Comment faire pour ne pas encaisser de but de la part de Jean-Pierre Nsame? Cette question, tous les clubs suisses se la posent depuis 2016 et son arrivée au Servette FC, mais personne n'a trouvé de solution plus efficace que d'engager l'attaquant. C'est ce qu'avait fait YB en 2017 et que vient de faire Saint-Gall, après avoir tout de même encaissé 17 buts en 22 matchs de la part du Camerounais.
Jean-Pierre Nsame (31 ans) a très vite repris ses bonnes habitudes cette saison après deux piges ratées à Côme et au Legia (4 réussites en 21 matchs), puisqu'il a marqué deux buts et délivré une passe décisive avec Saint-Gall en trois matchs. C'est désormais Yverdon qui se dresse sur sa route, ce dimanche au Stade Municipal. Le club du Nord vaudois reste sur 10 pions encaissés en deux parties, ce qui n'est jamais une bonne manière de se préparer à affronter l'attaquant camerounais.
Mustafa Sejmenovic doit être le seul Yverdonnois à se réjouir de ce match. «Ce sera intéressant de voir la tournure de la rencontre», ose le directeur de l'YS Académie, qui était déjà un peu différent des autres lorsqu'il était défenseur central, puisqu'au contraire de tous les joueurs, lui adorait se coltiner Nsame.
L'autre option consiste à couper les lignes de passes, c'est à dire à priver de ballons le redoutable buteur. C'est ce que préconise Christian Zermatten, qui n'a jamais oublié sa (mauvaise) rencontre avec «JP» Nsame. «Tu fais ressurgir de mauvais souvenirs», lance l'ancien coach du FC Sion quand on l'appelle pour parler de cet attaquant qui, le 24 novembre 2019, avait climatisé Tourbillon en inscrivant deux buts dans les trois premières minutes de jeu.
Le Camerounais avait encore inscrit le 3e à la 26e minute et s'il n'a pas marqué le 4e but bernois cet après-midi-là, c'est uniquement parce qu'il avait été remplacé plus tôt dans la partie. «Ce qui est très compliqué avec lui, c'est qu'il est toujours bien placé dans la surface. Il reçoit des ballons dans des endroits auxquels les défenseurs ne songent même pas, analyse l'autre Christian de Tourbillon. Il est capable de se déplacer dans ton dos d'un seul coup, juste quand tu viens de l'oublier. C'est un joueur imprévisible.»
«Le meilleur moyen de ne pas se faire surprendre, c'est donc d'être très réactif au début de l'action en empêchant ses coéquipiers de le trouver», insiste Zermatten, faisant ainsi écho au sens de l'anticipation prôné par Sejmenovic.
Une stratégie qui nécessite un esprit de sacrifice collectif. «Les milieux de terrain sont très importants pour éviter les ballons dans les pieds de Nsame, car il peut facilement se tourner en s'appuyant sur vous. C'est donc un vrai travail d'équipe, et l'entente entre les deux centraux est primordiale», insiste Mustafa Sejmenovic.
Il arrive, bien sûr, que toutes les précautions ne suffisent pas et que Nsame reçoive le ballon. Dans ce cas, «il ne faut surtout pas aller au duel en le collant», prévient Tibert Pont, qui a côtoyé Nsame dès son arrivée en Suisse en 2016. «Comme c'est un monstre physiquement, il utilise le corps du défenseur pour le contourner et ensuite, ça devient très compliqué. Il faut donc garder une distance de bras, disons 1m, et être bien bas sur ses appuis afin de ne pas le laisser se retourner.»
Yverdon-Sport ferait bien de ne pas concéder trop de coups de pieds arrêtés dans sa moitié de terrain ce dimanche, histoire de ne pas s'exposer à la foudre verte, mais il aurait tort aussi d'avoir peur. «Jouer face à Nsame, c'est un défi à relever et c'est super intéressant», souligne Sejmenovic, qui n'a jamais rien eu à reprocher au buteur dans l'attitude. «Il est déterminé et agressif, mais jamais malhonnête. C'est un gentleman sur le terrain.» «Un mec hyper gentil et respectueux», ajoute Tibert Pont.
Si «JP» Nsame trouve une nouvelle fois le chemin des filets au Municipal, il deviendra avec 112 buts le meilleur scoreur de l'histoire de la Super League devant Marco Streller. A 31 ans, il aurait ensuite tout l'avenir devant lui pour améliorer cette marque et devenir ce joueur dont les défenseurs du championnat parleront à leurs enfants plus tard, mais jamais avant de s'endormir le soir.