Lorsque la caméra de télévision a fait un gros plan sur Lauren Macuga, dimanche après le passage des trente meilleurs lors du super-G, les téléspectateurs ont été frappés par deux choses: le très large sourire de l'Américaine, lauréate à 22 ans de sa première victoire en Coupe du monde, et le drôle de casque avec lequel elle venait de dévaler la piste du Tyrol.
Sur la peinture rouge et bleue de son élément de protection, pile au-dessus du front et du logo de la Fédération américaine de ski, se détachait nettement un grand point d'interrogation.
Pourquoi un tel signe de ponctuation? La réponse a été donnée par la Fédération internationale de ski (FIS) sur son site internet. Dans un article relatant l'exploit de la skieuse de Park City, on y apprend que «Macuga skiait avec un point d'interrogation sur son casque, n'ayant pas réussi à trouver de sponsor».
Concrètement, la jeune américaine a profité de la course pour faire passer un message à celles et ceux qui souhaiteraient lui venir en aide financièrement: une place est libre sur son casque, et elle se voit.
Cette manière de faire rappelle celle du Suisse Tanguy Nef. Lui aussi avait placé un point d'interrogation lors d'une course de Coupe du monde en novembre dernier.
Et avant Macuga et Neff, d'autres cadors du ski ont eux aussi profité des caméras pour attirer les marques. Ce fut le cas de l'Américain Bode Miller au début de sa carrière.
Et puis, il y a toutes celles et ceux qui sont en quête de soutien sans pour autant insister sur le sujet, comme l'Américaine Paula Moltzan et son casque vierge de tout sponsor.
Ce type de situation est de plus en plus fréquent sur le circuit Coupe du monde et ce n'est pas très étonnant. Interrogé par watson sur la difficulté de trouver des partenaires, Ralph Krieger rappelait en décembre que la concurrence sur le marché des sponsors s'est accentuée par le fait que les cadres nationaux ont été élargis.
«En Suisse, il y a 300 athlètes qui cherchent des sponsors, alors qu'il y a 15 ans, il y en avait peut-être la moitié, soulignait l'agent de Loïc Meillard, Mélanie Meillard, Marta Bassino, Luca Aerni, Marc Rochat ou encore Alexis Monney. Le gâteau n’est pas beaucoup plus grand qu’avant et par conséquent, la concurrence s'est intensifiée.»
Dans le paysage médiatique, Lara Gut-Behrami fait figure d'exception. La Tessinoise, 5e du super-G dimanche et désormais leader de la spécialité, skie toujours sans sponsor «de tête» depuis qu'elle a mis fin à son partenariat avec une célèbre marque de chocolat en début de saison.
Lara Gut-Behrami peut se permettre de skier toute une saison sans le soutien d'une marque sur son casque, ce qui n'est pas le cas de la plupart des athlètes qui ont moins bien gagné qu'elle dans leur carrière.
«Les sponsors sont une partie importante du parcours d'un sportif, et je suis reconnaissante d'avoir eu de très bons partenaires à mes côtés, expliquait «LGB» dans un article publié sur watson dimanche. Mais s'il ne s'agissait que d'argent, je serais encore sur les médias sociaux, j'aurais vendu ma relation, ma vie privée et toutes sortes de choses. J'ai choisi une autre voie.»
L'Américaine Lauren Macuga, elle, ne peut pas se permettre d'attendre. Mais sa situation devrait bientôt changer, car la médaillée de bronze de descente des Mondiaux juniors 2022 a accompli quelque chose que même Lindsey Vonn (82 victoires en Coupe du monde) n'a pas réussi: devenir la première skieuse américaine à remporter un super-G à St. Anton.