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«Raciste, sexiste et homophobe»: Gattuso se fait dézinguer en Espagne

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«Raciste, sexiste et homophobe»: Gattuso se fait dézinguer en Espagne

Le coach italien est très attendu à Valence, mais pas par tout le monde: une partie des supporters ne lui a pas pardonné ses prises de position tenues par le passé.
07.06.2022, 11:4807.06.2022, 12:42
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Il y a pile un an, alors pressenti pour devenir le nouvel entraîneur de Tottenham, Gennaro Gattuso avait été écarté de la course au poste après que les fans des Spurs avaient manifesté contre sa venue. Ceux de Valence ont fait pareil ce week-end et pour les mêmes raisons, mais cette fois sans le même résultat, puisque les dirigeants ibères n'ont pas renoncé à l'idée de recruter le coach italien. La Gazzetta dello Sport annonce même qu'un contrat de deux ans a déjà été signé.

La liste des reproches adressés au champion du monde 2006 est longue et sévère. Certains supporters de football le disent homophobe, xénophobe, machiste et sexiste. En Espagne, ces accusations sont relayées par Miguel Zorio, opposant notoire aux dirigeants de Valence et porte-parole de «Marea valencianista», une plate-forme militant «pour la défense du patrimoine historique, sportif et économique du club». Le groupe s'est positionné publiquement contre la venue de Gattuso sur les réseaux sociaux.

Pour comprendre une telle défiance, il faut remonter le cours de l'histoire, et chercher les déclarations de Gattuso qui ont déclenché la polémique, et durement terni sa réputation.

Ces déclarations sont au nombre de trois. Les voici:

«Je ne vois pas de place pour les femmes dans le football»
En 2013, lorsque Barbara Berlusconi, sous l'impulsion de son père Silvio, a été nommée vice-présidente du Milan AC.
«Combien de fois les Blancs ont-ils été sifflés? Ça m'est arrivé mais je n'y ai pas accordé d'importance. Boateng s'est certainement senti offensé, mais je ne vois toujours pas de racisme. C'est juste le geste d'une minorité d'idiots»
En 2013, toujours, après que Boateng a été sifflé par le public de Pro Patria lors d'un match amical avec Milan. Le joueur avait quitté le terrain, et toute son équipe l'avait suivi.
Kevin-Prince Boateng (à dr.), retenu par son coéquipier Mathieu Flamini, répond aux sifflets et aux insultes du public adverse avant de quitter le terrain, le 3 janvier 2013.
Kevin-Prince Boateng (à dr.), retenu par son coéquipier Mathieu Flamini, répond aux sifflets et aux insultes du public adverse avant de quitter le terrain, le 3 janvier 2013.
«Le mariage à l'église devrait se faire entre homme et femme, même si nous sommes en 2008 et que chacun fait ce qu'il veut (...) Pour quelqu'un qui a la foi, le mariage homosexuel est très étrange»
Déclaration faite il y a 14 ans, alors que Gattuso était encore un footballeur du Milan.

Sans club depuis son départ de Naples puis son aller-retour express à la Fiorentina, Gennaro Gattuso a rejeté toutes les accusations faites contre lui en expliquant que sa déclaration au sujet des femmes dans le football visait à défendre Adriano Galliani, dont le travail n'avait pas été considéré à sa juste valeur (l'arrivée de Barbara Berlusconi avait réduit les prérogatives de Galliani). Il a ensuite ajouté: «On dit que je suis raciste: alors pourquoi j'ai fait venir Bakayoko à Naples? Je n'ai jamais rien eu contre les joueurs noirs. Beaucoup d'entre eux étaient des coéquipiers et amis.»

Tiémoué Bakayoko a lui-même réagi dans une story sur son compte Instagram en prenant le parti de son ancien entraîneur, rejetant toute accusation de racisme.

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Image: Instagram

«Rino» Gattuso craint désormais moins le défi sportif qui l'attend à Valence (9e de Liga la saison dernière) que la réputation qui l'escorte et qu'il trouve inexact, donc injuste.

L'Italien explique dans la Gazzetta dello Sport qu'il ne souhaite pas que sa carrière soit entravée par des «lions du clavier» (réd: une expression italienne signifiant les haters des réseaux sociaux), des gens qui ne savent rien de lui, ni de son histoire. Celle, rappelle-t-il, d'un gars de Calabre, qualifié de «terrone» (terme péjoratif désignant les gens du sud) dans tous les stades du pays. «En tant que raciste, je ne serais pas très crédible», finit-il par dire.

(jcz)

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