Sport
Commentaire

Football: Jürgen Klopp signe chez Red Bull, et ça fait mal

Liverpool FC - Media Day - UEFA Champions League Final - AXA Training Centre Liverpool manager Jurgen Klopp using a mug with The Normal One on it during a press conference, PK, Pressekonferenz as part ...
Klopp boit dans une tasse à son effigie, qui contiendra peut-être bientôt une autre boisson que du café.Image: www.imago-images.de
Commentaire

Klopp à Red Bull, c'est comme Mère Teresa chez les Hells Angels

Le mythique ex-entraîneur de Liverpool et Dortmund devient chef du football pour les clubs appartenant au géant autrichien des boissons. Il a vendu son âme au diable.
10.10.2024, 16:50
Ralf Meile
Ralf Meile
Ralf Meile
Plus de «Sport»

Cinq mots lui ont suffi. Lorsque Jürgen Klopp a repris le FC Liverpool à l'automne 2015, il s'est donné un surnom. En référence à José Mourinho, trop sûr de lui, qui se présentait en Angleterre comme «The Special One», Klopp a dit très modestement:

«I am the Normal One»

Cette phrase avait permis à l'Allemand de se mettre les fans dans la poche et de se positionner en Premier League. Il venait du Borussia Dortmund, un club qui, plus que beaucoup d'autres, semble particulièrement proche de ses supporters. Et il est arrivé à Liverpool, un autre incontesté «club du peuple».

epa11352828 Fans take photographs of a mural of Liverpool manager Jurgen Klopp ahead of the English Premier League soccer match of Liverpool FC against Wolverhampton Wanderers in Liverpool, Britain, 1 ...
À Liverpool, des fresques comme celle-ci rappellent le légendaire entraîneur.Image: keystone

Klopp était un homme d'émotions et d'humanité. Il était toujours du bon côté. Et il est presque certain que même les supporters des plus grands rivaux souhaitaient qu'il prenne un jour les rênes de leur équipe.

Le saint, la casquette et la fosse aux serpents

Véritable meneur, il enthousiasmait les fans et permettait à ses joueurs d'atteindre des sommets. Il a connu de grands succès avec Dortmund et Liverpool. Chez les Reds, il est considéré comme un saint, car il a délivré le club après 30 longues années d'attente en le faisant redevenir champion d'Angleterre en 2020.

Mais ce ne sont pas seulement les trophées qui ont fait de Jürgen Klopp le chouchou des fans. Déjà à Dortmund, il jouait avec son image de personne normale, par exemple en portant une casquette avec le mot Pöhler.

Outre-Rhin, cette expression désigne un footballeur moyennement doué, davantage laborieux que fin technicien.

C'est ce que Klopp était autrefois en tant que défenseur. Et il a donc montré, avec autodérision, qu'il se fichait du jugement des autres. Cette casquette est devenue un best-seller.

Bildnummer: 10296946 Datum: 30.03.2012 Copyright: imago/Pressefoto Baumann
Dortmund Fu
Hoodie et casquette: Klopp était, aussi visuellement, différent de la plupart des entraîneurs.Image: imago-images.de

On aurait presque pu croire que l'Allemand était l'un des derniers «bons» dans le monde du football, cette fosse aux serpents remplie d'individus avides d'argent, dont le seul but est d'en gagner toujours plus.

Des pubs et la fin du romantisme

Mais, bien sûr, Jürgen Klopp n'a pas fait exception. Il a certainement gagné tellement d'argent dans ses clubs que notre collègue Klaus Zaugg, amoureux des belles formules, pourrait sans risque qualifier le technicien de 57 ans d'«homme qui a terminé de se constituer un patrimoine». A cela s'ajoutaient d'innombrables contrats publicitaires avec, pour certains, beaucoup de spots TV dans lesquels Klopp apparaissait.

Onderwerp/Subject: Liverpool FC v Borussia Dortmund - Europa League Reklame: Club/Team/Country: Seizoen/Season: 2015/2016 FOTO/PHOTO: A cardboard cutout of Liverpool manager Juergen Klopp by a hot dog ...
Pour cette publicité, ce Klopp en carton n'a, cette fois, probablement rien encaissé. Image: www.imago-images.de

Cela aurait dû nous servir d'avertissement. Mais nous nous sommes tous laissés aveugler par la nature de Jürgen Klopp. Et on ne parle pas ici de son sourire de vendeur de véhicules d'occasion, qui tenterait de faire passer une épave pour une voiture de sport. Mais seulement de son choix de rejoindre Red Bull.

Klopp nous a tous roulés dans la farine.

Il quitte le bien pour rejoindre le mal, presque comme si Mère Teresa était devenue membre des Hells Angels (le tristement célèbre gang de motards violents). Il se laisse acheter par Red Bull, le dernier bad guy arrivé dans le football. L'Allemand court après l'argent, dont il devrait pourtant déjà avoir assez.

08.10.2024, Baden-W�rttemberg, Stuttgart: Fu�balltrainer J�rgen Klopp erh�lt den Verdienstorden des Landes Baden-W�rttemberg. Der geb�rtige Stuttgarter erhielt die Auszeichnung f�r sein vielf�ltiges s ...
Klopp ce mardi, lorsqu'il a reçu l'ordre du mérite du Land de Bade-Wurtemberg.Image: keystone

Mais Jürgen Klopp fait aussi ce que beaucoup feraient s'ils en avaient la possibilité.

En fait, il est bel et bien un «Normal One»...

On peut regretter qu'avec sa décision, un autre pan du romantisme du football meure. Et comme pour couronner le tout, l'intitulé de son nouveau poste utilise le mot américain pour désigner le football: «Global Head of Soccer». Pour Red Bull, cet engagement est un sacré coup. Klopp aurait sans doute pu reprendre n'importe quelle équipe du monde s'il l'avait voulu. Après un quart de siècle en tant qu'entraîneur, il a cependant cherché une nouvelle activité.

Un dernier espoir

S'il travaille avec autant de succès que comme coach, la concurrence devra se retrousser les manches. L'argent n'est pas un problème pour le fabricant de boissons énergisantes, qui a réalisé l'année dernière un bénéfice de 2,4 milliards et qui a créé des clubs de football dans le but de faire connaître encore plus sa marque.

Or beaucoup d'argent associé à un grand savoir-faire, c'est la condition sine qua non pour réussir au plus haut niveau.

Il ne reste que l'espoir aux romantiques. Que l'équipe nationale allemande s'enfonce dans la crise, que la fédération fasse des avances à Jürgen Klopp et que celui-ci utilise sa clause de sortie apparemment convenue dans son contrat. Et, ainsi, que le légendaire technicien revienne sur le banc en tant que sélectionneur.

Mais même dans ce cas, Klopp ne susciterait plus le même élan populaire que par le passé. Car en rejoignant Red Bull, il a ruiné sa réputation jusqu'ici presque irréprochable.

Traduction et adaptation en français: Yoann Graber

Des images de l'ouragan Helene, qui a déferlé sur les USA
1 / 15
Des images de l'ouragan Helene, qui a déferlé sur les USA
Les maisons de l'île d'Anna Maria ont subi des dégâts dévastateurs à la suite de l'ouragan Helene.
source: tribune news service / bradenton herald
partager sur Facebookpartager sur X
Voilà comment cette légende du surf apprend la glisse à ses élèves
Video: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
1 Commentaire
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
1
«C'est magique»: ce Romand a réalisé le rêve de tout marathonien
Matthieu Deillon a couru la deuxième moitié du marathon plus vite que la première, début décembre à Valence. On appelle ça un «negative split», c'est rare et c'est beau. Il raconte.

«Réussir à maintenir la même allure sur toute l'épreuve, ça aurait déjà été quelque chose de beau. Alors courir plus vite la deuxième moitié de course, c'est magique.» Au bout du fil, Matthieu Deillon a la voix de ceux qui ont réussi un joli coup: pour sa troisième participation seulement à un marathon, cet amateur de 31 ans a réussi l'exploit de courir sa seconde moitié de course (21,1 km) plus vite que la première. Ses temps:

L’article