ces changements ont-ils eu l'effet escompté?
Notre objectif est d'être différents, innovants. Nous ne voulons pas copier les autres ligues. Nous voulons offrir du divertissement et susciter l'enthousiasme, avec plus de buts et plus de suspense. Lors des quatre premières journées, il y a eu 0,4 but de plus par match et un record de buts en infériorité numérique (12). Les premières analyses ont montré que cela en valait vraiment la peine. Les nouveautés correspondent à notre idée de promouvoir un hockey sur glace offensif.
Vous étiez récemment au congrès de l'IIHF au Portugal. Les adaptations des règles ont-elles suscité des réactions de la part de la fédération internationale?
Oui, l'IIHF est très intéressée par nos innovations, tout comme la NHL. Je suis allé à New York pour un échange avec les dirigeants. Ils suivent notre parcours de très près. Eux aussi ont pour objectif de rendre le sport encore plus attrayant.
Contrairement au football, la Ligue des champions de hockey débute toujours avant le début du championnat. Des efforts sont-ils faits pour repousser ces dates, notamment pour susciter davantage d'intérêt de la part des spectateurs?
Un démarrage en octobre a été évoqué, mais cela n'a pas été possible. Grâce à un nouvel accord, nous avons tout de même obtenu que, depuis cette saison, aucune rencontre nationale ne puisse avoir lieu le mardi lors des jours de match. Une chose est sûre: cela fait longtemps que la Ligue des champions de hockey n'a plus le caractère d'un tournoi de préparation. Les clubs ne peuvent pas se le permettre à la vue des coûts élevés.
Il y a eu des tentatives de faire venir la KHL dans le tournoi. Ces idées ont-elles été complètement abandonnées depuis la guerre en Ukraine?
Elles sont en grande partie mises entre parenthèses. Y penser actuellement n'a pas de sens. Les équipes finlandaises et suédoises boycotteraient complètement l'arrivée de la Russie.
Après dix ans, le produit Ligue des champions de hockey semble consolidé. Où voyez-vous le plus de potentiel?
Au niveau des spectateurs. Je ne comprends toujours pas pourquoi un match de National League entre Zoug et Ambri suscite plus d'intérêt qu'un déplacement du champion suédois ou finlandais. En revanche, lorsque Manchester City vient en Suisse, l'intérêt des spectateurs explose. Nous manquons de grandes stars dans le hockey sur glace européen. Nous n'avons pas de Ronaldo ou de Mbappé ici. C'est aussi lié à la NHL: les meilleurs joueurs européens partent en Amérique du Nord. Nous n'y pouvons rien. (ram/sda/jcz)