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Un rugbyman victime de démence va léguer son cerveau à la science

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La répétition des chocs à la tête a durement marqué l'ancien international Steve Thompson.

Un rugbyman victime de démence va léguer son cerveau à la science

Steve Thompson a reçu tellement de coups à la tête durant sa carrière qu'il ne se souvient plus de son titre de champion du monde en 2003. Atteint de démence précoce et d'encéphalopathie traumatique chronique, il veut léguer son cerveau à la science pour aider la recherche et prévenir les générations futures.
28.09.2021, 06:0628.09.2021, 14:54
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Ancien talonneur, poste le plus exposé du rugby, Steve Thompson a gagné beaucoup de combats durant sa vie. Il lui en reste un à mener, et c'est peut-être le plus important de sa riche carrière: aider la recherche à mieux agir contre les commotions cérébrales, ce mal qui ronge les rugbymen et le prive aujourd'hui d'une partie de ses glorieux souvenirs.

Pour y parvenir, l'Anglais de 43 ans va léguer son cerveau à la science, plus exactement à la «Concussion Legacy Project», une fondation qui agit pour la prévention des dangers des commotions.

«A ma mort, je donnerai mon cerveau pour que les enfants des gens que j'aime n'aient pas à vivre ce que j'ai vécu. C'est à ma génération de faire don de son cerveau pour que les chercheurs puissent développer de meilleurs traitements et des moyens de rendre le jeu plus sûr»
Steve Thompson sur la BBC
L'Anglais avec le ballon lors de la finale du Mondial 2003. 18 ans après, il n'en garde pas le moindre souvenir.
L'Anglais avec le ballon lors de la finale du Mondial 2003. 18 ans après, il n'en garde pas le moindre souvenir.Image: Keystone

L’ancien joueur du XV de la Rose espère faire avancer les recherches concernant l’encéphalopathie traumatique chronique (ETC), une maladie dégénérative progressive du cerveau déclenchée à la suite de traumatismes crâniens et qui ne peut être diagnostiquée qu'après la mort.

C'est de cette pathologie dont semble souffrir Thompson, selon des neurologues du King's College de Londres, cités par le Guardian dans un article datant de décembre 2020. Le quotidien britannique avait aussi recueilli le témoignage de l'ancien colosse (115kg pour 188cm) et il était bouleversant. Le rugbyman aux 73 sélections internationales y expliquait n'avoir gardé aucune trace de ses victoires.

«Quand je regarde l’Angleterre de l’époque, c’est comme si je regardais jouer l’Angleterre maintenant. Sauf que j’étais là. Mais je ne me souviens pas du tout d’avoir été là. Honnêtement, je ne connais le score d’aucun de ces matchs (...) Est-ce que je le referais? Non, je ne le ferais pas»
Thompson (quatrième au fond depuis la gauche) et ses coéquipiers avaient été reçus par la Reine d'Angleterre en 2003.
Thompson (quatrième au fond depuis la gauche) et ses coéquipiers avaient été reçus par la Reine d'Angleterre en 2003. Image: Keystone

Le rugby, discipline toujours plus physique et plus rapide, est durement touché par le problème des commotions. Selon une étude scientifique financée par la Fondation Drake cette année, 50% des joueurs de haut niveau présentent une modification inattendue de leur volume cérébral en raison d'impacts reçus à la tête.

James Drake, à l'initiative de la Fondation éponyme, en appelle à des changements sévères et durables. «Le bon sens dicte que le nombre et la férocité des impacts, à la fois à l'entraînement et en match, doivent être réduits de manière extrêmement significative», insiste-t-il. «Depuis que le rugby s'est professionnalisé dans les années 1990, le jeu a muté au-delà de toute connaissance. Les joueurs sont aujourd'hui, et de façon globale, plus forts et plus puissants. Nous devons donc être conscients de toutes les conséquences que la multiplication des impacts aura sur leur organisme.»

Aucune règle ne guérira cependant Steve Thompson, ni la centaine de joueurs gallois et anglais qui, avec le natif du Hertfordshire, ont intenté une action en justice contre World Rugby et leurs Fédérations respectives pour négligence et mauvaise prise en charge des commotions cérébrales.

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