Sport
Ski Alpin

Franjo von Allmen: «Je veux redevenir charpentier»

Franjo von Allmen: «Je veux redevenir charpentier»
Le Bernois Franjo von Allmen est désormais double champion du monde de ski alpin.Image: KEYSTONE

Franjo von Allmen: «Je veux redevenir charpentier»

Ses Mondiaux terminés, Franjo von Allmen, double médaillé d'or à Saalbach, s'est longuement confié en interview. Il revient sur ses succès, la récente soirée endiablée de l'équipe de Suisse et son passé personnel, tout en évoquant son métier de charpentier, qu'il compte reprendre cet été.
14.02.2025, 18:4515.02.2025, 10:53
Martin Probst, Saalbach

Franjo von Allmen, vous êtes arrivé aux Mondiaux en tant que novice et vous repartez en tant que double champion du monde. Tout s'est passé de façon incroyablement rapide, n'est-ce pas?
Il est difficile pour l'instant de faire la part des choses. J'ai vécu tellement de nouveautés, et beaucoup d'émotions. Il y a eu des journées au cours desquelles des choses que je ne connaissais pas se sont ajoutées.

Comme une calvitie, par exemple. Combien d'entre vous ont déjà regretté de ne plus avoir de cheveux?
Il ne doit pas y en avoir beaucoup. Ce n'est pas si grave.

A en croire les images, vous avez dignement célébré votre titre mondial en descente. Comment avez-vous retrouvé votre concentration pour l'épreuve suivante, à savoir le combiné par équipe?
Ce n'était pas évident. Nous avons fait la fête de manière assez débridée, si l'on considère que j'avais encore une course à réaliser. Mais c'est ce mélange et cette aération qui font que je me sens bien. Nous avions encore un entraînement en géant la veille du combiné par équipe.

«Cela m'a certainement redonné un peu de tension»

Comment expliquez-vous ces soirées endiablées, qui font la légende du ski?
D'autres sportifs préfèrent se cacher à la cave pour faire la fête. Je ne sais pas si cela a toujours été le cas ou si cela le sera encore à l'avenir. Mais nous sommes actuellement une bonne équipe, bien rodée, qui aime être ensemble, et qui aime donc aussi sortir ensemble.

Mais vous pouvez également louer une salle VIP dans une discothèque.
Il y a des moments où l'on aime être seul. Mais nous ne sommes que des êtres humains, et c'est pourquoi nous faisons la fête de temps en temps avec d'autres personnes.

Les vidéos qui sont ensuite publiées partout dans la presse vous dérangent-elles?
Je trouve parfois dommage qu'il faille prendre autant de photos et de vidéos quand on sort. Mais c'est inévitable à notre époque. J'ai appris à gérer cela.

Silver medalist Vincent Kriechmayr of Austria, left, Gold medalist Franjo von Allmen, center, and Bronze medalist Alexis Monney of Switzerland, right, celebrate during the medals ceremony of the men&# ...
Le podium de la descente des Mondiaux de Saalbach. De gauche à droite: Vincent Kriechmayr, Franjo von Allmen et Alexis Monney. image: Keystone

Vous avez mentionné l'équipe. Comment expliquez-vous cette harmonie?
Nous sommes un groupe hétéroclite, qui vient de toute la Suisse. Ce n'est donc pas évident de s'entendre aussi bien. Mais au final, nous passons les deux tiers de l'année ensemble, et les choses se mettent en place, on apprend à mieux se connaître. Et quand de belles réussites s'ajoutent à cela, cela crée naturellement des liens. C'est une situation un peu particulière, car nous sommes tous assez jeunes. Cela n'arrive pas si souvent en Coupe du monde.

Mais vous préférez tout de même effectuer la reconnaissance seul. Pourquoi?
Parce que je ne skie pas comme Marco Odermatt. Je fais mon propre truc, j'ai ma propre ligne. Cela me déstabilise d'écouter les autres.

«C'est la voie à suivre qui m'importe le plus»

Vous préférez faire vous-même les erreurs.
Exactement, «learning by doing» (Rires).

Avez-vous toujours rêvé de devenir skieur professionnel?
Non, pas du tout. Avant, nous faisions du ski au col du Jaun. Ce qui m'intéressait alors, c'était le plaisir. Notre mère nous apportait les skis à l'arrêt de bus après l'école, pour que nous ne perdions pas de temps.

Quand avez-vous compris que vous pouviez le devenir?
Lorsque j'ai réalisé, sur les courses, que je pouvais être devant, tout en m'amusant avec mes collègues. Nous avons souvent failli rater l'annonce des classements, parce que nous étions encore sur les lattes.

Parallèlement au ski, vous avez suivi une formation de charpentier. Avoir une deuxième activité vous a toujours semblé important?
Oui, je suis heureux d'avoir une solution de substitution. Quelque chose que j'aime faire, et que je peux et veux refaire plus tard.

«Une carrière de skieur, ça ne va pas de soi»

Peut-on apprendre le métier de charpentier à distance?
(Rires) Cela n'a pas été facile. C'était donc important de trouver une entreprise qui puisse soutenir ma carrière de skieur. C'est vrai que j'ai cumulé quelques absences, que ce soit en entreprise ou à l'école.

Vous êtes désormais double champion du monde. Pourriez-vous vraiment retourner sur les chantiers?
A 100%. Il y a là des personnes qui me considèrent comme normal et non comme un champion. J'aimerais même travailler quelques semaines comme charpentier cet été, si c'est possible. Cela ramène à la normalité. C'est un endroit où tu vois des vieilles têtes et où tu ne fanfaronnes pas.

KEYPIX - Franjo von Allmen of Switzerland poses with two Gold medal (Downhill and Team Combined) during the medals ceremony of the men's Team Combined at the 2025 FIS Alpine World Ski Championshi ...
Franjo von Allmen et ses médailles autour du cou.image: Keystone

Etre sur le devant de la scène fait désormais partie de votre vie. Presque toute votre histoire a déjà été racontée. Cela vous dérange-t-il?
En tant que personnalité publique, on ne peut pas vraiment y échapper. Ce n'est pas forcément ce dont je rêvais. C'est quelque chose qui fait partie de la vie des skieurs, et que nous pouvons utiliser à des fins marketing.

L'histoire de votre vie comprend le décès de votre père lorsque vous n'aviez que 17 ans. Vous y êtes souvent confronté. Est-ce difficile?
Je n'aime pas en parler. Cela a déjà été traité publiquement, et maintenant, c'est bon. Les médias ont fait de gros titres, qui m'ont fait me prendre la tête. Je veux maintenant faire la Une des journaux grâce à mes performances.

«Le passé est derrière»

Mais à propos du passé: vous êtes le treizième champion du monde suisse de descente. Connaissez-vous tous vos prédécesseurs?
Je connais déjà Feuz, évidemment. Mais sinon, je ne m'occupe pas beaucoup des noms célèbres. Ce qui compte pour moi, ce sont les relations que l'on peut avoir avec les personnes. Tout le reste n'a pas d'importance.

La télévision autrichienne dit déjà de vous que vous êtes une superstar. Craigniez-vous que vos succès fassent grimper les attentes de façon démesurée?
On a toujours de la pression. Déjà avant les Championnats du monde, beaucoup de gens sont venus me voir en me disant: «Maintenant, tu vas décrocher la médaille d'or». Cela n'a pas été facile. Avant le super-G des Mondiaux, j'ai laissé la pression s'approcher trop près de moi, et je n'ai pas pu tout à fait performer, montrer le ski que je voulais. Mais en fin de compte, c'est une motivation.

«Je peux moi-même contrôler la pression que je veux laisser venir de l'extérieur»

On dit que rien ne vous rend nerveux sur les skis. Etes-vous toujours aussi cool? Ou y a-t-il des choses qui vous font perdre votre calme?
Rien qu'une interview en français, ça me rend nerveux (Rires). Mais oui, avoir les nerfs solides est définitivement quelque chose que l'on apprend grâce au sport. Et j'essaie de le transposer dans la vie de tous les jours. Cela me permet de bien maîtriser de nombreuses situations, et si ce n'est pas le cas, je fais semblant (Rires).

Vous vivez avec votre frère. Comment pouvons-nous nous imaginer cette colocation? Qui fait le ménage? Qui cuisine?
Heureusement, nous avons une gentille grand-mère qui nous fait le ménage tous les mercredis (Rires). Nous ne sommes pas les plus ordonnés, mais si tu n'es pas souvent à la maison – mon frère est aussi très souvent absent –, il n'y a pas grand-chose à faire. Et quand nous sommes tous les deux à la maison, nous faisons en sorte de manger ensemble.

Avant les Mondiaux, un manager nous a confié qu'un titre de champion du monde pouvait rapporter jusqu'à un million de francs. Vous y croyez?
Cela me semble un peu irréaliste.

Mais vous en avez deux. Aimez-vous dépenser?
Je suis un bon vivant. Il est certes important de bien gérer autant d'argent quand on est jeune, de bien l'investir.

«Mais on ne peut pas non plus tout emporter dans sa tombe»

On vous verra donc bientôt en Ferrari?
(Rires). Non, non, pas ça quand même.

Avec Red Bull, vous détenez le sponsor le plus puissant de la Coupe du monde. Comment avez-vous réussi à obtenir un contrat aussitôt?
Cela s'est fait il y a un an, ici à Saalbach, lors des finales de la Coupe du monde. Je me suis approché du frigo et j'ai demandé si je pouvais avoir une canette. Il s'agissait en fait de Patrick Riml (réd: le directeur du ski alpin chez Red Bull). Mais à l'époque, je ne le connaissais pas. Nous avons commencé à discuter. Il a apprécié le fait que j'ai demandé avant de me servir à boire. Il m'a dit que cela n'allait plus de soi aujourd'hui. Et le reste a suivi.

Dans quelle mesure profitez-vous du programme Red Bull?
Il existe de nombreuses choses dont je pourrais profiter en tant qu'athlète. Mais je dois encore m'y retrouver. Ce qui est bien pour moi, c'est que j'ai Marco (réd: Odermatt, également sponsorisé par le distributeur de boissons) dans mon équipe. Il me montre ce qui est possible.

Plus d'articles sur le sport
Les hooligans plombent le foot suisse dans ce classement UEFA caché
Les hooligans plombent le foot suisse dans ce classement UEFA caché
de Stefan Wyss
Les ZSC Lions ont un dilemme avec leur coach
Les ZSC Lions ont un dilemme avec leur coach
de Klaus Zaugg
Red Bull provoque ses adversaires en F1 avec une blague malicieuse
Red Bull provoque ses adversaires en F1 avec une blague malicieuse
de Lisa Slomka
Ce tennisman suisse fait une révélation aussi rare que courageuse
Ce tennisman suisse fait une révélation aussi rare que courageuse
de Yoann Graber
Ce club a réussi ce que Thoune rêve de faire
Ce club a réussi ce que Thoune rêve de faire
de Romuald Cachod
Shaqiri: «Je ne me sens pas assez protégé sur le terrain»
Shaqiri: «Je ne me sens pas assez protégé sur le terrain»
de Christoph Kieslich, Céline Feller
Comment Verstappen a réussi son improbable retour et rêve de titre
Comment Verstappen a réussi son improbable retour et rêve de titre
de Jasmin Steiger
Le coach de Gottéron a imposé un changement radical à ses joueurs
Le coach de Gottéron a imposé un changement radical à ses joueurs
de Ralf Meile
«Je suis confiant»: Hakan Yakin veut retrouver un banc
«Je suis confiant»: Hakan Yakin veut retrouver un banc
de Daniel Wyrsch
On a cuisiné la joueuse de la Nati qui a tout lâché pour la Floride
On a cuisiné la joueuse de la Nati qui a tout lâché pour la Floride
de fred valet, marine brunner
Ce club va tester un modèle de billetterie inédit
Ce club va tester un modèle de billetterie inédit
de Romuald Cachod
Lara Gut-Behrami sort du silence et évoque son avenir
Lara Gut-Behrami sort du silence et évoque son avenir
de Ralf Meile
Un matériel révolutionnaire agite le monde du ski
Un matériel révolutionnaire agite le monde du ski
de Romuald Cachod
La Suisse a «un retard» qui prétérite ses chances aux JO
La Suisse a «un retard» qui prétérite ses chances aux JO
de Ralf Streule
Pourquoi les joueurs de NHL vont toucher 105% de leur salaire
Pourquoi les joueurs de NHL vont toucher 105% de leur salaire
de Adrian Bürgler
Les Emirats bâtiraient des montagnes pour propulser Pogacar
1
Les Emirats bâtiraient des montagnes pour propulser Pogacar
de Romuald Cachod
«Shaqiri m’en a voulu pour mes remarques sur son poids»
«Shaqiri m’en a voulu pour mes remarques sur son poids»
de Christoph Kieslich
Bastardoz quitte la RTS et révèle la folle histoire qui a lancé sa carrière
Bastardoz quitte la RTS et révèle la folle histoire qui a lancé sa carrière
de Yoann Graber
Comme Lara Gut-Behrami, ces stars privées d'adieux
Comme Lara Gut-Behrami, ces stars privées d'adieux
de Julien Caloz
Elle réussit un record du monde fou
Elle réussit un record du monde fou
de Lucas Zollinger
Cet adversaire du LHC a une drôle de manie
Cet adversaire du LHC a une drôle de manie
de Klaus Zaugg
Franjo von Allmen: «Je ne marche pas comme Odermatt»
2
Franjo von Allmen: «Je ne marche pas comme Odermatt»
de François Schmid-Bechtel, Martin Probst
Bencic fait une confidence sur ses projets familiaux
Bencic fait une confidence sur ses projets familiaux
de Marcel Hauck
Ce mythique club suisse aura son musée
Ce mythique club suisse aura son musée
de Christoph Kieslich
Le Real Madrid a commis une bourde très malaisante
Le Real Madrid a commis une bourde très malaisante
de Yoann Graber
Les hockeyeurs auront une nouvelle obligation aux JO
Les hockeyeurs auront une nouvelle obligation aux JO
de Julien Caloz
Ce prestigieux tournoi de hockey est en grand danger
Ce prestigieux tournoi de hockey est en grand danger
Un autre scénario existe pour Lara Gut-Behrami
Un autre scénario existe pour Lara Gut-Behrami
de Étienne Wuillemin
Ce champion du monde avec Xhaka a eu une carrière démente
Ce champion du monde avec Xhaka a eu une carrière démente
de Robin Walz
Swiss-Ski se relève et Shiffrin flambe: les 7 enseignements de Gurgl
Swiss-Ski se relève et Shiffrin flambe: les 7 enseignements de Gurgl
de Sven Papaux
Cette pépite de la Nati suscite l’intérêt des Serbes
Cette pépite de la Nati suscite l’intérêt des Serbes
de Nik Dömer
«C'était un accident»: ce skieur romand a frôlé le pire
«C'était un accident»: ce skieur romand a frôlé le pire
«Mes pieds se sont aplatis d'une pointure»: elle filme un défi fou en Suisse
1
«Mes pieds se sont aplatis d'une pointure»: elle filme un défi fou en Suisse
de Yoann Graber
Le club français préféré des Jurassiens n'est pas mort
Le club français préféré des Jurassiens n'est pas mort
de Romuald Cachod
Gianni Infantino a gagné
Gianni Infantino a gagné
de David Digili
La face sombre de Curaçao, invité surprise du Mondial 2026
La face sombre de Curaçao, invité surprise du Mondial 2026
de Romuald Cachod
Boycottée, cette équipe israélienne passe sous pavillon suisse
Boycottée, cette équipe israélienne passe sous pavillon suisse
de Valentin Grünig
Ce coup d'envoi insolite a mal tourné
Ce coup d'envoi insolite a mal tourné
de Yoann Graber
Un coup de théâtre se profile au sein de la Nati de hockey
Un coup de théâtre se profile au sein de la Nati de hockey
de Klaus Zaugg
Un Romand a vu la NFL en Europe: «On a pris une claque»
Un Romand a vu la NFL en Europe: «On a pris une claque»
de Julien Caloz
Voici à quel point Airbnb s'est implanté dans les villes
1 / 11
Voici à quel point Airbnb s'est implanté dans les villes
Voici à quel point Airbnb s'est implanté dans les villes
source: watson
partager sur Facebookpartager sur X
On a compilé nos arrêts préférés de Yann Sommer
Video: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
Avez-vous quelque chose à nous dire ?
Avez-vous une remarque ou avez-vous découvert une erreur ? Vous pouvez nous transmettre votre message via le formulaire.
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
«Shaqiri m’en a voulu pour mes remarques sur son poids»
Le FC Bâle se rend à Genk ce jeudi (21h) en Ligue Europa, un club entraîné par Thorsten Fink, qui avait lancé Xherdan Shaqiri chez les professionnels lorsqu’il dirigeait le FCB. Il évoque ses retrouvailles avec le club rhénan et nous parle de sa relation avec son ancien poulain. Interview.
Thorsten Fink, est-ce un sentiment spécial pour vous d'affronter le FC Bâle?
Le FC Bâle me tient toujours à cœur. J’ai aimé la ville, les supporters, la Muttenzerkurve. Et j’y ai aussi fait du bon travail. Mes débuts ont été difficiles. Georg Heitz (réd: alors directeur sportif du FCB) était d'ailleurs nerveux après seulement huit matchs. Mais ensuite, ça a décollé et nous avons tout renversé. C'est donc toujours spécial pour moi, parce que Bâle est le club avec lequel j’ai obtenu le plus de succès: deux titres de champion et une victoire en Coupe.
L’article