Pour la première fois de l'histoire, un club de football a dépensé plus d'un demi-milliard lors d'une seule période de mercato. Car avant de recruter Alexander Isak (Newcastle) pour 144 millions lundi, Liverpool en avait déjà déboursé 125 pour Florian Wirtz (Bayer Leverkusen) et 95 pour Hugo Ekitike (Eintracht Francfort) notamment. Il s'agit des trois plus gros chèques de l'histoire du club. Une anomalie quand on sait que les Reds ont vécu trois dernières fenêtres de mercato particulièrement calmes et qu'ils ont été les moins dépensiers du Big 6 anglais ces dix dernières saisons.
Pourquoi un tel investissement alors? Liverpool est-il devenu dépensier, voire flambeur? Pas du tout, selon son PDG Billy Hogan. «Ça ne s'est pas fait du jour au lendemain, c'est le fruit de plusieurs années de travail», a assuré le dirigeant, cité par The Athletic.
Si le club de la Mersey a pu acheter autant, c'est d'abord parce qu'il a beaucoup et bien vendu cet été, avec notamment les départs de Luis Diaz au Bayern (70 millions), Darwin Nunez à Al-Hilal (53 millions) ou encore Jarell Quansah au Bayer Leverkusen (35 millions). Au final, le LFC a encaissé 239,2 millions d’euros grâce aux ventes, auxquels s’ajouteront les 40 millions de l’option d’achat déjà fixée par Aston Villa pour Harvey Elliott.
Or comme le rappelle L'Equipe, «ces rentrées d'argent apparaîtront directement dans les comptes du club, alors que les coûts des recrues seront, eux, amortis sur l'ensemble de la durée de leur contrat respectif.» Dans le cas d'Isak, qui a signé jusqu'en 2031, les 144 millions dépensés pèsent en réalité 24 millions par an dans les comptes.
Ce montage «classique» permet à Liverpool de ne pas enfreindre le PSR («Profit and Sustainability Rules»), le fair-play financier anglais qui oblige les clubs à ne pas dépasser 122 millions d'euros de pertes sur trois ans.
Mais le club d'Anfield n'a pas seulement gagné de l'argent en vendant. Il en a aussi touché grâce à ses résultats. Son titre de champion la saison dernière et sa participation à la lucrative Ligue des champions lui ont ainsi rapporté 296 millions de primes la saison dernière. L'agrandissement de son stade (passé à 61 000 places) lui offre également 6 millions d’euros à chaque match à guichets fermés, sans compter la hausse du montant des droits TV, le partenariat signé avec Adidas (60 millions d'euros par an sur cinq ans) ou encore les bénéfices du merchandising à travers le monde.
Enfin, les dépenses doivent être vus comme un investissement pour un futur à la fois proche et lointain:
Cette stratégie apporte à la fois une nouvelle rivalité aux cadres historiques du vestiaire, comme Virgil Van Dijk (34 ans), Mohamed Salah (33) ou Alisson Becker (32), ce qui pourrait les rendre encore meilleurs, tout en permettant aux dirigeants d'intégrer de nouveaux talents, capables à l'avenir de prolonger le début de règne de Liverpool en Premier League. Ceci à condition bien sûr que l'entraîneur Arne Slot soit capable de faire cohabiter tout ce beau monde, donc de ménager les égos. C'est un autre prix à payer pour avoir du succès sur le long terme.