Le sport est parfois cruel. Le tennisman canadien Félix Auger-Aliassime en a fait la douloureuse expérience samedi en 8e de finale du Masters 1000 de Cincinnati. La faute à une erreur d'arbitrage sur balle de match, qui a donné la victoire au Britannique Jack Draper au terme d'une partie extrêmement serrée (5-7, 6-4, 6-4). On rembobine.
Dans ce troisième set décisif, Draper mène 5-4, 40-30. Il sert, Auger-Aliassime retourne et le Britannique, qui est venu conclure le point au filet, effectue une demi-volée. A première vue, celle-ci est gagnante. Draper a même une chance insolante: sa balle tape la bande du filet avant de retomber dans le camp de son adversaire, qui est battu. «Game, set and match Draper!», annonce l'arbitre.
De quoi secouer Félix Auger-Aliassime: parti se replacer pour recevoir le prochain service de Draper, le Canadien lève la tête vers l'officiel, avec un regard stupéfait. Il était certain d'avoir sauvé cette balle de match et d'avoir, ainsi, égalisé à 40-40. Et le tout frais médaillé en chocolat des JO de Paris a raison: il a vu ce que l'arbitre, lui, n'a pas perçu.
Quand le retour de service lui est revenu dessus, le Britannique a touché – avec sa raquette, très proche du sol – une première fois la balle. Celle-ci est alors allée s'écraser sur le sol juste devant, dans le camp de Draper. Autrement dit: une volée ratée. Ce qui aurait dû donner le point à Auger-Aliassime. Mais voilà, juste après avoir rebondi très bas sur le sol, la balle est revenue directement sur le cordage de Draper, qui a pu, cette fois, envoyer la sphère de l'autre côté du filet. Mais les doubles contacts de la sorte sont, évidemment, interdits par le règlement...
Félix Auger-Aliassime a eu beau venir longuement négocié vers la chaise de l'arbitre (en appelant même le superviseur du tournoi), rien n'y a fait: ce dernier a maintenu son jugement et donné match gagné à Jack Draper. La discussion entre Auger-Aliassime, Draper et l'arbitre a d'ailleurs offert quelques moments cocasses.
De façon prémonitoire, le Canadien a averti l'officiel que «son erreur tournera partout, et qu'elle paraîtra ridicule». Effectivement, quelques heures plus tard seulement, la scène faisait le buzz sur les réseaux sociaux et dans les médias du monde entier. Même Stefanos Tsitsipas a partagé la vidéo sur X, avec un commentaire de stupéfaction.
«Si je me suis trompé, je viendrai m'excuser vers toi après le match», avait promis l'arbitre à Félix Auger-Aliassime. «Oui, mais ce sera trop tard», a rétorqué le tennisman. Il a encore une fois raison: les excuses de l'officiel ne permettront pas au Canadien, en forme ces temps, de rejouer ce match du Masters 1000 de Cincinnati, un tournoi où il avait des chances de sacre et, accessoirement, un joli chèque à encaisser.
On regrettera aussi l'impossibilité dans le règlement d'utiliser la vidéo (VAR) pour corriger ce genre d'erreur. Car, au final, si l'arbitre de cette rencontre s'est ridiculisé, c'est surtout l'image du tennis et du circuit ATP qui en prend un coup.