Souvent relégué au second plan par le Tour de France, couru en même temps, le Tour d’Autriche, disputé cette semaine, connaît cette année une exposition médiatique inédite. Cela s'explique par la présence d'un coureur au profil atypique: le pilote de MotoGP Aleix Espargaro.
L’Espagnol a lancé sa carrière professionnelle sur route mercredi, à 35 ans, alors qu’il participait encore fin juin au Grand Prix des Pays-Bas, terminé à la 16e place.
Officiellement, Espargaro avait mis un terme à sa carrière en MotoGP fin 2024, après quinze saisons dans la catégorie reine, où il a signé trois victoires et sept pole positions, faisant entre autres les beaux jours d'Aprilia. Or il est resté pilote d’essai chez Honda et a donc disputé trois courses supplémentaires cette année, en remplacement de Luca Marini, victime d’une lourde chute.
Aleix Espargaro occupe ce rôle en parallèle d'un autre, complètement différent: celui d’ambassadeur de la formation cycliste Lidl-Trek, depuis le 1er janvier.
L’idée peut paraître surprenante. Elle dépasse toutefois le simple coup marketing: l'Espagnol est bel et bien aussi un crack du cyclisme.
Le natif de Granollers a tout d’un coureur professionnel. Et pour cause: le vélo occupe depuis de longues années une place prépondérante dans sa préparation de pilote de haut niveau. Ce sport lui permet de s'assécher et de développer son cardio et sa résistance à l’effort, deux qualités essentielles en sports mécaniques. Espargaro s’y est mis après qu’une blessure au dos l’a contraint à renoncer à la course à pied.
La pratique est progressivement devenue une passion, prenant une place toujours plus importante dans sa vie. Depuis 2017, Aleix Espargaro parcourt ainsi au minimum 10 000 kilomètres par an.
Installé en Andorre, il partage ses sorties avec de nombreux coureurs professionnels ayant, eux aussi, élu domicile dans la principauté. C’est donc en roulant aux côtés de Marc Soler, Enric Mas, Ivan Garcia Cortina ou encore Juan Pedro Lopez que l'Espagnol a appris le métier de coureur cycliste. C’est aussi son ami proche, Carlos Verona, qui l'a convaincu de se lancer dans ce nouveau défi, l'aidant à entrer en contact avec les patrons d'équipe.
Du haut de son mètre 80, pour seulement 66 kilos, Espargaro présente en prime une morphologie taillée pour le cyclisme, ainsi que des qualités de pilotage indéniables, pouvant potentiellement lui permettre de compenser son manque d’expérience au cœur d’un peloton de 160 coureurs.
Cependant, malgré tous ces signaux positifs, la signature du pilote Aprilia au sein de l’équipe Lidl-Trek a suscité de nombreuses interrogations, en raison notamment de son âge et de son cruel manque de rythme en compétition. Allait-il se contenter de représenter la formation américaine lors de quelques courses gravel? Ou serait-il rattaché à l’équipe de développement, dans le but d'aider les jeunes athlètes à gérer la pression et à appréhender le sport de haut niveau?
Si Aleix Espargaro est inscrit depuis le 20 juin dans l’équipe continentale Lidl-Trek Future Racing, dédiée aux jeunes, c’est bien avec la formation World Tour qu’il effectue cette semaine ses grands débuts dans le peloton professionnel. Avec un statut d'équipier, et non plus de capitaine, comme lorsqu'il courait chez Aprilia.
Le pilote de MotoGP est en Autriche pour travailler dur et accompagner son leader Lennard Kämna. Mais aussi pour apprendre, avec humilité, sachant néanmoins que ce qu’il réalise est historique. Pour sa première, mercredi sur une étape vallonnée, Aleix Espargaro s'est classé 87e à 13 minutes du vainqueur Felix Grossschartner, au sein d'un groupe d'une quarantaine de coureurs, qui ne constituait pas le dernier échelon de la course. Ce jeudi, il a achevé une nouvelle étape casse-pattes à la 70e place, en compagnie de son équipier Patrick Konrad, à 1"23 de la tête de course. Des résultats plutôt encourageants.