Les conditions sont parfaites pour jouer au tennis ce dimanche à Montreux. Grand ciel bleu, chaleur agréable, terre battue impeccable, le tout dans un décor idyllique entre lac et montagnes. Sur l'ocre, il y a aussi de quoi s'en mettre plein les mirettes. La qualité de jeu de cette finale du Elle Spirit Open entre la Brésilienne Beatriz Haddad Maia et l'Anglaise Francesca Jones est très intéressante. Les fautes directes sont rares, les échanges longs et souvent conclus avec des coups gagnants.
La Britannique crie sur chaque balle comme si sa vie en dépendait. Et c'est le cas. Née avec un handicap que les médecins jugeaient incompatible avec la pratique du tennis, elle s'est jurée, à l'âge de huit ans, de percer dans ce sport. Pour leur prouver qu'ils avaient tort.
Aujourd'hui, elle y est parvenue. A presque 21 ans – elle les fêtera le 19 septembre – Francesca Jones occupe le 170e rang mondial et s'est qualifiée pour son premier tournoi du Grand Chelem au début de cette année à l'Open d'Australie.
What. A. Story.
— ITF (@ITFTennis) January 13, 2021
20-year-old Francesca Jones has qualified for the @AustralianOpen main draw after being told by doctors that she wouldn't be able to play tennis 🙌 pic.twitter.com/dXHOFZopTV
Mais son chemin a été long. Elle est née avec le syndrome ECC, une maladie très rare. Conséquences: elle ne possède que quatre doigts à chaque main et sept orteils (trois au pied droit et quatre au gauche).
Toutes ces extrémités étaient palmées à la naissance. Alors la native de Leeds a subi de nombreuses opérations dans son enfance.
Francesca Jones, with 8 fingers, qualifies for Australian Open https://t.co/U6DPYWtPtl pic.twitter.com/zF4J1qKwD8
— New York Post (@nypost) January 14, 2021
Elle a frappé ses premières balles à l'âge de cinq ans et doit forcément, depuis ce moment, adapter son jeu et son matériel à son handicap: un manche très fin et une raquette plus légère. Elle la serre tellement fort qu'elle se casse souvent des ongles. La jeune britannique doit aussi composer avec des problèmes d'équilibre, comme elle l'expliquait à Melbourne en janvier:
Pourtant, si on ne sait pas, rien ne permet de deviner en voyant jouer Francesca Jones qu'elle a ces malformations génétiques. Ses adversaires cette semaine à Montreux pourront en témoigner. En finale, Beatriz Haddad Maia a dû livrer son meilleur tennis pour venir à bout de la tenniswoman du Yorkshire de l'Ouest (6-4 6-3). La 174e joueuse mondiale (ex-WTA 58) a gagné grâce à sa plus grande puissance.
Lors de la cérémonie de remise des prix, Timea Bacsinszky, dont la retraite tennistique a été fêtée durant la semaine à Montreux, a rendu un bel hommage à Francesca Jones, très émue. La Vaudoise a évoqué au micro sa rencontre à Wimbledon en 2016 avec la Britannique, alors âgée de 16 ans. Au sommet de la hiérarchie mondiale, elle lui avait dit:
La détermination et les prouesses de Francesca Jones sur l'ocre de la Riviera cette semaine, c'est un bel exemple de vie pour nous tous. Son rêve? Gagner un jour Wimbledon.