Novak Djokovic, Rafael Nadal et Roger Federer ont écrasé le tennis masculin. Ils comptent respectivement 24 (record), 22 et 20 titres du Grand Chelem et sont unanimement reconnus comme les trois meilleurs joueurs de l'Histoire. Pourtant, ces trois champions partagent une statistique étonnante: chacun d'entre eux n'a gagné que 54% des points qu'il a joués dans toute sa carrière. Autrement dit: à peine la moitié.
Ce pourcentage a de quoi paraître très bas, quand on sait à quel point ces trois tennismen ont dominé leur sport. C'est d'autant plus vrai si on le compare à leurs ratios victoires-défaites respectifs: Djokovic a remporté 83% de ses matchs, Nadal et Federer 82%.
Mais voilà, comme chaque personne qui a disputé au moins un match de tennis dans sa vie le sait, ce sport est aussi magnifique qu'ingrat (surtout pour les adversaires du Serbe, de l'Espagnol et du Suisse). On peut en effet perdre une rencontre en ayant marqué nettement plus de points (et même de jeux) que son adversaire. L'exemple typique: une défaite 6-7, 6-0, 6-7.
Si on va dans le détail, on peut aussi imaginer gagner tous nos jeux «blanc» et perdre les autres en ayant à chaque fois remporté au moins trois échanges (40-A). Au final, on comptabilise beaucoup plus de points que l'adversaire – avec souvent, aussi, l'impression de mieux jouer que lui – mais la défaite peut être au rendez-vous. Quelle cruauté!
Mais il y a une chose fondamentale à retenir de cette statistique des 54% de points remportés par Djokovic, Nadal et Federer: ce sont les points importants qu'il faut gagner.
On pense aux balles de break à convertir ou à sauver, ou alors aux tie-breaks. Quitte parfois à laisser filer des points ou jeux sans importance (quand on mène déjà 5-0 dans un set, par exemple), histoire de ne pas griller d'énergie.
L'ex-pro belge Olivier Rochus nous racontait que Djokovic et Federer tentaient des coups improbables ou étaient moins focus quand le score le leur permettait. C'était beaucoup moins le cas de Nadal, qui frappait chaque coup avec la même intensité, du point initial d'un premier tour à la balle de match en finale.
Mais les trois extraterrestres du tennis masculin partagent cette faculté de hausser leur niveau – grâce à un excellent mental (concentration et gestion du stress) – sur ces points décisifs et d'en remporter la grande majorité. C'est ce qui les différencie du commun des mortels. Et c'est ce qui leur a permis d'être si redoutables.
Pourtant, de nombreux adversaires ont sûrement eu l'impression d'être meilleur qu'eux sur un match, ou au moins plusieurs sets. Mais rappelez-vous: le tennis est ingrat. Qu'on soit top 10 mondial ou joueur du dimanche.