Yann Sommer a signé au Bayern Munich ce jeudi et c'est tout à fait normal. Le portier de l'équipe de Suisse est un excellent gardien, il a toujours été très régulier durant sa carrière, il sait parfaitement gérer la pression et possède à 34 ans une précieuse expérience des grandes compétitions. Rien de plus logique donc de le voir dans le club le plus titré d'Allemagne. Mais à force de le répéter, on oublierait presque que si Sommer a enfin obtenu sa chance chez un grand d'Europe, c'est parce que Manuel Neuer ne sait pas bien skier.
C'est fou, le sport, non?! Les athlètes passent des heures à s'entraîner, à essayer de devenir les meilleurs à leur poste ou dans leur discipline, ils se battent toute leur vie pour obtenir leur chance au plus haut niveau, allant jusqu'à surveiller leur régime alimentaire parfois au gramme près, et leur destin peut basculer sur une broutille, un accident de ski en Bavière sur lequel ils n'ont pas eu la moindre influence.
Le transfert de Yann Sommer est donc le résultat d'un talent immense, de beaucoup de travail mais aussi d'un peu de chance. Est-ce grave? Pas du tout. Car la «chance» n'est pas un gros mot dans le sport. Elle n'est pas incompatible avec le talent et n'enlève rien au mérite de l'athlète qui en bénéficie. On dit souvent qu'elle se provoque et c'est sans doute vrai: si Sommer est dans l'un des plus grands clubs du monde aujourd'hui, c'est parce qu'il a montré à son employeur qu'il était capable de réaliser des prouesses, et parce qu'il n'a pas fait l'erreur de pratiquer une discipline à risques (le ski alpin) en-dehors de ses heures d'entraînement.
Le ski nous apprend d'ailleurs en ce moment même combien une coïncidence peut changer un destin, pour autant bien sûr que l'on soit capable d'en faire quelque chose. Car si Mikaela Shiffrin est devenue l'une des plus grandes championnes de l'histoire (et bientôt la plus titrée de son sport), c'est aussi parce que son père Jeff a déménagé pour son travail d'anesthésiste lorsqu'elle n'avait que huit ans.
A l'époque, la surdouée vivait et s'entraînait dans le Colorado, sur des pistes recouvertes d'une fine couche de poudreuse. Quand la famille s'est déplacée à l'est du pays, Shiffrin a découvert un revêtement plus dur et glacé, façonné aux canons à neige. «Ces descentes ont contribué à ma préparation pour la Coupe du monde, car la neige en Europe ressemble à celle de l’est des Etats-Unis», dira plus tard l'Américaine, dans des propos cités par L'Illustré, avouant ensuite:
Comme pour Sommer, une décision dont elle n'est absolument pas responsable lui a donné l'opportunité d'exprimer tout son talent. C'est exactement ce qu'on attend (et espère) du gardien suisse au Bayern.