Elle a sa place dans le panthéon du ski suisse, simplement par son passé glorieux et ces Mondiaux inoubliables de 1987.
Erika Hess, Primin Zurbriggen, Peter Muller, Joël Gaspoz à la retraite depuis belle lurette, c'est au tour des Odermatt, von Allmen, Murisier, Monney de skier une piste qui n'avait plus trouvé place au calendrier de la Coupe du monde depuis plus de 13 ans - deux super-G et un géant avaient eu lieu dans la station valaisanne - mais pas de descente.
Il a fallu la remodeler et travailler le secteur de Bella Lui, qui n'avait plus été utilisé depuis les joutes mondiales de 1987.
Et samedi 22 février 2025, la Nationale retrouvera les meilleurs skieurs de la planète vont sortir les (longs) skis et dévaler un tracé qui s’étend sur 3 800 mètres, avec un dénivelé de 969 mètres. Le départ est donné depuis Bella Lui, à une altitude de 2514 mètres, pour une arrivée à 1545 mètres.
Une belle balade qui fera mal aux cuisses des spécialistes. A la suite du premier entraînement de jeudi, Stefan Rogentin a coupé la cellule d'arrivée en plus de deux minutes pour signer le temps de référence.
Le directeur des épreuves, l'ancien champion olympique Didier Défago, vendait «une piste vraiment challenging» et même qualifiée de «sans répit».
Alors que les premières griffes sur la piste valaisanne ont été données, les athlètes laissaient poindre des avis le plus souvent partagés.
A commencer par le vétéran Adrien Théaux, deuxième lors du super-G de 2012 derrière Benjamin Raich et devant Didier Cuche. Le Français évoque un tracé qui demande beaucoup de feeling, de toucher de neige.
Et d'avancer: «S'il fait jour blanc, ça va être compliqué avec ces mouvements de terrain». Le Français s'est peut-être montré un brin devin, au vu de la météo annoncée samedi.
C'est le même son de cloche pour Miha Hrobat, le descendeur slovène, qui parle de ces variations de pentes compliquées et difficile à dompter dans sa longueur:
Stefan Rogentin ne fanfaronnait pas avec son meilleur temps - «ce n'est qu'un entraînement, rien de plus» -, expliquant que «c'est agréable à skier sur une telle piste», où il est facile de tailler des courbes, mais que ces mouvements de terrain peuvent vous jouer un mauvais tour.
Si le Suisse convient que la piste est plutôt facile, elle reste intéressante. A la question de savoir si elle est plus facile que Val Gardena, le Grison oppose un sourire malicieux, et de répondre: «Différent».
Matthieu Bailet, lui, a bien «kiffé» ce premier entraînement et ce nouveau terrain de jeu qui bouscule les habitudes des descendeurs:
Comme la majorité des skieurs et entraîneurs interrogés, le manque de vitesse a manqué au skieur niçois. Il parlait même d'une descente qui «frisait l'ennui».
Et d'enchaîner:
Dans un éclat de rire, il nous confie avoir appris la veille que c'était la future piste des Mondiaux de 2027. «Attendez, il y a des étapes. Il y a une fin de saison à courir et des Jeux olympiques l'année prochaine», lâche-t-il, hilare.
La mythique Nationale a botté Ryan Cochran-Siegle. Très fin et aérien jeudi matin (5e du premier entraînement), il rappelle que découvrir une piste est toujours une épreuve mentale:
L'Américain parle de sentiment sur les skis et d'un état d'esprit à adopter: «A Bormio, l'adrénaline est telle qu'on a l'impression de se battre pour sa propre vie. Ici, à Crans-Montana, on est plutôt à la recherche du bon flow, d'une fluidité, d'être connecté avec ses skis.»
S'il renvoie aux changements de conditions probables à l'approche du week-end, il explique que la neige peut vite changer entre le premier et le deuxième entraînement.
Pour Christophe Torrent, le jeune Valaisan qui avait râpé la piste, selon ses dires, lors des Coupe d'Europe de la semaine dernière, a apprécié cette prise de température. «La neige n'est pas verglacée, mais ça tient bien sous le pied.»
Rompu aux divers changements de terrain après sa semaine de courses en Coupe d'Europe, il passe en revue les petits changements en comparaison des épreuves de Coupe d'Europe: «En haut et jusqu'à Cry d'Er, il y a deux virages en moins. Il y a plus de place entre les portes, mais ils ont fait un peu plus tourner», rapporte Torrent.
Le Valaisan concède qu'il lui faut un poil d'adaptation sur ce parcours: «Je dois apprendre à étaler mes appuis, à rester plus profilé et mettre les skis plus souvent à plat. En Coupe d'Europe, les virages s'empilent et on est souvent sur la taille du ski».
Composer avec ce nouveau terrain de jeu sera d'une importance rare pour ce week-end à Crans-Montana. Les surprises seront sûrement au rendez-vous.