Situées en Micronésie entre Hawaï et la Papouasie-Nouvelle-Guinée, les îles Marshall, indépendantes vis-à-vis des Etats-Unis depuis 1990, ont une particularité: membres de l'ONU, elles ne sont pas reconnues par la FIFA, malgré des démarches entamées il y a longtemps.
Joueront-elles un jour les qualifications de la zone «Océanie»? Rien n'est moins sûr, car le temps commence à presser pour elles. Menacées par le réchauffement climatique et la montée des eaux, les Marshall pourraient être englouties d'ici quelques années, avant même de disputer un quelconque match officiel.
«Une catastrophe mondiale met en péril ce paradis du Pacifique», a lancé Antonio Guterres – secrétaire général de l'ONU – lors du Forum des îles du Pacifique tenu en août dernier, en présentant le dernier rapport sur l'état du climat dans la région établi par l'Organisation météorologique mondiale (OMM).
Face à cet avenir incertain, c'est désormais au tour de la fédération marshallaise de football (MISF) de se mobiliser pour attirer l'attention des décideurs politiques, sensibiliser le grand public et alerter sur l'urgence de la situation, un an après les appels en vain de Moriana Philip, représentante du pays à la COP28, apparue en larmes à l'occasion de la réunion plénière de clôture.
L'instance dirigeante a donc présenté en collaboration avec l'équipementier PlayerLayer le «No Home Jersey 2030». Il s'agit là d'un maillot unique en son genre, qui comporte des éléments de la culture locale, et est surtout déchiré en plusieurs endroits. C'est «une tenue qui disparait», comme pour symboliser la perte des terres progressivement englouties, «pour une équipe qui se bat pour être vue», note sur son site le fabricant.
Si la tunique officielle est mise en vente normalement, sans qu'elle ne présente aucune déchirure, la campagne de communication déployée autour du maillot a dévoilé un vêtement qui perd en matière au fil des publications et du temps qui passe sans la moindre action. Le flocage a également divulgué le chiffre «1.5» degré, en référence au seuil de réchauffement à ne pas dépasser, sous peine de voir un jour l'archipel se volatiliser.
L'avenir des Îles Marshall, dont l'altitude moyenne est estimée à deux mètres au-dessus du niveau de la mer, est peut-être déjà scellé. Mais qui sait, elles pourraient, grâce à cette campagne, disputer prochainement un match de football officiel, si la FIFA daigne les reconnaître avant que les eaux ne viennent recouvrir définitivement les terres.
(roc)