Perdre contre plus grand que soi quand on n’a pas été moins fort est un des sentiments les plus difficiles à supporters pour un athlète (il vient juste après la blessure). Les coachs appellent cela l’«apprentissage de la défaite», et c’est un rappel dont les Genevois se seraient bien passés, jeudi soir contre Braga. Un adversaire contre lequel Servette a perdu, donc, mais sur un score (0-0 puis 1-2) qui ne dit rien du rapport de forces entre les deux équipes, surtout quand on sait que le SFC méritait mieux que le nul du match aller.
En un sens, bien sûr, une certaine logique a été respectée, puisque Braga est une meilleure équipe sur le papier, qu’elle est désormais solidement installée dans le top 4 portugais et qu’elle a disputé la Ligue des champions la saison dernière. Mais ce sont autant d’arguments que l’on peut retourner en faveur de Servette, qui a su faire douter ces redoutables lusitaniens sur deux matchs. Les Grenat auraient dû s’imposer au Portugal et c’est parce qu’ils n’ont pas su marquer, ni là-bas ni chez eux, qu’ils se sont mis en danger et ont fini par se faire surprendre.
Être mené au score par El Ouazzani n'était pas du tout une bonne idée, d'abord parce que le SFC était privé de Stevanovic (blessé) et Kutesa (annoncé malade) au coup d'envoi, ensuite parce que les joueurs de Thomas Häberli n'avaient pas eu beaucoup de jours pour souffler depuis le début de la saison. C'est donc diminués collectivement et physiquement que les Grenat ont essayé de faire leur retard et ils ont failli y parvenir à la 52e mais Crivelli, admirable dans son rôle de pivot, était trop court à la reprise d'un centre venu de la gauche.
Tout est devenu plus difficile au fil des minutes, puis carrément impossible lorsque Fernandes a inscrit le deuxième but lusitanien au terme d'une action (un joli mouvement collectif dans la surface de réparation grenat) qui a rappelé la première réussite de son équipe, signe que Braga a su trouver, puis exploiter les rares faiblesses de son adversaire.
Le but tardif (91e) inscrit par Kutesa (entré en cours de jeu) n'a rien changé. Au final, il reste le sentiment d'une défaite d’autant plus douloureuse qu’elle prive le SFC de ce qui transforme une bonne équipe en formation redoutable: la sérénité. Si Servette s’était imposé ce jeudi, il aurait été assuré d’empocher plusieurs millions et de disputer une Coupe d’Europe cet automne, donc de pouvoir recruter de nouveaux joueurs compétitifs. Au lieu de quoi il doit désormais affronter Chelsea dans un match aller (le 22 août à Londres) - retour (le 29 août à Genève) à la vie, à la mort: seul le vainqueur de cette double confrontation voyagera encore sur le continent en octobre. Or il suffit de connaître un peu le football pour savoir que ce tirage ne réjouit qu’un seul Genevois: le caissier du stade.