Samuel Kreis se souviendra toute sa vie de la mise en échec qu'il a subie alors qu'il se trouvait dans la zone neutre et que le puck était déjà loin de lui. «Je n'étais pas préparé à encaisser le choc. Ma tête a heurté le plexiglas et je me suis écrasé sur l'arrière de la tête.» Le défenseur du CP Berne s'en est relevé. «Mais deux jours plus tard, j'ai eu de forts maux de tête et des vertiges, comme si je venais de sortir des montagnes russes», raconte le joueur de 29 ans.
Cet incident s'est produit en 2018 et a laissé ce joueur professionnel sur le carreau durant de nombreux mois en raison d'une commotion cérébrale (la forme la plus légère du traumatisme crânien).
Ce chiffre ne tient pas compte des pauses plus courtes qu'il a dû prendre en raison d'une lésion cérébrale traumatique.
Les symptômes les plus courants des commotions cérébrales sont des maux de tête/de nuque, des nausées, des vomissements, une faiblesse, des vertiges ou des troubles de la vision.
Nina Feddermann est neurologue du sport à l'université et à l'hôpital universitaire de Zurich. Elle traite entre autres les sportifs de haut niveau souffrant de commotions cérébrales, qui subissent régulièrement des traumatismes à la tête à cause de leur sport, comme le hockeyeur Samuel Kreis.
Les commotions cérébrales ne sont pas comparables à d'autres blessures du sport de haut niveau, telles qu'une déchirure des ligaments ou une fracture. Les conséquences de la forme la plus légère du traumatisme crânien peuvent, dans certains cas, affecter un joueur à vie, voire le pousser à la retraite dans les cas les plus graves. Mais en règle générale, les symptômes guérissent en deux semaines et les joueurs sont de retour sur la glace au bout d'un mois.
Selon les statistiques de la Suva, plus de 40 000 commotions cérébrales se produisent chaque année en Suisse. Accidents de voiture, chutes, coups. Les disciplines de contact comme le hockey sur glace, le rugby, le football américain, le football et le handball sont concernés, mais aussi tous les sports d'hiver qui impliquent des vitesses élevées, des rotations et des sauts. La neurologue du sport Nina Feddermann prévient: «Les commotions cérébrales sont encore considérées par les sportifs et les médecins comme des blessures légères et leurs conséquences sont sous-estimées.»
Près de la moitié des commotions cérébrales sont ignorées, ce qui signifie que le nombre de cas non recensés est donc élevé. «De nombreux symptômes d'un traumatisme crânien léger ne sont pas visibles», c'est pourquoi la sensibilité fait souvent défaut. Or «ce qui commence de manière anodine peut évoluer sur la durée».
«Il y a dix ans, personne ne quittait la glace à cause de maux de tête», rappelle Martin Schär, médecin du CP Berne. Mais aujourd'hui, la perception est différente.
La fédération de hockey sur glace a lancé une campagne intitulée "Respect" pour plus de fair-play dans le hockey sur glace. Le règlement protège aujourd'hui mieux la santé des joueurs grâce à une surveillance vidéo étendue. Ainsi, les fautes cachées et non vues par les arbitres sont également sanctionnées. Depuis la saison dernière, les mises en échec par derrière et à la tête sont plus sévèrement sanctionnées. L'apparition des bandes flexibles doit minimiser le risque de blessure, mais ce n'est pas aussi simple.
Le hockey sur glace est un sport de contact avec un risque de blessure élevé. Chaque année, on dénombre plus de 5000 blessures sur la glace.
Dans la plus haute ligue de jeu, la National League, on compte 60 lésions cérébrales traumatiques par saison: cela représente un traumatisme tous les huit matchs.
Après un incident sur la glace, les joueurs de hockey sur glace sont soumis à un examen clinique par le médecin de l'équipe. Un examen neurologique est effectué. En cas de symptômes dits «red flag», comme par exemple une confusion prolongée ou une perte de conscience, un examen d'urgence est effectué à l'hôpital avec un scanner ou une IRM. Il faut ensuite 24 à 48 heures de repos absolu. Cela implique d'éteindre toutes les influences extérieures sur le cerveau : pas de téléphone portable, pas de musique, pas de télévision.
Une fois ce laps de temps écoulé, les dernières directives préconisent de reprendre le plus rapidement possible une activité physique et cognitive. «Un repos prolongé peut avoir un effet négatif sur la guérison, dit Nina Feddermann. Il peut conduire à une augmentation des symptômes, à l'apparition de nouveaux symptômes, à leur persistance et à l'arrêt prolongé de l'activité sportive ou professionnelle du patient.» La mise en place de stimuli et d'impulsions déclenche des mécanismes de compensation qui font progresser la guérison et permettent ainsi aux sportifs de revenir plus rapidement sur la glace.
Une absence de deux mois est une longue période pour un sportif professionnel. «Bien sûr que je me suis posé des questions et que je me suis demandé combien de commotions mon corps pouvait encore supporter. Mais tant que je n'ai pas de difficultés au quotidien, je continue à jouer au hockey sur glace», déclare Samuel Kreis, qui vient de s'engager avec le CP Berne, ce club qu'il avait quitté il y a longtemps et avec lequel il avait vécu des épisodes douloureux sur la glace.