Sur ces vidéos Instagram postées le week-end passé, on voit les tennismen suisses et leur coach, Severin Lüthi, participer au tirage au sort des matchs. Ils posent pour des photos, serrent la main de leurs adversaires et signent des autographes. Le tout dans une ambiance très décontractée, grands sourires et chapeaux équatoriens traditionnels sur la tête.
Mais la musique qui accompagne ces images contraste. L'instru et le flow du rappeur sont agressifs. En tendant bien l'oreille, les paroles confirment cette impression. Parmi elles, les punchlines suivantes:
Autrement dit, ce refrain qui tourne en boucle est vulgaire, prône la violence et la consommation de cannabis. La chanson en question? La bandite, du rappeur marseillais Jul. Le reste du texte (les amateurs de grande poésie peuvent le retrouver en cliquant ici), qu'on n'entend pas dans les stories postées par Swiss Tennis, n'est pas moins fleuri. «Je vais leur casser la tête», «Ouais j'fume la drogue» ou encore «J'ai pas sucé pour percer», scande le Français de 32 ans.
Des paroles en totale contradiction avec les valeurs et les idées que le sport promeut, telles que le respect et la santé. Elles ne collent pas, non plus, au message de Swiss Tennis qui sensibilise ses entraîneurs et ses membres sur ces thèmes, notamment via le programme «Cool and Clean» de Swiss Olympic. Et elles ont de quoi ternir l'image d'une fédération qui compte 14 700 followers sur Instagram.
«J'assume la complète responsabilité. C'est ma faute.» Au bout du fil, Sandra Pérez est toute désolée. La cheffe de presse de Swiss Tennis – qui vient de passer les contrôles de sécurité à l'aéroport d'Amsterdam en rentrant d'Equateur – n'esquive pas le sujet.
Et pour cause: Sandra Pérez est de langue maternelle suisse allemande. Même un francophone aurait de la peine à en dégager le sens, la faute à un jargon rap qui ne parle qu'aux initiés et à un auto-tune poussé à l'extrême qui rend certains mots inaudibles.
La cheffe de presse a totalement conscience de sa bourde, ne cherche ni à la minimiser ni à se trouver des excuses. Pas besoin, donc, d'enfoncer le clou et de lui faire la leçon. Elle l'a déjà intégrée. «Ça ne se reproduira pas», promet-elle.
Cette maladresse s'explique aussi par la difficulté à appréhender les nouvelles technologies, en particulier les réseaux sociaux (qui évoluent rapidement), y compris pour des communicants expérimentés. «C'était la première fois qu'on utilisait TikTok», explique Sandra Pérez. C'est le contenu créé par Swiss Tennis sur ce réseau social chinois qui a ensuite été partagé sur le compte Instagram de la fédération.
Ne soyez donc pas surpris si vous entendez Stephan Eicher, Alain Morisod ou Gjon's Tears à la place de Jul sur les futures stories de Swiss Tennis.