Pourquoi les joueurs de NHL vont toucher 105% de leur salaire
En NHL, il ne se passe pas seulement des choses intéressantes sur la glace: les coulisses juridiques offrent régulièrement de vrais feuilletons, où des sommes colossales sont en jeu. Après des années durant lesquelles les joueurs devaient de l’argent aux propriétaires des franchises, la situation semble désormais s'inverser. L’un des mots-clés de ce système s’appelle le compte escrow. On vous explique de quoi il s’agit.
Qu’est-ce que le compte escrow?
Le contrat de travail actuellement en vigueur en NHL prévoit que tous les revenus liés au hockey – c’est-à-dire l’argent généré par la vente de billets, les droits TV, la restauration... – soient partagés à parts égales entre les joueurs, via les salaires, et les propriétaires.
En théorie, l’équation paraît simple. En pratique, c’est plus compliqué. Les salaires des joueurs représentent un montant fixe chaque saison, alors que les revenus des équipes fluctuent d’une année à l’autre, notamment ceux des clubs canadiens, fortement influencés par le taux de change avec le dollar américain. C’est là qu’intervient le mécanisme escrow.
Pour éviter que les joueurs ne perçoivent une part trop importante du gâteau, une portion du salaire est placée chaque année sur un compte séparé géré par un tiers: le dépôt fiduciaire ou compte escrow. Par le passé, plus de 10% du montant pouvait ainsi être retenu.
La NHL détermine le pourcentage que les joueurs doivent céder en se basant sur une estimation des revenus totaux des équipes. Plus tard, lorsque les chiffres exacts sont connus, l’argent mis en réserve est redistribué entre joueurs et propriétaires afin de respecter le partage 50/50. Si les revenus réels sont inférieurs aux prévisions, la majeure partie du fonds revient aux propriétaires pour combler le manque. Si les revenus dépassent les attentes, les joueurs récupèrent l’argent retenu.
Pourquoi les joueurs avaient-ils des dettes importantes?
La raison principale remonte à la pandémie de Covid-19. Comme expliqué plus haut, les salaires des joueurs dépendent directement des revenus générés par les équipes. Or durant la pandémie, ceux-ci ont fortement chuté: le calendrier a été réduit et les matchs se sont longtemps déroulés sans spectateurs.
Avant la reprise des séries éliminatoires, à l’été 2020, la NHL – c'est-à-dire les propriétaires, représentés par le commissaire Gary Bettman – et le syndicat des joueurs ont dû trouver un accord. Les joueurs ont alors accepté qu’une part plus élevée de leurs salaires soit placée sur le compte escrow au cours des saisons suivantes, afin de compenser les pertes financières des équipes.
Pour la saison 2020/2021, le taux a ainsi été établi à 20%. Il devait ensuite diminuer progressivement. Durant les exercices marquées par le Covid, les joueurs ont en quelque sorte contracté une dette: ils ont continué à toucher une grande partie de leurs salaires, pendant que les revenus des équipes s’effondraient. L'augmentation du dépôt fiduciaire a servi à rembourser cette dette.
Les joueurs voient-ils enfin leur argent revenir?
Oui. L'activité de la NHL est à nouveau si florissante que toutes les dettes des joueurs envers les propriétaires ont déjà été remboursées. Comme l’a indiqué le célèbre reporter Elliotte Friedman en début de saison, les joueurs peuvent s’attendre à récupérer l’intégralité des montants déposés pour les saisons 2022/2023 et 2023/2024.
Et les perspectives sont encore meilleures pour la saison en cours, comme l’a expliqué l’agent Allan Walsh dans son podcast Agent Provocateur. «Les équipes gagnent actuellement tellement d’argent qu’elles devront probablement émettre des chèques supplémentaires en fin de saison afin de garantir la répartition 50/50», a-t-il déclaré. Walsh estime qu’au terme de la saison 2025/2026, les joueurs pourraient toucher environ 105% de leur salaire contractuel.
Comment le plafond salarial va-t-il évoluer?
Dans le même épisode, Allan Walsh aborde également l’évolution à venir du plafond salarial. Fixé actuellement à 95,5 millions de dollars, le salary cap devrait atteindre 104 millions lors de la saison 2026/2027, puis 113,5 millions un an plus tard, selon les projections initiales de la NHL et du syndicat des joueurs.
Pour Walsh, cette hausse reste cependant insuffisante au regard de la croissance continue des revenus des franchises. L’agent estime que le plafond pourrait dépasser les 120 millions de dollars d’ici deux ans. «Des general managers me le confirment, assure-t-il. Certains, qui riaient encore il y a quelques mois lorsque j’évoquais la barre des 120 millions, me disent aujourd’hui qu’il est même possible d’aller au-delà.»
