La coureuse suisse de demi-fond Selina Rutz-Büchel a manqué les Jeux olympiques de Tokyo l'été dernier en raison de symptômes liés au Covid sur le long terme (Covid long). La rameuse britannique Oonagh Cousins, 26 ans, a connu le même sort. La sauteuse en hauteur Priscilla Loomis, 32 ans, d'Antigua-et-Barbuda, et la canoéiste allemande Steffi Kriegerstein ont également dû renoncer à leurs rêves olympiques en raison des effets insidieux du virus.
Ces quatre athlètes ont plusieurs points communs:
Il existe même des exemples de sportifs de haut niveau qui, plus d'un an après avoir été infecté, n'ont pas retrouvé leur niveau d'antan. Les femmes sont nettement plus touchées que les hommes.
Le Covid long ne se manifeste toutefois pas plus souvent chez les sportifs que dans la population normale. Grâce à leur système immunitaire généralement bon, ils sont même mieux protégés dans de nombreux cas.
On compte aujourd'hui près de 200 symptômes différents liés au Covid long. Beaucoup d'entre eux sont encore difficiles à comprendre pour la médecine.
Dans le sport de compétition, les conséquences peuvent être particulièrement graves. Les athlètes concernés ne peuvent plus exercer leur métier, victimes de symptômes comme l'essoufflement, la tachycardie, une extrême fatigue, voire des vertiges et des états d'épuisement, qui touchent pour ainsi dire l'ADN du sportif d'endurance. La rameuse Oonagh Cousins a décrit les effets du Covid long en ces termes: «Déjà le fait de se lever le matin donnait l'impression de gravir une montagne».
La volonté naturelle des sportifs de retrouver le chemin de l'entraînement a souvent un effet contre-productif. En effet, une reprise trop précoce et trop intensive, même après une infection coronarienne bénigne, peut aggraver les symptômes. Traiter ces athlètes de haut niveau devient alors un défi pour les médecins du sport.
Il est de plus en plus clair qu'une vaccination ultérieure est efficace contre la maladie, du moins pour 50% des personnes touchées, selon des études. L'une d'entre elles était Selina Rutz-Büchel. Son histoire est symptomatique de l'évolution du Covid long dans le sport de haut niveau. La jeune femme de 30 ans a appris la nouvelle du test positif le 1er avril. 12 jours plus tard, elle reprenait l'entraînement, accompagnée de légers vertiges et d'une fatigue accrue.
Elle a néanmoins augmenté son volume d'entraînement en mai. L'athlète de Suisse orientale a alterné les bons et les mauvais jours. En juin, on lui a diagnostiqué une inflammation de la gorge. Le 26 du même mois, elle a été admise aux urgences en raison de forts vertiges. Son rêve de participer aux Jeux olympiques s'est alors définitivement envolé.
Le médecin olympique suisse Patrik Noack recommande dès lors aux sportifs de faire une pause suffisamment longue après une infection virale et de reprendre l'entraînement en douceur. «Il faut écouter son corps et ne pas faire de séances intensives trop tôt. Dans le sport d'élite, il faut être suivi de près par le médecin du sport.» Noack précise que, dans le cas d'un Covid long, les méthodes alternatives telles que la médecine traditionnelle chinoise, les mélanges de micronutriments et autres traitements ont souvent donné de meilleurs résultats que les approches de la médecine traditionnelle.
Jolanda Neff a eu plus de chance que Selina Rutz-Büchel. Elle aussi a développé des symptômes de Covid long, comme des maux de tête et une capacité de performance réduite, après son test positif du 18 novembre 2020. Mais son histoire, au moins, s'est terminée par un happy end: la Saint-Galloise est devenue championne olympique à Tokyo l'été suivant!