Lorsque Los Angeles a accueilli les Jeux en 1932, elle disposait d’un vaste réseau de transport public, avec des bus et des tramways électriques. Aujourd’hui, les trolleys ont disparu depuis longtemps, les usagers disent que les bus de la ville n’arrivent pas à l’heure prévue et que les arrêts sont sales. Que s’est-il passé?
Les transports sont une priorité essentielle dans toute ville, et en particulier à Los Angeles, qui a toujours été une métropole tentaculaire. Dans les années 1930, la ville disposait d’un réseau de transport public dynamique, avec plus de 1600 kilomètres de tramways électriques, exploités par deux compagnies. Le système n’était pas parfait, loin s’en faut. De nombreuses personnes estimaient que les tramways n’étaient pas pratiques et qu’ils étaient malsains lorsqu’ils étaient bondés. En outre, ils étaient lents parce qu’ils devaient partager la route avec les automobiles.
Avec la généralisation de l’automobile et l’augmentation de l’encombrement des routes, la durée des trajets s’est allongée. Ce qui n’a pas empêché de nombreux habitants de Los Angeles d’emprunter ces tramways, en particulier pendant la Seconde Guerre mondiale, lorsque l’essence était rationnée et que les usines automobiles se consacraient à la production de véhicules militaires.
La fin de la guerre a marqué la fin des tramways à Los Angeles. Entre-temps, l’effort de guerre avait transformé les compagnies pétrolières, les fabricants de pneus et les constructeurs automobiles en mastodontes. Ces industries avaient désormais besoin de nouveaux acheteurs pour les produits qui sortaient en masse des énormes usines qu’elles avaient construites pour la production militaire. Les civils et les soldats, de retour au pays, étaient fatigués du rationnement et des privations de la guerre, et ils voulaient dépenser de l’argent pour des biens tels que les voitures.
Après des années d’utilisation intensive pendant la guerre, le réseau de tramways de Los Angeles avait besoin d’une modernisation coûteuse. Plutôt que d’entreprendre celle-ci, la majeure partie du réseau fut vendue, au milieu des années 1940, à une société appelée National City Lines. Celle-ci appartenait pour partie au constructeur automobile General Motors, aux compagnies pétrolières Standard Oil of California et Phillips Petroleum, ainsi qu’à la société de pneumatiques Firestone.
Ces puissantes forces n’avaient aucune raison d’entretenir ou d’améliorer l’ancien système de tramways électriques. National City a d’ailleurs arraché les voies et remplacé les tramways par des bus construits par General Motors, équipés de pneus Firestone et fonctionnant à l’essence. Il existe un débat académique de longue date quant au fait de savoir si les intérêts privés de ces sociétés ont tué le réseau de tramway de Los Angeles de façon délibérée ou non.
Ce qui est incontestable, c’est qu’à partir du milieu des années 40, de puissantes forces sociales ont transformé la ville de sorte que les banlieusards n’avaient plus que deux choix: conduire ou prendre un bus public. En conséquence, Los Angeles est devenue tellement encombrée par la circulation qu’il fallait souvent des heures pour traverser la ville.
En 1990, le Los Angeles Times a rapporté que les gens prenaient des réfrigérateurs, des bureaux et des télévisions dans leurs voitures pour faire face aux embouteillages. De nombreux films, de «Chute libre» à «Clueless» en passant par «La La Land», ont mis en scène le défi de taille que représente la conduite à Los Angeles.
Déjà en 1984, autre année où Los Angeles a accueilli les Jeux d’été, la circulation routière était un sujet de préoccupation, mais ceux-ci se sont finalement déroulés sans encombre.
Sauf que les Jeux de 2028 verront la participation d’environ 50% d’athlètes supplémentaires, ce qui signifie des milliers d’entraîneurs, de familles, d’amis et de spectateurs en plus. Il ne suffit donc pas de dépoussiérer les plans d’il y a 40 ans pour que cela fonctionne.
Aujourd’hui, Los Angeles reconstruit lentement un système de transport public plus robuste. En plus des bus, la ville compte désormais quatre lignes de métro léger – le nouveau nom des tramways électriques – et deux métros. Nombre d’entre eux suivent les mêmes itinéraires que les trolleys électriques d’autrefois.
Trois améliorations majeures sont prévues pour les Jeux olympiques.
Je m’attends à ce que les organisateurs réussissent à organiser des Jeux olympiques sans voiture, tout simplement en rendant les conditions de circulation et de stationnement si épouvantables pendant les Jeux que les gens seront obligés de prendre les transports en commun pour se rendre sur les sites sportifs de la ville. Toutefois, une fois les JO terminés, il est probable que la majeure partie de Los Angeles revienne rapidement à ses habitudes centrées sur la voiture.
Cet article a été publié initialement sur The Conversation. Watson a changé le titre et les sous-titres. Cliquez ici pour lire l'article original