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Ski alpin: Gisin veut une refonte totale du calendrier

Skiracer Michelle Gisin of Switzerland poses during a press conference at the FIS Alpine Skiing World Cup season opener, in Soelden, Austria, Thursday, October 24, 2024. (KEYSTONE/Jean-Christophe Bott ...
Les athlètes n'ont pas vraiment leur mot à dire sur le calendrier de la saison, estime la Suissesse.Keystone

Michelle Gisin: «Il faut une refonte totale du calendrier de ski»

La skieuse d'Engelberg entame déjà sa 13e saison en Coupe du monde, ce samedi à Sölden. Elle nous parle de ses objectifs, des critiques qui ont suivi son départ chez Salomon ainsi que du changement climatique.
26.10.2024, 07:03
Adrian Bürgler
Adrian Bürgler
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Michelle Gisin, vous vous êtes fiancé avec Luca De Aliprandini cet été. Avez-vous déjà réfléchi au nom sous lequel vous souhaiterez courir après votre mariage?
Nous verrons bien si je continue à participer à la Coupe du monde après mon mariage. Je pense que je garderais mon nom. Nous n'en avons pas encore discuté concrètement, mais en Italie, ce n'est plus un problème aujourd'hui, on garde simplement son nom de jeune fille.

Qui voyez-vous le plus souvent pendant la saison: votre fiancé, qui est aussi un skieur de haut niveau, ou Wendy Holdener?
Normalement, c'est Wendy. Mais à cause de sa blessure, c'était un peu bizarre la saison dernière. Au final, c'est toujours mon serviceman que je vois le plus souvent (rires). Nous sommes toujours ensemble.

C'est une situation étrange: vous exercez le même métier que Luca, mais vous ne le voyez pratiquement pas pendant la pratique de ce métier.
On s'y habitue avec le temps. Bien sûr, ce n'est pas facile. Si je pouvais mettre Luca dans mon sac toute la saison et l'avoir toujours avec moi, ce serait génial, surtout qu'il fait si bien la cuisine! (rires). C'est certainement ce qui me manque le plus en déplacement: Luca, mais aussi la famille et le fait d'être à la maison - avoir tout simplement le temps de faire ce dont on a envie sur le moment.

Avec quels objectifs entamez-vous votre 13e saison de Coupe du monde?
Trouver des objectifs et de la motivation, c'est la partie la plus difficile. J'ai trois médailles olympiques, deux médailles aux Mondiaux, au moins trois podiums dans chaque discipline, c'est plus que ce dont j'ai jamais osé rêver. Avant, on travaillait pour ces choses spécifiques. A Pékin, j'ai défendu mon titre olympique avec une seconde d'avance - c'est presque impossible de faire mieux. Il est difficile de se fixer des objectifs chiffrés.

«L'un de mes objectifs est de revenir au top en slalom géant et de retrouver les sensations d'un vrai bon slalom géant»
Michelle Gisin, of Switzerland, reacts during the medal ceremony after winning the bronze medal in the women's super-G at the 2022 Winter Olympics, Friday, Feb. 11, 2022, in the Yanqing district  ...
Gisin en larmes après avoir remporté la médaille de bronze olympique lors du super-G des JO 2022.Image: keystone

Le classement général de la Coupe du monde est-il un thème pour vous?
Oui, bien sûr. Ce serait le rêve de pouvoir à nouveau me battre pour le classement général comme en 2020/21. A l'époque, j'avais longtemps été à quelques points de Petra Vlhova. J'ai vraiment envie d'être à nouveau dans le peloton de tête.

La plupart des autres coureuses se spécialisent avec l'âge. Or vous voulez absolument continuer à pratiquer toutes les disciplines. Ne courez-vous pas le risque d'être épuisée à la fin de la saison?
Non, cela va de mieux en mieux, c'est ce qui est fascinant. L'expérience aide énormément. La saison 2021/22 en particulier, lorsque j'ai souffert de la mononucléose infectieuse avant l'hiver, m'aide maintenant à considérer la fatigue sous un nouvel angle. Ce que l'on voyait à l'époque était très éloigné de ce qui se passait en coulisses. Comparé à cela, l'hiver dernier était physiquement une promenade de santé.

Vous entamez votre troisième saison chez Salomon. Qu'est-ce qui caractérise ce partenariat ?
L'environnement familial m'a convaincu. Ça fait un peu kitsch, mais c'est vraiment le cas. C'est la raison pour laquelle j'ai changé de marque. Il y a eu beaucoup de spéculations, notamment sur de prétendues raisons financières. Le public a d'ailleurs porté un jugement très sévère. J'ai dû très souvent me justifier dans ma vie privée ou l'expliquer à mes coéquipières. C'est vraiment l'environnement et l'enthousiasme qui ont été décisifs. J'ai senti que l'équipe voulait suivre la même voie que moi dans les quatre disciplines.

Michelle Gisin fährt seit dem Winter 2022/23 mit Material von Salomon.
Michelle Gisin avec son matériel Salomon.Image: salomon

Quel rôle a joué votre serviceman Christian Gamper?
Le fait que j'ai pu emmener «Gämpi» chez Salomon et qu'il soit si bien soutenu ici a été un point très important. Sans lui et sans son accord, je n'aurais pas changé d'équipementier. Il est ma personne de référence la plus proche pendant les courses. C'est ma 13e saison de Coupe du monde, la douzième avec lui en tant que serviceman. Nous avions dit que nous nous donnerions deux ans pour mettre en place correctement toute la configuration chez Salomon, car un tel changement prend du temps. Deux années ont passé, et je joue désormais la gagne dans trois disciplines et dans un bon jour, je peux aussi monter sur le podium en vitesse.

Qu'est-ce qui a rendu la première saison sur les nouveaux skis si difficile?
Nous avions en fait trouvé les bons réglages, mais j'ai ensuite eu une inflammation qui a nécessité le passage à une chaussure un peu plus grande.

Mais même sans problème de santé, les athlètes ont souvent du mal sur un nouveau matériel.
Le plus grand défi est le manque de repères de base. Lorsque l'on court depuis plusieurs années sur la même marque, on se construit une énorme connaissance de base sur la manière dont le matériel fonctionne et dans quelles conditions. On peut en prendre une partie avec soi quand on change d'équipementier, mais certaines choses sont tout simplement différentes. Lors de ma première saison, nous avons acquis beaucoup de connaissances durant l'été et nous avons fait beaucoup de choses correctement, sinon je n'aurais pas atteint les 500 points en fin de saison. Mais comme nous avons ensuite dû changer de chaussure à court terme, beaucoup de choses ont été différentes.

Ski-Weltcup: Michelle Gisins Schuhe für diesen Weltcupwinter.
Les chaussures de Gisin pour cet hiver.Image: salomon
Ski-Weltcup: Michelle Gisins Schuhe für diesen Weltcupwinter.
Image: salomon

Pouvez-vous expliquer cela plus précisément ?
Il y a tellement de choses sur la chaussure elle-même qui jouent un rôle. De l'angle de la chaussure à la taille de la manchette en passant par la dureté de la coque. C'est ce qui, combiné au manque d'expérience avec le nouveau matériel, a rendu les choses si difficiles. On le voit aussi chez d'autres athlètes: Henrik Kristoffersen a pu conserver sa chaussure d'origine après son passage chez Van Deer et a connu beaucoup de succès. La deuxième année, avec un nouveau matériel, il a dû changer de chaussure et a connu une saison plus difficile. Immédiatement, les critiques pleuvent. Ce sont des moments où l'on ne nous accorde peut-être pas toujours la patience qu'il faudrait.

Un autre sujet vous a préoccupé ces dernières saisons: la lutte contre le changement climatique, qui vous tient à cœur. Comment gérez-vous le décalage entre le fait de voir chaque été les glaciers se réduire et d'avoir en même temps un métier qui accélère presque le phénomène?
En fait, je suis partagée: je me dis que je m'entraîne pour pouvoir mieux skier et ainsi toucher plus de gens, pour les sensibiliser à un sujet qui me tient à cœur. En même temps, je suis plus que consciente que j'ai une grande empreinte carbone. Malgré tout, j'essaie de réduire mon empreinte dans les domaines où je le peux, dans ma vie privée.

De quelle manière?
Je pense que la consommation est l'un des plus grands leviers. Je trouve effarant de voir à quel point l'industrie textile, par exemple, s'est développée et à quel point les produits ont une durée de vie courte. Lorsqu'il m'arrive de faire du shopping - ce qui n'arrive presque jamais -, j'essaie de bien réfléchir si j'ai vraiment besoin ce que je souhaite acheter. J'ai mis l'accent sur l'industrie textile, mais c'est aussi le cas dans d'autres domaines. Par ailleurs, j'ai une voiture électrique moderne que je peux recharger à la maison à Engelberg et à Riva del Garda grâce à l'énergie solaire. En déplacement, il m'arrive encore d'éteindre la lumière chez mes coéquipières.

À la fin de la saison, les athlètes polyvalentes doivent voyager de l'Italie vers le Grand Nord, puis revenir en Italie, avant de se rendre aux États-Unis pour la finale de la Coupe du monde. Souhaiteriez-vous un calendrier avec moins de voyages inutiles?
Clairement. Cela aurait certainement pu être mieux planifié. Je sais que de nombreux facteurs de nature politique entrent en jeu, mais c'est dommage. Je ne sais pas quelles sont les raisons pour lesquelles on établit le calendrier de cette manière. Rien que le fait d'alterner encore deux fois les disciplines techniques et de vitesse avant la finale de la saison aurait pu être résolu autrement. C'est difficile à comprendre.

Les athlètes ont-ils leur mot à dire sur le calendrier?
Pas vraiment. On peut bien sûr exprimer son opinion, mais j'en suis arrivé à un point où je dis qu'il faut une refonte totale du calendrier. Il faudrait réunir tous les grands acteurs de notre sport autour d'une table et se demander où nous en serons dans cinq, dix ou vingt ans. Comment les sports d'hiver et les disciplines de la FIS survivront-ils? L'hiver dernier a été très difficile et cet été, nos glaciers ont à peine eu le temps de souffler.

Que feriez-vous avec une heure de plus par jour?
Video: watson
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