Par un joli réflexe, bras gauche tendu, Bronny James intercepte le ballon. Il s'assure qu'un coéquipier le saisisse et se déploie immédiatement en zone offensive. Fixé derrière la ligne à 7m25, il le reçoit et marque un trois points. Cette action démontre tout ce que James veut incarner.
«Je pense qu'il se voit comme un "spécialiste 3&D"», explique Rob Pelinka, directeur général des Lakers de Los Angeles, avec lesquels LeBron James Jr. est sous contrat, tout comme son père. Ce type de joueur brille à trois points et défend fort sur le terrain. C'est justement ce qu'a réalisé le fils de LeBron James dernièrement, comme lors de ce match remporté par les Lakers de South Bay, face aux Warriors de Santa Cruz en ligue mineure. Non seulement son interception et son shoot ont permis de ramener l'équipe à un point, mais en plus, Bronny James a scoré 17 unités, délivrant au passage neuf passes.
Bronny James snatched the 🏀 and drilled the corner three to put @SouthBayLakers within one against @GLeagueWarriors! 👏 pic.twitter.com/Lu92qDbBHt
— NBA G League (@nbagleague) March 26, 2025
Le joueur capable d'assurer la mène et de jouer au poste d'arrière a fait encore mieux lors de la rencontre précédente. Avec 39 points, il a atteint un nouveau record en carrière, deux tiers de ses shoots ayant trouvé la cible. A cela s'est ajouté quatre nouvelles interceptions. Et lorsque l'adversaire s'est davantage concentré sur lui, James s'est mis à servir ses coéquipiers, lors du succès des siens 122-118, toujours contre Santa Cruz.
Il est vrai que Bronny évolue encore principalement en G-League, la division de développement de la NBA. Mais dernièrement, il a retrouvé du temps de jeu dans la ligue la plus prestigieuse du basket mondial, en raison de diverses blessures au sein du collectif des Lakers. Ce fut des sorties convaincantes, du moins par moments.
Contre Denver mi-mars, LeBron James Jr. a scoré à trois points sur la tête de Nikola Jokic, sans doute l'un des meilleurs joueurs du monde à l'heure actuelle. Son meilleur match a cependant eu lieu le 21 mars, lorsque l'entraîneur J. J. Redick lui a offert 30 minutes, un temps lui permettant d'inscrire 17 points à 70% de réussite, tout en délivrant cinq passes décisives. «Il est ici pour une bonne raison», a précisé son père suite à cette performance.
Selon ses détracteurs, la raison pour laquelle Bronny James a été sélectionné, en 55e position lors de la dernière draft, est uniquement liée à LeBron James. Les Lakers auraient en fait voulu satisfaire le quadruple champion NBA et meilleur marqueur de l'histoire de la ligue. Autrement dit, sans son père, Bronny ne serait jamais passé professionnel, ont estimé de nombreux observateurs. Cette affirmation était généralement justifiée par les faibles statistiques du jeune homme à l'Université de Californie du Sud: 4,8 points, 2,1 passes et 2,8 rebonds par match. Tout cela avec des taux de réussite misérables, à 26,7% à trois points et 36,6% sur l'ensemble de ses shoots.
Or on oublie souvent que Bronny James a été victime d'un arrêt cardiaque à l'entraînement et qu'il a dû être réanimé peu avant sa seule saison en universitaire. James a même été placé dans un coma artificiel: il était cliniquement mort. Pourtant, il était considéré avant cette scène d'horreur survenue en juillet 2023 comme un potentiel choix de premier tour. L'analyste Jonathan Givony de la chaîne ESPN estimait d'ailleurs qu'il pouvait être sélectionné en dixième position.
Qu'importe, le tollé a été grand lorsque les Lakers ont signé le fils de leur superstar. La critique s'est renforcée lorsque Bronny a connu des problèmes, d'abord en préparation puis en début de saison. Fin janvier, la grande gueule d'ESPN Stephen A. Smith a même lancé un appel à LeBron James: «Arrête ça. Nous savons tous que Bronny James est en NBA grâce à son père. Tu fais honte à ton fils». Smith estimait que le jeune homme n'était pas prêt pour la meilleure ligue du monde et défendait à l'époque sa vision avec de solides arguments. Lors de ses 13 premiers matchs, James n'a en effet réussi qu'un seul de ses 16 tirs. Tout portait à croire qu'il aurait dû rester à l'université.
Il semblerait toutefois que jouer à un niveau supérieur puisse favoriser la progression. «Il s'est énormément amélioré en tant que meneur de jeu. En tant que passeur, mais aussi dans la création des tirs ou dans la prise de décisions, avec ou sans ballon», a relevé coach Redick. En outre, LeBron James Jr. s'entraînerait de manière fantastique et afficherait une plus grande confiance en lui. Il serait aussi plus agressif sur le terrain.
Tous ceux qui croisent le chemin du joueur ne tarissent pas d'éloges sur son caractère. A chaque convocation, James présente un comportement irréprochable. «Il ne semble pas prendre un jour pour acquis», a déclaré son GM Rob Pelinka à The Athletic, ajoutant: «C'est agréable d'avoir des gens comme ça dans l'équipe».
Son coach est également fasciné par son rapport à la critique. «Dès le début, j'ai été impressionné par sa personnalité. Par la façon dont il gère les conneries qui lui tombe dessus, parce qu'il est le fils de LeBron», a concédé Redick. Le fait que Bronny James parvienne à garder la tête froide dans ces circonstances «en dit long sur lui et sur la manière dont sa famille l'a élevé».
Bronny lui-même explique son secret: «J'essaie de laisser entrer la critique par une oreille et de la laisser sortir par l'autre, de baisser la tête, de travailler et d'être positif chaque jour». Parfois, les remarques le stimulent aussi. «Je vois ce que les gens disent. Ils pensent que je suis un robot, sans sentiments ni émotions. Mais je m'en sers comme motivation pour m'améliorer chaque jour», a-t-il détaillé. Son état d'esprit rappelle inévitablement celui de son père.
Après dix matchs en G-League, Bronny James tourne en moyenne à 22,4 points et 5,1 passes décisives par match, alors que son taux de réussite derrière la ligne à trois points est de 37,5%. Le coach des Lakers Redick se montre donc confiant: «Lorsque nous avons travaillé ensemble pour la première fois, je savais qu'il deviendrait un joueur de NBA. Et je le crois toujours. Il sera un shooteur au-dessus de la moyenne, voire excellent».
Suite à ces performances, même Stephen A. Smith a admis ses erreurs. «Je me suis peut-être trompé. J'ai été très impressionné par ce que j'ai vu. Rien ne l'inquiétait, il n'avait plus l'air aussi nerveux que lors de ses premières apparitions. Il avait l'air d'être à sa place», a-t-il déclaré. Bronny James lui-même justifie ses meilleures performances par une confiance en nette augmentation. «Après la frayeur, et ce qu'il s'est passé (réd: son arrêt cardiaque), il était difficile de revenir avec une excellente confiance en soi. Mais cet événement m'a aidé à retourner sur le terrain et à acquérir de l'expérience.»
Pour l'instant, James continuera à faire la navette entre la NBA et la G-League, ce qui l'aidera également dans son développement. Il profite aussi des entraînements avec LeBron, qui devraient être plus fréquents après la saison. Qui sait, peut-être qu'à l'avenir, père et fils se retrouveront plus fréquemment sur les parquets de la NBA. Bronny est certes encore loin de pouvoir s'établir définitivement chez les Lakers. Mais il semble que les critiques à son égard ont été exagérées et qu'il mérite la place qu'il a actuellement aux Lakers.