Sa dernière course au plus haut niveau remonte aux Mondiaux de Courchevel Méribel à la fin de l'hiver 2023. Cela fait donc plus d'un an et demi d'absence, suite à une nouvelle désillusion, un autre tournant dans sa carrière. Mais aujourd'hui, Aline Danioth est de retour et elle participera ce week-end au slalom de Levi. Elle évoque une énorme impatience et divers sentiments à l'approche de la course. «Ce n'est pas encore très réaliste. Et je ressens de la nervosité, mais elle est saine», affirme-t-elle avant de prendre le départ.
Originaire d'Andermatt dans le canton d'Uri, Danioth a fait du slalom sa spécialité, et ce dès son plus jeune âge. Agile face à la forêt de piquets, elle est rapidement devenue une promesse du ski helvétique. Or elle a trop souvent été déstabilisée par de graves blessures au cours de sa carrière pour devenir une star de la discipline. Malchanceuse, elle connaît les malheurs et les longues périodes de rééducation. Aline Danioth a ainsi été victime en mars 2023 d'une quatrième rupture des ligaments croisés. Et à 26 ans, elle a déjà subi sept opérations au genou.
Il fut un temps où Aline Danioth et Marco Odermatt, un an d'écart, se ressemblaient. La comparaison était d'ailleurs toute trouvée. Tous deux venaient du fin fond de la Suisse centrale. Ils avaient chacun remporté plusieurs médailles aux Championnats du monde juniors. Ils étaient tous les deux équipés par le fabricant de ski Stöckli et s'apprêtaient à débarquer en Coupe du monde. Marco Odermatt déclarait ainsi à l'orée de la saison 2018/2019: «Aline est presque comme mon double féminin». Ce n'était plus qu'une question de temps avant que la Suisse s'émerveille des performances de Danioth et Odermatt.
Le parcours de Marco Odermatt est connu. Il s'est rapidement hissé au sommet de l'élite mondiale. Dès la saison 2021/2022, le Nidwaldien était déjà difficile à battre. Il a remporté trois fois le classement général de la Coupe du monde et a décroché l'or aux Mondiaux ainsi qu'aux Jeux olympiques. Il n'a pas encore tout gagné, mais il faut désormais chercher avec minutie pour trouver ce qu'il manque à son palmarès. La trajectoire de Danioth est beaucoup moins linéaire et sa carrière ne ressemble en rien à celle de son compatriote.
Avec elle, la question n'est jamais de savoir si elle va se relever après un revers. Il s'agit plutôt de deviner quand aura lieu sa prochaine blessure. Cela peut paraître étrange. D'ailleurs, Aline Danioth raconte que des personnes ne comprennent pas pourquoi elle ne stoppe pas sa carrière. Mais l'Uranaise fonctionne autrement. «Le ski est ma passion. Les blessures n'y changent rien. J'aime ce sport aussi fort que lorsque j'avais cinq ans», dit-elle.
Le chemin vers le retour a encore une fois été long et difficile. «La rééducation, c'est aussi beaucoup d'heures de travail», confie-t-elle. Aline Danioth a enchaîné les séances de physiothérapie et de préparation physique. De décembre 2023 à mars 2024, elle n'a été sur la neige qu'une fois par semaine, qui plus est avec les skis que l'on donne aux touristes, sur des pistes ordinaires. Elle s'est à nouveau concentrée sur le travail technique de base. Il s'agissait de retrouver de l'assurance et de voir si le genou opéré pouvait encore suivre. Et c'est durant cette phase que la slalomeuse a compris qu'elle avait besoin de compétition, qu'elle ne voulait pas devenir une touriste sur les pistes.
En juin, Danioth a finalement retrouvé l'équipe de Suisse et vécu son premier camp d'entraînement. «C'était vraiment super», dit-elle. Pour la première fois, elle était à nouveau entourée d'athlètes, un premier pas vers un retour à la normalité. La Suissesse s'est ensuite envolée pour Ushuaia en septembre. Et les signaux ont continué à être positifs. En Argentine, Aline Danioth a participé à sa première course depuis sa rupture des ligaments croisés et s'est classée troisième. Le nombre de participantes était certes limité. Mais un tel résultat ne peut pas nuire à la confiance.
Récemment, un entraîneur lui a demandé son objectif pour les semaines à venir. L'Uranaise ne souhaite pas encore se prononcer à ce sujet: «Je ne veux pas tirer de conclusions à Levi. Je vais attendre les trois premières courses avant de me fixer des objectifs». Des objectifs à long terme, il y en a quand même. «Je suis une sportive de haut niveau, bien sûr que j'ai des ambitions», ne manque-t-elle pas de souligner. Elle a toujours rêvé du globe de cristal et «cela n'a pas changé».
Aline Danioth disputera samedi le slalom de Levi en Laponie finlandaise. Là où le jour se lève en première manche et où il fait déjà nuit lors de la deuxième. Là où la gagnante remporte, en plus d'une belle somme d'argent, un renne qu'elle parraine. Une certaine magie entoure l'étape de Levi. Or à y regarder de plus près, ce n'est pas le terrain idéal pour elle. La piste présente un très léger relief et le plat ne lui convient guère. Mais ça ne fait rien, car le classement ne sera pas la priorité ce samedi. Peu importe sa place, Aline Danioth fera partie des grandes gagnantes à Levi, sauf si le genou cède à nouveau.