Une scène surprenante s'est jouée quelques instants avant la fin du GP du Japon, organisé dimanche sur le circuit de Motegi. Alors qu'il s'apprêtait à franchir la ligne d'arrivée à la 11e position, Fabio Quartararo a entendu son moteur toussoter, signe que son réservoir était vide. Le pilote de MotoGP s'est relevé, furieux, et s'est fait doubler par Johann Zarco.
«On est encore tombé en panne d'essence», a ruminé le pilote de Yamaha après la course, faisant référence au même épisode survenu il y a deux semaines à Misano. Le Niçois avait calé dans le dernier tour et avait perdu deux places (7e).
L'envoyé spécial de Canal plus a cherché à en savoir plus auprès du pilote. Il l'a questionné sur une possible stratégie d'équipe, suggérant que Yamaha avait modifié sa machine pour être plus performant. La thèse est crédible, «car avec l'électronique, les ingénieurs peuvent changer de nombreux réglages sur la moto en pleine course», intervient Jean-Claude Schertenleib, journaliste spécialisé et consultant pour la RTS. Il rappelle que le week-end précédent en Indonésie, Ducati avait «réduit volontairement la puissance du bolide de Pecco Bagnaia, car l'écurie italienne n'était pas certaine que son pilote puisse terminer la course avec l'essence dont il disposait».
Il est tout à fait possible que Yamaha ait procédé à un réglage en pensant à tort que son pilote pourrait franchir la ligne, dimanche au Japon. L'écurie se serait ainsi trompée dans ses calculs. Une hypothèse qui n'a fait qu'agacer un peu plus Fabio Quartararo au micro de Canal plus. «Je ne pense pas qu'en mettant une map (réd: les cartographies moteurs qui dictent par électronique le comportement de la moto) un tout petit peu différente, ça allait nous faire gagner grand-chose, surtout compte tenu de la position de ce week-end. Je ne pense pas qu'on devrait jouer autant avec la limite.»
Si les ingénieurs sont intervenus, il est surprenant qu'ils n'aient pas averti Fabio Quartararo, qui aurait pu se faire percuter par Johann Zarco. Ce dernier a raconté la scène ainsi: «Fabio a eu un problème d'essence juste après le dernier virage, c'était incroyable. J'ai essayé de bien sortir en me disant que j'allais avoir peut-être un peu plus de traction et là, sa moto s'est presque arrêtée.»
Yamaha a annoncé qu'elle allait mener ses propres investigations avant de communiquer sur ce raté, mais Jean-Claude Schertenleib estime dans tous les cas que «c'est une faute totale de l'écurie» et que cette erreur «illustre parfaitement l'état dans lequel sont aujourd'hui les constructeurs japonais (réd: Honda est aussi en difficulté) par rapport à la concurrence européenne: ils ne savent plus quoi faire.»
C'est d'ailleurs parce que Yamaha est dépassé par la concurrence que notre interlocuteur estime que l'écurie nipponne a bien fait de prendre des risques dans les réglages, si cette hypothèse se confirmait.
Fabio Quartararo ayant prolongé de deux saisons (2025 et 2026) son contrat chez Yamaha en avril dernier pour environ 25 millions d'euros par an, il sera peut-être le premier à bénéficier des réglages effectués cette saison par ses ingénieurs, quand bien même ça ne le consolera pas de sa mésaventure vécue ce week-end.