Même si elle a été héroïque contre l'Angleterre samedi, la Nati est retombée dans ce qui est devenu son gros travers ces derniers mois: être incapable de tenir un score favorable.
Dans ce match extrêmement serré, on pensait que les Helvètes avaient fait le plus dur en ouvrant la marque à la 75e minute, sur une action conclue par Breel Embolo. Mais l'égalisation anglaise, consécutive à une percée puis un tir violent de Bukayo Saka, est arrivée seulement cinq minutes plus tard. Un air de déjà vu pour Murat Yakin et ses protégés, qui avaient vécu pas moins de quatre fois ce scénario entre juin et novembre 2023 lors des qualifications, puis encore une fois lors de cet Euro, en phase de groupes, contre l'Allemagne (1-1).
Les raisons peuvent être diverses: un adversaire qui pousse fort, la fatigue, un relâchement mental ou la peur de gagner qui s'installe. Ces deux dernières possibilités doivent être prises au sérieux, tant on connaît le rôle déterminant de la psychologie dans le sport de haut niveau.
Thierry Barnerat y est sensible. L'expert des gardiens à la Fifa, également analyste vidéo personnel de Thibaut Courtois (Real Madrid), décortique chaque match de cet Euro pour son travail. Et une chose l'a surpris sur le but suisse contre les Anglais:
Une sorte de temps mort, comme les coachs en prennent en hockey sur glace, par exemple. Après un but aussi important, il y a généralement une grosse montée d'adrénaline et un cocktail d'émotions, qu'il faut être capable de canaliser jusqu'à la fin du match. Thierry Barnerat a en tête un maître en la matière:
Une action à entreprendre quand les joueurs sont encore dans le camp adverse, bien sûr, puisque l'arbitre ne peut ainsi pas donner le coup d'envoi après le goal.
Thierry Barnerat aurait bien vu Granit Xhaka, véritable leader de la Nati, dans ce rôle samedi. Mais il ne lui tient pas rigueur de cette absence d'initiative. «Xhaka était fatigué, d'autant plus qu'il a dû jouer blessé». La lucidité peut donc manquer. «Surtout dans un quart de finale d'un Euro, où les émotions sont très fortes», rappelle l'expert à la Fifa.
On ne saura jamais ce qu'il serait advenu du résultat si les Suisses avaient pris le temps de se concerter après leur ouverture du score. Mais comme on ne cesse d'entendre que les victoires ou défaites à ce niveau se jouent souvent sur des détails, celui-ci a de quoi avoir un impact.