Le match n'était pas forcément beau à voir mais eux, oui. Grâce à leur technique au-dessus de la moyenne et, surtout, à leur volonté de se porter vers l'avant en créant du jeu, le hockeyeur Denis Malgin et le football Marley Aké ont tous les deux illuminé une rencontre de championnat qui peinait à décoller, ce week-end en Suisse romande.
On était dans les tribunes de la Vaudoise aréna, samedi soir pour assister à ce qu'on croyait être un choc au sommet entre le leader lausannois et son dauphin zurichois. Mais la partie a été décevante, le LHC n'ayant pas été capable de prendre le meilleur sur des visiteurs diminués. Il s'est pourtant passé beaucoup de choses sur la glace, surtout lorsque Denis Malgin y était.
Doté d'une technique hors du commun et d'une vitesse de patinage tout aussi exceptionnelle, le Topscorer zurichois a plusieurs fois effacé toute la défense vaudoise. Le commentateur alémanique de MySports, situé tout près de nous, a fini par comparer l'un de ses solos au slalom des Mondiaux de ski alpin. Magique.
Il faut chérir ce genre de joueurs, car ce sont eux qui donnent encore envie aux supporters de payer leur déplacement et leur billet plutôt que de suivre les matchs sur les chaînes privées, même en plein hiver, même quand il ne fait que cinq degrés un dimanche après-midi pour Yverdon-St Gall. C'était dimanche au Municipal, et c'est le match que nous avions choisi de suivre au stade.
L'idée était éventuellement d'assister au record de buts inscrits par Jean-Pierre Nsame en Super League (il en est à 111, à égalité avec Marco Streller). Mais le buteur saint-gallois était remplaçant au coup d'envoi et sitôt après son entrée en jeu, son équipe a été réduite à dix, si bien qu'il n'a jamais pu peser sur la rencontre. Au lieu de Nsame, c'est donc Marley Aké qu'on a vu, beaucoup vu même, et ce depuis le début du match.
Intenable sur son aile droite, il a constamment cherché à provoquer, à percuter, à affronter les défenseurs alémaniques. Comme Malgin, sa vision du jeu, sa technique et sa vitesse d'exécution ont fait des merveilles.
A la fin du match, on a été remercier ce joueur qui nous a fait passer un très bel après-midi en illuminant une rencontre bien pauvre en occasions. On lui a dit qu'il nous a fait penser à Denis Malgin et c'est lui cette fois qui nous a dit merci.
Ce footballeur plus timide avec les mots qu'avec les pieds a ensuite parlé du travail nécessaire pour développer ses qualités. «Il faut avoir la base créative, un peu de vista et ensuite bosser au maximum les un contre un et les dribbles à l'entraînement.» Il nous a aussi dit qu'il devait être assez malin pour varier son jeu. «Il faut savoir quand attaquer et quand mettre le ballon en retrait, car si on ne change jamais de registre, on devient prévisible.» Il a enfin remercié son coach Paolo Tramezzani pour la liberté qu'il lui concède en phase offensive. «Il me dit d'essayer de créer, de faire mon jeu.»
Marley Aké, 24 ans, était un grand espoir du football à Marseille et à la Juventus. Il rêve toujours de rejouer dans un grand club européen un jour, et c'est aussi ce qu'on lui souhaite, parce que même s'il nous faudra faire un peu plus de trajet pour le voir évoluer, on est certain que ça en vaudra la peine.