Deuxième du super-G de Cortina dimanche, Lara Gut-Behrami a récidivé mardi en géant du côté de Kronplatz, signant au passage son cinquième podium de l'hiver. Or la Tessinoise est toujours en attente d'une première victoire en Coupe du monde cette saison, contrairement à Camille Rast, honorée à Killington et Flachau.
Si la cheffe de file du ski suisse, deux gros globes à son compteur personnel, n'a plus rien à prouver à personne, il ne fait aucun doute, quand on connaît son caractère, que la skieuse de Comano est embêtée par ce succès qui tarde à venir. Lara Gut-Behrami est une perfectionniste. Une athlète qui attend toujours plus d’elle-même. Il n'y a qu'à voir, pour s'en convaincre, la moue qu'elle tirait mardi en franchissant la ligne d'arrivée, pourtant uniquement battue par Alice Robinson.
Mais malgré cette victoire qui lui a échappée, la Tessinoise a réalisé à Kronplatz une très belle opération en vue du classement général de la Coupe du monde. Puisque Federica Brignone et Sara Hector ont été toutes les deux piégées au même endroit, et que Camille Rast s'est contentée d'une neuvième place, Gut-Behrami s'est replacée de la quatrième à la deuxième position.
Federica Brignone semble néanmoins – avec ses quatre victoires et six podiums cet hiver – la mieux armée pour décrocher le gros globe de cristal en mars. Sauf qu'avec elle, c'est un peu tout ou rien sur les lattes en ce moment: des points en grande quantité ou l'abandon en géant, déjà trois en cinq courses cette saison.
Ces différents échecs reflètent le ski de la courageuse athlète du Val d'Aoste. Un ski dynamique, agressif et engagé. Jamais l'Italienne ne joue la carte de la sécurité. Le design tigré de son casque exprime d'ailleurs sa combativité: Brignone rugit et ne craint pas d'affronter les pistes qui se présentent à elle, avec cette insouciance et cette vivacité qui la caractérisent.
Brillante techniquement, Lara Gut-Behrami appartient également aux battantes et aux skieuses agressives. Mais elle est aussi adepte des dérives, son péché mignon en géant, et affiche en ce sens moins d'engagement que «Fede». Or cela a le mérite de lui offrir une certaine régularité. La Tessinoise a en effet terminé toutes les courses auxquelles elle a pris part cet hiver, son seul abandon – à Sölden en ouverture de la Coupe du monde – étant dû à ce forfait inattendu une heure avant le départ. En dehors de cela, Gut-Behram n'est sortie que deux fois du Top 10.
Cette régularité permet à la Suissesse, seule skieuse parmi les six premières du classement général à ne pas avoir encore gagné cette saison, de se maintenir dans la course au gros globe de cristal. Pourrait-elle en glaner un troisième sans avoir dominé une course de l'hiver? Oui, compte tenu du profil de son adverse directe, pouvant parfois l'amener à ne scorer aucun point, et des trois géants qu'il reste encore à courir cette saison.
Cependant, un tel scénario n'a jamais été vu sur le circuit de la Coupe du monde féminine. Et il faut remonter aux saisons 1991/1992 et 1992/1993 pour trouver trace de skieuses titrées en ayant peu gagné: Petra Kronberger et Anita Wachter, deux victoires chacune l'année de leur sacre.
Souhaitons davantage de succès à Lara Gut-Behrami lors des 13 courses de Coupe du monde restantes, en descente, super-G et géant, cette régularité devant tôt ou tard finir par payer, peut-être même dès ce week-end à Garmisch-Partenkirchen, là où la Tessinoise s'est imposée à quatre reprises en super-G.