Marco Bayer a été promu de manière inattendue, passant le 28 décembre 2024 du poste d’entraîneur principal des GCK Lions à celui des ZSC Lions, après le retour au Canada, pour raisons de santé, de l’emblématique Marc Crawford. Un défi de taille. Or quatre mois plus tard, Bayer s’est retrouvé au sommet. Il a d’abord remporté la Champions Hockey League, avant de conserver le titre que Zurich avait décroché la saison précédente en National League.
L’équipe est tellement équilibrée et talentueuse que le directeur sportif Sven Leuenberger n’a eu qu’à effectuer quelques ajustements mineurs lors du mercato estival. Le seul transfert suisse important est l’arrivée de Thierry Bader en provenance de Berne. Sereins, Leuenberger et Bayer peuvent s'appuyer sur la concurrence interne: l'équipe ferme empêche toute forme de relâchement chez les remplaçants. Bref, les ZSC Lions disposent de tout ce qu’il faut pour défendre leurs couronnes.
Celui qui débarque en sauveur, remporte le championnat et la Champions League mérite la note maximale. Point final. Pourtant, une question demeure: Marco Bayer, après ses débuts aussi brillants à Zurich, saura-t-il s’imposer durablement en saison régulière?
Sa compétence ne fait aucun doute. Par sa rigueur et son professionnalisme, il rappelle un peu le grand Scotty Bowman. Mais saura-t-il, avec le calme issu de la certitude d’avoir tout mis en œuvre pour réussir, et en plaçant le bien-être des joueurs avant son ego, compenser un possible déficit de charisme? C’est là toute la question.
Rien n’a changé, et il n’y a aucune raison que Simon Hrubec ne devienne pas à nouveau un héros, tant sur la scène nationale qu’européenne. Quant à Robin Zumbühl, il demeure un second couteau fiable.
Si l'on gagne des matchs grâce à l’attaque, on remporte des championnats avec la défense.
La preuve: cela fait trois ans que les ZSC Lions affichent la meilleure défense de la saison régulière. Aucun autre groupe ne peut s’appuyer sur autant de grandes personnalités: les médaillés d’argent au Mondial Dean Kukan et Christian Marti, le vétéran charismatique Yannick Weber ou encore le capitaine éternel Patrick Geering. Le risque que le laxisme ou un manque de discipline nuise à cette stabilité reste faible.
Le fait que les ZSC Lions aient été la deuxième et troisième attaque de la ligue les deux dernières saisons ne s’explique pas par un manque de talent. Lorsqu’il est en forme, Denis Malgin est sans doute l’attaquant le plus spectaculaire et élégant hors NHL. Quant à Sven Andrighetto, il fait partie des meilleurs buteurs. Ils ont tous les deux prouvé leur valeur avec l'équipe nationale.
L’attaque zurichoise ne mise pas sur le spectacle ou le rendement maximal, mais sur un bon équilibre entre différents types de joueurs. Cela demande un peu moins d’égo et plus d’intégration au système, ainsi qu’une prise de responsabilité défensive. C’est ce qui fait la différence dans les matchs décisifs, quand il faut user un adversaire ou briser une résistance acharnée, notamment en play-offs. Pourquoi pas la note maximale? Parce que la puissance et la présence du titan finlandais Juho Lammiko (qui a rejoint New Jersey en NHL) et l’énergie tenace de Vinzenz Rohrer (lui aussi parti en Amérique du Nord) n’ont pas été entièrement remplacées.
Construire une enceinte sportive à Zurich relève du casse-tête. Pourtant, les ZSC Lions ont réussi cet exploit, en finançant et bâtissant l’une des meilleures arènes de hockey en Europe. Le club bénéficie de solides connexions politiques et d’un véritable réseau économique. Sans souci financier, il gère la plus grande organisation de jeunes du pays et investit intelligemment dans une équipe ferme. Des professionnels compétents occupent tous les postes de direction, conscients que ni l’argent ni les infrastructures ne garantissent le succès, mais bien des leaders à la hauteur.
En résumé: le club excelle depuis des années. Ce n’est pas une garantie pour défendre un titre, mais c’est l’assurance que tout sera mis en œuvre pour décrocher un troisième championnat consécutif.
Pourquoi pas la première place? Ce serait pourtant logique avec une telle évaluation. Mais après deux titres, une certaine forme de satiété s’installe, même dans une culture de haute performance. Pour devenir ou rester champion, il n’est pas toujours nécessaire de se surpasser chaque soir, de septembre à mars. Mais en play-offs, Zurich fera le job et ira chercher le trois à la suite.