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Ruud impressionné par Nadal dans les vestiaires?

Casper Ruud a-t-il été impressionné par l'échauffement de Rafael Nadal juste devant lui dans les vestiaires, avant la finale de Roland-Garros?
Casper Ruud a-t-il été impressionné par l'échauffement de Rafael Nadal juste devant lui dans les vestiaires, avant la finale de Roland-Garros? image: twitter

Comme Nadal, ces sportifs ont peut-être gagné avant même de jouer

L'Espagnol a-t-il impressionné Casper Ruud en s'échauffant de manière spectaculaire juste devant lui avant la finale de Roland-Garros? C'est ce que pense un ex-tennisman pro. Plusieurs athlètes ont essayé de prendre un avantage psychologique avant le match. Et parfois avec des méthodes très surprenantes.
07.06.2022, 19:0208.06.2022, 11:15
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Casper Ruud a été balayé par Rafael Nadal dimanche en finale de Roland-Garros 6-3 6-3 6-0. Le Norvégien aurait même perdu ce match avant de l'avoir joué, selon l'ancien tennisman français Paul-Henri Mathieu:

«Le match s’est joué avant de rentrer sur le court»
Paul-Henri Mathieu, ex-tennisman pro français

Il fait référence à l'échauffement de l'Espagnol dans le tunnel des vestiaires – sous les yeux d'un Ruud immobile – qui a enchaîné les sprints et les coups droits dans le vide, comme à son habitude.

Même si l'affirmation de Mathieu semble radicale tant la différence de niveau entre les deux joueurs a été criarde, elle a le mérite de soulever un aspect important du sport de haut niveau et souvent invisible pour le grand public: l'ascendant psychologique qu'une équipe ou un athlète peut prendre sur son adversaire avant même leur duel, souvent par intimidation.

Les passes d'armes sont légion en boxe ou dans d'autres sports de combat, où les protagonistes se toisent et s'insultent, parfois même quelques jours avant de monter sur le ring, histoire de faire monter la température et remplir les caisses de la billetterie. Dans les exemples qui suivent, il n'est pas question de faire le show, mais bien de perturber son opposant, avec certaines méthodes très originales.

Danse tribale et homme de Cro-Magnon

La première d'entre elles est mondialement connue, et fait partie intégrante du folklore du rugby. C'est le fameux «haka» réalisé par les rugbymen d'Océanie, et notamment les Néo-Zélandais. Avant chacune de leur partie, les mythiques All Blacks tentent d'impressionner leurs adversaires avec cette danse traditionnelle. C'est toujours un joueur d'origine maorie qui mène la chorégraphie pendant laquelle ses coéquipiers et lui se tapent les cuisses, les bras et le torse en poussant des cris guerriers. Le tout avec la langue tirée et les yeux exorbités.

Le rituel est tellement ancré qu'il est protégé par la fédération internationale de rugby: l'adversaire qui le perturbe se voit, en théorie, écoper d'une amende. Lors du quart de finale de la Coupe du monde 2007, le XV de France avait fait fi de cette interdiction, en venant se placer sur la ligne médiane, quasiment front contre front avec les All Blacks. La scène est légendaire, avec notamment Sébastien Chabal et son look d'homme de Cro-Magnon défiant les Néo-Zélandais du regard. Le Drômois et ses compatriotes n'ont apparemment pas été trop intimidés: ils se sont imposés 20-18.

Crampons, suisse-allemand et baffe

Les spectateurs et téléspectateurs ne le voient pas toujours, mais il se passe beaucoup de choses dans les tunnels qui mènent des vestiaires au terrain.

Celui du stade Vélodrome à Marseille regorge d'anecdotes, souvent pas à la gloire de l'équipe locale, qui a profité du lieu pour faire régner la terreur. «En championnat, on avait l’habitude de laisser les adversaires sortir deux minutes avant nous. On arrivait ensuite en laissant traîner les crampons sur le carrelage», rembobinait dans So Foot l'ex-défenseur Basile Boli, évoquant la période de l'ère Bernard Tapie, au début des années 1990.

Basile Boli et l'OM avaient remporté la Ligue des champions en 1993.
Basile Boli et l'OM avaient remporté la Ligue des champions en 1993.image: twitter

C'est justement à cette époque que le FC Sion est allé affronter l'OM au Vélodrome, un soir de novembre 1994, en Coupe UEFA. «Ils nous chambraient, ils nous prenaient de haut», expliquait l'ex-attaquant valaisan Christophe Bonvin à watson il y a trois mois. Au point que certains Sédunois ont eu la boule au ventre avant de pénétrer sur la pelouse.

C'était sans compter sur la réaction de leur gardien Stephan Lehmann, qui n'avait pas du tout envie de subir cette intimidation. «Tout à coup, comme s'il était en transe, il a poussé une énorme gueulée en suisse-allemand, pendant dix bonnes secondes», rigole Christophe Bonvin. L'ex-portier s'en souvient aussi:

«J'ai dit un truc du genre: "Bande de branleurs, on va vous montrer de quel bois on se chauffe. On va pas se laisser faire!"»
Stephan Lehmann, ancien gardien du FC Sion

Sur le terrain, Sion souffrira jusqu'au bout (1-3), mais réussira à se qualifier pour le tour suivant.

Les détails du déplacement rocambolesque du FC Sion à Marseille 👇

D'autres équipes seront maltraitées dans les entrailles de l'enceinte phocéenne. Et quand l'intimidation verbale ne suffisait pas, les Marseillais passaient à la violence physique. Comme face à Monaco lors d'un match de Ligue 1, en février 2000. Philippe Léonard, ex-latéral monégasque, racontait à L'Equipe une scène à peine croyable:

«Pat Blondeau (réd: défenseur et capitaine de Marseille) arrive le dernier, il prend Marco Simone (réd: attaquant de Monaco) par l'épaule, le sort du rang, lui parle à l'oreille. Je me dis : "C'est cool, certainement qu'ils sont potes." Puis Pat fait mine de s'en aller, puis il se retourne et il lui met une de ces gifles! Une tarte comme Belmondo dans ses films. Je suis sidéré. En face de moi, je vois "Pancho" Abardonado rigoler. Pat se remet dans le rang, l'arbitre arrive, personne ne bronche, le toit s'ouvre et on rentre sur le terrain.»
Philippe Léonard, ancien joueur de l'AS Monaco

Les mots de Blondeau à Simone avant sa tarte? «Ce soir, je ne veux pas voir ta gueule.»

Alors menacé par la relégation, Marseille gagnera 4-2 ce match – émaillé par d'autres incidents – et sauvera, par les poils, sa place dans l'élite en fin de saison.

Un drôle de docteur

L'intimidation peut aussi revêtir des formes beaucoup plus subtiles. C'est le cas dans l'univers davantage feutré et intello – en apparence – des échecs. Mais les conséquences ne sont pas moins terribles.

Le grand maître Viktor Kortchnoï en a fait l'expérience lors de son match pour le titre mondial en 1978 aux Philippines. Le Russe y affronte son compatriote Anatoli Karpov dans un duel qui sent la poudre.

Le duel entre Karpov (à gauche) et Kortchnoï, l'un des plus marquants de l'Histoire des échecs.
Le duel entre Karpov (à gauche) et Kortchnoï, l'un des plus marquants de l'Histoire des échecs.image: keystone

Kortchnoï a quitté l'URSS deux ans plus tôt et a trouvé l'asile en Suisse. Le régime communiste fait de Karpov son représentant, qui doit laver l'affront en battant le dissident. Et il met les moyens: toute une délégation d'officiels soviétiques accompagne le prodige de 27 ans. Parmi eux, un drôle d'invité: le Docteur Zoukhar, psychologue militaire de fonction. Il a acquis une notoriété à Moscou avec de prétendus messages adressés aux cosmonautes via des communications parapsychologiques. Loin, très loin, donc, du cartésianisme soviétique.

Aux Philippines, le bonhomme n'a pas comme seule mission de remonter le moral de son protégé. Assis au premier rang, il fixe du regard Viktor Kortchnoï pendant des heures. Le grand maître le remarque et est complètement déstabilisé par cette présence quasi mystique. Au point de commencer à entendre des voix dans sa tête, comme il le racontera plus tard, qui lui répétaient:

«Vous ne devriez pas combattre Karpov. Vous êtes un traître à l'Union soviétique et vous devez perdre la partie maintenant»
La voix qu'entendait Viktor Kortchnoï, hypnotisé

Il est aussi certain que son adversaire est connecté spirituellement avec son mentor:

«Au début, Zoukhar était assis bien droit, mais quand j’ai commencé à analyser sérieusement l’échiquier, il s’est penché en arrière et a fermé les yeux. Au même moment, Karpov qui ne regardait pas le psychologue a commencé à basculer dans son fauteuil!»
Viktor Kortchnoï

Kortchnoï se plaint auprès des organisateurs et réussit à faire vider les six premières rangées du public, histoire d'éloigner le gourou. Pour contrer les forces du Docteur Zoukhar, il fait aussi venir dans la salle son préparateur mental et deux yogis membres d'une secte méditative, débarqués en robes et turbans et en position du lotus dans les travées.

Mais quand le dissident voit que Zoukhar a de nouveau pris place au premier rang lors de la dernière partie, il part en vrille. Il se dispute avec les organisateurs pendant quinze minutes et ne réussit pas à se ressaisir. Karpov l'emporte 6-5.

Sorcellerie et besoins naturels

De nombreux sportifs et entraîneurs de haut niveau sont superstitieux. C'est notamment le cas en Afrique, où les footballeurs ne badinent pas avec les croyances locales. Certains invoquent la magie pour qu'elle les sublime sur le terrain ou fasse perdre pied aux adversaires, qui deviennent logiquement méfiants. La Coupe d'Afrique des Nations (CAN) est donc souvent le théâtre d'histoires rocambolesques.

Lors de l'édition 2002 au Mali, par exemple, le sélectionneur allemand du Cameroun Winfried Schäfer et son assistant Thomas Nkono avaient été arrêtés par la police alors qu'ils déposaient une amulette sur la pelouse avant la demi-finale contre le pays hôte. Chez les moins de 20 ans, l'attaquant sénégalais Ibrahima Ndiaye a voulu jeter un sort à ses adversaires zambiens en déposant un gri-gri dans leur but, en 2017. Un acte qui a fortement déplu à ces derniers. Le gri-gri a été retiré.

Alain Gaspoz (à droite) avec le Bénin face au Nigéria lors de la CAN 2008.
Alain Gaspoz (à droite) avec le Bénin face au Nigéria lors de la CAN 2008.image: keystone

Le 17 juin 2007, pendant un match Bénin-Togo, le sortilège a été contré d'une manière moins orthodoxe. Alors que les locaux n'arrivent pas à trouver le chemin des filets, leur entraîneur-assistant sent la ruse: le gardien togolais a un gri-gri dans son but, un cadenas enveloppé d'une peau animale et d'ossements. «Il n’y avait qu’un moyen d’enlever le sortilège: il fallait uriner sur le gri-gri», expliquait au Matin Alain Gaspoz, défenseur béninois d'origine valaisanne.

L'assistant ne se défile pas et s'exécute face à la tribune. Cinq minutes plus tard, le Bénin fera sauter le verrou togolais une première fois et s'imposera 4-1.

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