D'Argentine en Suisse. D'un style de football «sauvage» en Amérique du Sud à un jeu très rigide tactiquement et axé sur la technique en Europe. Ces jours, Lucas Blondel vit un choc culturel à plusieurs niveaux.
Ce mardi soir à Saint-Gall (20h45), lorsqu'il entrera pour la première fois dans un stade suisse en tant que joueur de l'équipe nationale, le latéral droit devrait connaître un nouveau choc: seulement 7600 billets ont été vendus les jours précédant ce match amical contre le Luxembourg. On s'achemine vers un record négatif depuis novembre 2018 et un duel contre le Qatar à Lugano (un peu plus de 4000 spectateurs).
Un choc, oui, car Lucas Blondel, titulaire dans le mythique club argentin de Boca Juniors, dispute chaque match à domicile devant 54 000 personnes en fusion. Elles se regroupent dans la légendaire Bombonera (la bonbonnière, en français), un stade situé dans le quartier du port de Buenos Aires. La légende brésilienne, Pelé, en avait gardé un souvenir impérissable:
Lorsqu'on lui demande comment il décrirait lui-même l'atmosphère de La Bombonera, Blondel répond:
Lucas Blondel n'est pas un nouveau venu typique en équipe nationale. Il y a déjà son âge élevé pour une première: 28 ans, même s'il paraît beaucoup plus jeune. Il y a aussi son histoire familiale: une naissance en Argentine, d'un père suisse et d'une mère argentine, où il a ensuite grandi. Et puis il y a son employeur, Boca Juniors, le club de Maradona.
Si on qualifie Granit Xhaka et Manuel Akanji, les leaders de la Nati (absents pour ce rassemblement), d'ambassadeurs de la Suisse sur la scène mondiale du football, alors il faut aussi tout de suite inscrire Blondel sur cette liste.
Car Boca Juniors est une marque planétaire: l'écurie jaune et bleu compte environ 320 000 membres. Seuls trois clubs sur le globe en ont plus. Quand on a demandé à Davide Callà, le nouvel entraîneur adjoint de la Nati, dans quelle mesure Blondel devait s'adapter au football européen, sa réponse a été:
Dimanche 16 mars, alors que le néo-international s'apprêtait à rejoindre la Nati juste après un match à domicile avec Boca, une chaîne de télévision locale l'a filmé en train de monter l'escalator jusqu'à la porte d'embarquement. Blondel a fait un timide signe à la caméra. Presque comme s'il s'excusait d'avoir quitté l'univers Boca pour quelques jours.
Mais le latéral droit l'assure: sa convocation en équipe de Suisse est la réalisation d'un rêve qu'il caresse en secret depuis longtemps.
Son regard doux et sa voix calme sont l'expression de son caractère tranquille. Une impassibilité qui doit sûrement lui être utile au quotidien, dans cette folie qui saisit Buenos Aires dès qu'il s'agit de ballon rond. Il raconte:
La réponse de Lucas Blondel à un journaliste suisse lui demandant s'il pouvait lui rendre visite à Buenos Aires va dans le même sens:
Le défenseur de Boca et de la Nati souhaite-t-il un jour jouer dans un club européen? Peut-être même en Suisse, où son père, professeur de tennis à Neuchâtel, habite désormais?
Il est visiblement surpris par la question.
Avant de rentrer en Argentine, Lucas Blondel veut faire forte impression ce mardi, histoire d'être à nouveau appelé par Murat Yakin pour les prochains rassemblements de la Nati. S'il montre, contre le Luxembourg, l'élan offensif et la dureté dans les duels qui lui ont valu un contrat avec le légendaire club de Buenos Aires, il y a de fortes chances pour qu'on le revoie avec le maillot rouge à croix blanche.
Traduction et adaptation en français: Yoann Graber