La Coupe du monde des clubs évolue. Organisée tous les quatre ans à partir de 2025, elle s'apprête à ressembler au Mondial tel qu'on le connaît et sera bientôt composée d'une phase de groupes suivie d'un tableau à élimination directe. Il débutera au stade des huitièmes de finale. Chelsea, le Real, Man City, le Bayern, le PSG, l'Inter Milan, le Borussia Dortmund, le FC Porto, l'Atlético de Madrid, Benfica, la Juventus et le RB Salzbourg sont les équipes européennes «qualifiées» pour la première édition. Elles joueront un total de sept rencontres si elles parviennent à se hisser en finale.
Jamais depuis la Ligue des nations une nouvelle compétition n'avait autant divisé. Si le format ne convainc pas les joueurs et les championnats nationaux, car il oblige à disputer toujours plus de matchs et tue le football, l'événement est plébiscité par les présidents de club. Pour preuve, les propos d'Enrique Cerezo, relayés par L'Equipe. «La Coupe du monde des clubs est une compétition fantastique, une opportunité de gagner un titre et un tournoi prestigieux, que tout le monde va regarder. C'est une belle vitrine», lance le président de l'Atlético de Madrid. Il voit en elle une façon de se développer à l'international et un moyen de gagner beaucoup d'argent.
Sauf qu'à ce jour, la FIFA n'a toujours pas vendu les droits TV de son Mondial. Elle ne dispose d'aucun accord. Pressenti pour être le diffuseur des matchs aux Etats-Unis – pays hôte de cette première édition, Apple TV a quitté la table des négociations, obligeant l'instance à lancer cet été un appel d'offres.
Or les propositions faites par les services de streaming et les chaînes de télévision seraient largement en dessous des attentes de la FIFA, selon The Athletic. La réunion d'urgence à laquelle le président Gianni Infantino a participé la semaine dernière – en compagnie de plusieurs médias – témoigne d'après les sources du département des sports du New York Times d'un certain niveau d'inquiétude à Zurich. Il faut dire que la Fédération internationale de football association compte sur la commercialisation des droits pour garantir aux équipes participantes une jolie manne financière.
C'est donc le flou concernant les diffuseurs et les primes accordées aux clubs. Or d'autres mystères subsistent. Aucun partenaire n'a ainsi été confirmé. Les marques peinent à s'engager sans connaître le degré d'exposition de la Coupe du monde des clubs. Elles craignent le scénario catastrophe, par exemple le boycott des joueurs ou le désintérêt du public.
Les interrogations portent aussi sur le sportif. A moins de neuf mois du début de la compétition, les clubs ne connaissent ni les stades dans lesquels ils évolueront ni les camps de base. Ils savent simplement que le tournoi est prévu du 15 juin au 13 juillet 2025. Une période problématique à bien des égards.
Outre le fait que les joueurs vont devoir être rappelés en club après une dernière fenêtre internationale – au lieu de partir en vacances, il y a un hic avec les contrats. Ceux s'achevant en fin de saison prendront fin au 30 juin. C'est la règle en football. Bild prend l'exemple du Bayern Munich où cette situation concernera bientôt Thomas Müller, Joshua Kimmich, Manuel Neuer, Leroy Sané, Alphonso Davies, Eric Dier et Sven Ulreich. Dans les faits, s'ils ne sont pas prolongés, ces joueurs pourraient être amenés à disputer le début de la compétition, sans la terminer. Ils pourraient également être interdits de Coupe du monde des clubs, selon l'avis du Telegraph. En cas de transfert au 1er juillet vers un autre mastodonte, il n'est pas impossible non plus de les voir participer au tournoi sous le maillot de deux équipes différentes, surtout qu'une nouvelle saison aura officiellement débuté et que les compteurs auront été remis à zéro.
Cette incertitude déteint aussi sur les clubs. Préparer cette compétition relèvera presque de l'impossible pour eux. Certains sortiront d'une campagne européenne enlevée ou d'un championnat haletant jusqu'à la dernière journée. La Coupe du monde des clubs passera après. Elle mélangera ensuite fin de saison et préparation du nouvel exercice. Un casse-tête pour les staffs. «Ce calendrier est un désastre», affirme dans L'Equipe un dirigeant de club, sans savoir enfin si ses joueurs arboreront le maillot de cette saison, ou celui de la prochaine, sur lequel figurera de nouveaux partenaires. Un autre point qu'il faudra régler d'ici l'été 2025.