Naples a récolté 38 points en 14 matchs. C'est énorme. Historique, même. La preuve: depuis la création du club en 1926, aucune équipe napolitaine n'a fait mieux. Une seule a fait aussi bien: celle de Maurizio Sarri version 2017-2018 (la fameuse année des 91 points sans titre).
Mais si cette équipe avait enregistré le même nombre d'unités au classement, elle ne possédait pas le même avantage sur ses adversaires: alors que les Napolitains ont aujourd'hui 8 longueurs d'avance sur la Lazio et Milan, ils n'en avaient que deux sur l'Inter et quatre sur la Juve (vainqueur final) en 2017-2018.
L'addition du talent et du bénéfice comptable est en train de faire basculer Naples dans un douce folie. Certains tifosi rêvent déjà d'atteindre le record de points (102) détenu par la Juventus du grand Antonio Conte.
L'histoire nous enseigne que depuis 2000, les équipes qui avaient 6 points d'avance au moins au classement après 14 journées ont toutes remporté le titre.
La Gazzetta dello Sport cite quatre exemples:
Le calendrier est aussi favorable aux spallettiani, les joueurs du coach Luciano Spalletti. Ils se sont en effet déjà déplacés sur le terrain de la Lazio (victoire 2-1), de Milan (victoire 2-1), de Rome (victoire 1-0) et de l'Atalanta (victoire 2-1). Autant d'équipes qu'ils recevront chez eux lors des matchs retour, avec l'avantage de leur nombreux et bruyant public.
Il ne leur reste donc que deux déplacements périlleux: à l'Inter (le 4 janvier) et la Juve (le 23 avril). Ont-ils de quoi s'inquiéter? Même pas. En remportant leurs 4 duels face aux «gros» cette saison, ils ont prouvé qu'ils avaient changé et qu'ils étaient capables désormais de faire plier les meilleurs à l'extérieur.
Si Naples étonne en Europe, c'est grâce à son brillant parcours en Ligue des champions (1er du groupe devant Liverpool) mais aussi à une statistique qui la distingue comme l'une des équipes les plus complètes du Big 5. C'est simple: aucune formation des grands championnats n'a inscrit autant de réussites (9) avec ses remplaçants. Lozano (3 buts), Simeone (2), Osimhen, Politano, Zielinski et Olivera (1 chacun) font du leader de Serie A une formation dangereuse de la première à la dernière minute.
Naples, qui peut marquer tout le temps, peut aussi marquer grâce à (presque) tout le monde: 16 joueurs différents ont déjà inscrit au moins un but cette saison.
La cote de Naples était au plus bas à la veille du championnat. Les bookmakers avaient situé le club parthénopéen à 18. Cela signifie qu'un parieur qui décidait de jouer sur Naples remportait 18 fois sa mise en cas de titre.
Les bookmakers plaçaient l'équipe de Spalletti en 5e position pour le scudetto, très loin derrière des favoris comme la Juventus (2,45 contre 1), l'Inter, le Milan ou la Roma. Etrange? Même pas. Naples avait beaucoup changé durant l'été, subissant un renouvellement des cadres avec les départs de cadors comme Insigne, Mertens ou Koulibaly. Le journaliste Valentin Pauluzzi, que nous avions contacté en début de saison, y voyait autant un signe de déclin qu'une lueur d'espoir.
Khvicha Kvaratskhelia incarne le renouveau d'un club qui n'a plus été champion depuis 32 ans. Il est devenu une attraction en quelques mois seulement avec 8 buts et 10 passes décisives en 17 matchs toutes compétitions confondues.
Désormais, Naples est coté à seulement à 1,42 contre 1 tandis que la Juventus est à 11. C'est ce qui s'appelle inverser la tendance. Et en devenir une.