Quand il était petit et qu'il habitait Savièse (VS), bien avant qu'il ne devienne avocat et préposé à la protection des données et la transparence en Valais, Sébastien Fanti faisait rebondir le ballon dans son village. «Mon père avait installé un panier contre une grange. Depuis ce jour, je n'ai jamais cessé de jouer au basket.» Il est devenu ailier dans le club de Sion puis agent Fédération internationale de basket (Fiba). Une reconnaissance qui lui ouvre des portes et lui permettra de mener dès 2023 le combat qui sera celui de sa «deuxième vie»: la santé des jeunes.
«Le moteur principal de ma démarche, ce n’est pas la performance. C'est de répondre à cette question:»
Père de quatre enfants «dont trois jouent au basket», Fanti a vu de près les effets chronophages et énergivores des consoles de jeux et des réseaux sociaux. Il estime qu'il est temps d'agir.
Sébastien Fanti veut aussi créer des passerelles entre le club de Sion et plusieurs autres équipes. Il possède un solide réseau dans le basket, notamment au sein du club de Monaco, où il réside une partie de l'année. «J'ai quatre abonnements à la saison. A force de suivre l'équipe, je suis devenu pote avec les mecs de la Principauté.»
Il sera d'ailleurs au match 5 de la finale du championnat de France, samedi entre les Monégasques et Villeurbanne, un autre club qu'il connaît bien. «La semaine passée, j’ai rencontré le coach de l’Asvel et frère de Tony Parker, Terence "TJ" Parker. J'essaie de nouer un maximum de contacts avec les personnalités du basket pour, à l'avenir, créer des ponts.» Le but: que des jeunes romands prometteurs puissent un jour goûter aux vertus de l'exil en intégrant des académies saines et de qualité à l'étranger.
C'est une condition pour grandir. La plupart des athlètes suisses qui ont réussi ont dû quitter le pays un jour: Swann Oberson (natation) en Allemagne, Stan Wawrinka (tennis) en Espagne, Sylvain Fridelance (triathlète) en France, etc.
Ce type de voyage, qui s'apparente à un Erasmus pour champions en devenir, s'inscrit dans la volonté du Valaisan de sortir les jeunes de la routine quotidienne, rythmée par la vibration des notifications .
Des idées, Sébastien Fanti n'en manque pas. La dernière s'inscrit dans sa vision du basket, ce sport de besogneux qui ne récompense pas seulement le talent. «J'aime les gars comme Larry Bird, les joueurs qui ne sont pas forcément les plus doués, mais qui travaillent pour réussir.»
Il poursuit: «J’aimerais développer un concept qui récompenserait les joueurs sérieux, ceux qui bossent, afin qu'ils aient une autre valeur sur le marché. Aujourd'hui, ce sont encore les plus talentueux qui sont les plus valorisés».
L'avocat planche sur un portail internet qui ne compilerait pas seulement les statistiques des joueurs, mais une foule de données. «Je travaille sur d’autres modèles. Ce qui m'intéresse, ce n'est pas seulement de savoir dans quelles équipes un joueur a évolué, mais combien de fois il a été blessé, qui l'a soigné, a-t-il récupéré vite, est-il sérieux, stable?» Un joueur, rappelle Fanti, peut se vendre selon plusieurs critères:
On pourrait en ajouter encore d'autres. Si on savait sous quel panier le joueur a débuté sa carrière (à Savièse par exemple), on pourrait en apprendre beaucoup sur sa ténacité et son degré de motivation.