L'eau n'a jamais été aussi sexy. Mise en valeur dans le bec d'athlètes d'élite au corps ruisselant ou dans de jolies gourdes à 40 dollars. Sublimée par les influenceuses et les trends TikTok (le hashtag #watertok cumule plus d'un milliard de vues) qui biberonnent les ados.
Après tout, pourquoi pas? Ce liquide a priori basique et plutôt fade est nécessaire à la moindre petite cellule de notre corps. L'eau aide à la digestion, au maintien de notre volume sanguin, au transport des nutriments et de l’oxygène, à l'évacuation des déchets, au bon fonctionnement des muscles et du cerveau ou encore à la régulation de la température corporelle. Qui dit mieux?
Alors que l'été palpite et que les températures prennent l'ascenseur, il semble donc tout naturel de boire beaucoup. Beaucoup trop, pour certains.
Si le commun des mortels est bien informé sur les risques de la déshydratation et sur ses symptômes (soif extrême, étourdissements, confusion, épuisement, coup de chaud, convulsions, insuffisance rénale, ...), le phénomène inverse est moins connu: l'hyperhydratation.
On le retrouve pourtant chez toute une palette d'individus. Des athlètes d'endurance aux sportifs peu aguerris qui gèrent mal leur consommation d'eau, des personnes atteintes de problèmes rénaux à celles qui prennent certains médicaments, comme les antidépresseurs et les diurétiques.
Il existe aussi un terme clinique pour désigner la pathologie qui consiste à s'enfiler des litres d'eau de manière compulsive: la potomanie, un trouble du comportement alimentaire. Ceux qui en sont atteints peuvent consommer entre 5 à 10 litres d’eau par jour.
Or, abuser de l'eau est tout aussi dangereux que d'en manquer. Lorsque les reins n'arrivent plus à suivre et à éliminer le surplus, la concentration de sel dans le corps est trop faible. C'est ce qu'on appelle l'hyponatrémie, un terme de plus en plus en vogue à mesure que la consommation d'eau est devenue «tendance». Ses symptômes sont tout aussi désagréables que ceux de la déshydratation: nausées, ballonnements, vomissements, maux de tête, altération de l'état mental, évanouissements, léthargie. Voire, dans les cas extrêmes, le coma ou la mort.
D'où cette question aussi simple que complexe: combien de litres boire par jour? Il n’existe, hélas, pas de réponse universelle à la question.
Votre besoin est largement influencé par vos dimensions corporelles, votre sexe, votre âge, votre niveau d'activité ainsi que des facteurs externes, tels que la température et l’humidité. Il n'est donc pas toujours possible de se fier à la même recommandation.
Cela dit, le Centre d’information sur l’eau (Cieau) recommande de consommer 1,3 et 2 litres d’eau par jour. Sur la base d'un adulte moyennement actif dans une ambiance neutre, qui a besoin d’environ 2,5 litres d’eau par jour - dont une partie est compensée par l'alimentation.
Si vous pratiquez une activité sportive, une règle commune suggère d'ajouter 0,5 à 0,8 litre d’eau par heure d’effort. Plutôt que de l'eau claire, les athlètes peuvent aussi compenser la perte de sels minéraux par une boisson d'effort - ou un «cocktail» maison: deux volumes d'eau, un volume de jus de fruit (orange ou pomme) et un quart de cuillère à café de sel.
Vous avez pigé. Boire juste, c'est compliqué. Heureusement, il existe quelques conseils assez simples pour vous assurer de ne pas vous surhydrater comme un abruti. A commencer par la fréquence: mieux vaut boire peu et régulièrement que de s'envoyer une trop grande quantité trop rarement.
Soyez également attentifs aux signes. Une urine trop pâle ou trop transparente est un signe que vous devriez peut-être vous calmer sur la gourde. En revanche, si vous avez soif, une sensation de froid constante ou une peau sèche, des maux de tête ou une sécheresse oculaire, il est possible que vous souffriez effectivement de déshydratation.
Dans tous les cas, ne devez pas parano. Restez raisonnable (comme dit l'adage, les abus en tous genres sont mauvais pour la santé) et à l’écoute de votre corps.