Le sujet du 19h30 jeudi soir portait sur le match qui opposait «CC» au fisc fribourgeois (le Valaisan a été reconnu coupable de «distribution dissimulée de bénéfices»), mais le grand public a retenu autre chose. Une petite phrase lâchée dans le reportage que lui a consacré la RTS: Christian Constantin quittera le FC Sion en 2024.
L'information a fait beaucoup d'effet auprès du public. Elle a été abondamment relayée et commentée dans la soirée. Elle n'est pourtant pas nouvelle: cela fait 2 ans que «CC» répète qu'il s'en ira bientôt. La première fois qu'il l'a annoncé, c'était au Nouvelliste en décembre 2021.
Dans une interview accordée au quotidien valaisan, Christian Constantin avait dit ceci:
Le 100e anniversaire de la Coupe remportée treize fois par le FC Sion, c'est en 2025. Ce serait une belle année pour arrêter, mais il est plus probable que «CC» s'en aille en 2024, date à laquelle le bail qui le lie au stade de Tourbillon sera résilié.
La question de son successeur s'est posée aussitôt ses premières déclarations. Son fils Barthélémy, actuel directeur sportif, semblait le mieux placé. Mais le papa a écarté d'emblée cette solution. «L’argent que tu dois mettre dans le foot est de l’argent que tu dois gagner quotidiennement. C’est possible pour moi parce que je crée de la richesse tous les jours. Le but ne sera pas de dilapider les capitaux que j’ai durement gagnés.»
Contacté par watson le 23 décembre 2021, Christian Constantin avait expliqué dans un long entretien que laisser le club à son fils serait «un cadeau empoisonné».
Il avait ensuite songé à Gelson Fernandes, qu'il avait recruté en tant que vice-président. Sa nomination devait permettre à Constantin de quitter la présidence en douceur, de s'effacer progressivement au profit de l'ancien international. «Je prépare des garçons comme Gelson Fernandes pour être un bon dirigeant techniquement. Il importera ensuite de mettre de l’argent et d’aller en chercher», avait-il dit au Nouvelliste. Le problème, c'est que Gelson a quitté le club l'été dernier. «J'avais envisagé qu'il me remplace afin de faire le pas de recul, et puis tout s'est écroulé», a déploré le patron.
Un mois plus tard, fait rare, le promoteur immobilier avait pris sa plume pour écrire aux abonnés du FC Sion.
Dans un style qui évoquait moins une ambition naissante qu'une disposition testamentaire, «CC» avait dressé le bilan de son action à la tête du club et préparé sa succession. Il avouait «travailler à la recherche d’une succession locale ou étrangère», se disant «à la croisée des chemins».
Plus qu'une inquiétude, sa lettre révélait une forme de fatalisme, voire de lassitude. Constantin expliquait froidement que le FC Sion n'avait aucune valeur comptable, et que même un franc symbolique serait cher payé. Or ce constat n'a pas changé. Les installations de Tourbillon sont toujours vétustes et «les investissements nécessaires aux infrastructures (170 millions) et à l’exploitation (50 à 60 millions) ne se retrouveront jamais», comme l'affirmait l'été dernier celui qui se considère comme le dernier mécène de l'histoire du club. «Le fait d’avoir des mécènes, des entrepreneurs du coin, c’est un processus du siècle passé qui arrive à son terme», a-t-il redit jeudi soir.