La Bernoise perdait beaucoup de temps au départ, elle déclenchait son impulsion trop tôt, selon ses entraîneurs. Alors son petit ami, ingénieur diplômé et menuisier occasionnel, lui a construit un portillon de départ dans le jardin, avec une rampe de lancement.
Les mesures respectent scrupuleusement les standards de la Coupe du Monde: longueur, inclinaison, angle. Les planches sont recouvertes d'un tapis en plastique que Joana Hählen arrose avant chaque séance (10 à 15 départs par jour). Son entraîneur Cristian Locher constate (dans le Tages Anzeiger) que la Bernoise a énormément progressé.
Sur le parcours construit par son frère à Villars-sur-Ollon, la championne du monde de skicross reproduit des conditions de course, à tout le moins des mouvements mécaniques. Même type de virages, même type de topographie, même recherche d'équilibre. Seule la vitesse change.
La pente ne donne pas le vertige, mais c'est l'intention qui compte. Et la répétition des mouvements, une fois encore.
Un tapis pour la piste, un écran pour les piquets. La vitesse et la déclivité sont réglables. Pour faire ses gammes de slalomeuse, Mélanie Meillard fréquente la Loco Ski Academy de Saxon, première piste de ski indoor en Suisse (pour les amateurs, comptez 100 francs l'heure).
Pour la jeune retraitée, une piste de ski reste une piste de ski...
Quand l'hiver tarde à venir (ou quand une pandémie empêche d'aller à sa rencontre), Adelboden crée un bout de piste pour l'élite suisse, à partir d'une neige de culture. Le segment n'est pas très long mais il suffit à échauffer les esprits et reconfigurer les muscles.
On en croise chaque été, toujours plus. Ce type de pratique n'est plus exotique, ni réservé à des athlètes désoeuvrés: il est devenu un sport à part entière (bonne anticipation du réchauffement climatique).