La nostalgie à l'état pur. Voilà qu'après la victoire de l'équipe nationale face au Kazakhstan mardi (3-2), un gardien en sueur portant le numéro 26 (comme Martin Gerber autrefois) et parlant l'allemand de l'Emmental (comme Martin Gerber autrefois) vient raconter son aventure. Gerber a disputé 46 matches de Coupe du monde pour la Suisse, y compris la finale de 2013. Il a remporté la Coupe Stanley en NHL et est devenu millionnaire en dollars.
Six ans après avoir décidé d'arrêter le hockey, Sandro Aeschlimann (27 ans) a disputé son premier match de Championnat du monde. Dans des conditions très délicates: tout le monde s'attendait à une victoire contre le Kazakhstan, et c'est avec «un hockey de cour de récréation» que ses coéquipiers se sont rués vers l'avant, insouciants, contre cet «adversaire d'opérette». Malgré une supériorité dans les chiffres (43 tirs au but à 14), les Suisses ne se sont jamais mis à l'abri et n'ont gagné que chichement.
La raison de ce résultat serré est, outre une gestion négligente des occasions de but, deux réussites encaissées (la première même en supériorité numérique) auxquelles Sandro Aeschlimann n'est pas tout à fait innocent. Il est d'accord:
Le gardien ne se laisse pas déstabiliser. Comme Martin Gerber, c'est un combattant par nature, avec l'ADN d'un Emmentalois de souche. Alors qu'il n'était même plus considéré comme apte à jouer chez les juniors à Langnau, il a évolué deux ans en Autriche et trois ans en Amérique du Nord dans le hockey junior et universitaire.
A son retour en 2016, il a obtenu sa chance dans l'équipe ferme de Zoug. Fabio Kläy, le frère du chef sportif Reto Kläy, faisait partie de ses meilleurs collègues. «C'est comme ça que j'ai entendu parler du projet zougois. Je ne voulais tout simplement pas renoncer à mon rêve d'enfant et j'ai tenté ma chance une nouvelle fois. A l'époque, je ne pensais pas que six ans plus tard, je participerais à mon premier match de Coupe du monde.»
En été 2019, Sandro Aeschlimann a déménagé à Davos. Il n'avait aucune chance à Zoug. Et c'est ainsi qu'il est devenu le numéro 1 dans les Grisons et le numéro 3 de la Suisse à Helsinki. Pour l'instant le numéro 3, car les deux titans Leonardo Genoni et Reto Berra auront 36 ans l'année prochaine. La Suisse leur cherche déjà un successeur.
Le gardien du HCD ne sera peut-être pas le prochain Leonardo Genoni. Mais pourquoi pas le prochain Martin Gerber?
Il reste du temps à Aeschlimann pour grandir, et à l'équipe de Suisse pour gagner en sérénité dans ce tournoi. L'entraîneur national Patrick Fischer a pu mettre en garde et avertir ses joueurs autant qu'il le voulait, les Suisses n'ont pas pris le Kazakhstan tout à fait au sérieux mardi. Il a suffi d'un peu d'insouciance défensive pour que le score, soudain, devienne serré. Maintenant, tout le monde sait à nouveau que nous devons considérer chaque adversaire.
À commencer par la Slovaquie, que la Suisse affronte ce mercredi (19h20) avec ses hommes forts comme Denis Malgin, l'un des meilleurs techniciens de ce Championnat du monde.
Adaptation en français: Julien Caloz